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Mi-avril

Mathilde


 J'étais assise au café, sur une banquette, et regardait par la fenêtre la rue qui s'activait en ce samedi matin. Je vis Alessio traverser la route en courant, puis bondir sur le trottoir. En me repérant, il me fit un grand sourire de son côté de la vitre. Je collai un doigt d'honneur contre le verre tiède. Il rit, ce con.

  En entrant dans le café, Alessio serra successivement la main de deux mecs assis à mon opposé et leur dit quelques mots. Non loin de là, un groupe de filles en profitait pour le dévorer du regard. J'en vis une passer la main dans ses longs cheveux tout en le fixant d'un air appréciateur.

« Salut » lança-t-elle à l'adresse d'Alessio.

Alessio lui fit un bref sourire en passant à leur côté.

« Mesdemoiselles » salua-t-il la tablée de sa jolie voix grave.

Gloussements, caquètements et coups de coude dans la basse cour. Je levai les yeux au ciel. Heureusement, Alessio ne fit pas mine de leur parler : il les dépassa sans ralentir.

« Coucou Mathilde, dit Alessio en arrivant finalement à mon niveau.

─ Tu es en retard, ronchonnai-je alors qu'il se penchait pour m'embrasser dans les cheveux. Déjà qu'on se voie jamais, en plus t'arrives avec vingt minutes de retard ? J'allais me barrer. Tu viens d'où, comme ça ? T'as un drôle d'air »

Il semblait content de lui, mais il arborait un gros bleu au niveau de la pommette droite. Je le regardai s'asseoir face à moi et piquer un morceau de mon muffin à la banane.

« Désolé pour le retard. J'étais... bah, au club, dit-il. Avec Jules.

─ Le club de quoi ?

─ ... de boxe. Un café, s'il vous plait, lança Alessio au serveur qui hocha la tête.

─ Ah oui, encore ce truc. Dis donc, y'en a un qui t'a pas raté, on dirait » commentai-je en désignant son bleu.

Alessio me fit un grand sourire.

« Mais naaaan, c'est moi qui l'ai pas raté. Je l'ai battu haut la main ! »

Ce disant, il tapota la poche de sa veste, l'air satisfait. Je baissai les yeux pour voir qu'un petit bout d'enveloppe en dépassait. Quoi ? De l'argent ?

« Attends, là. Vous avez parié du fric ? demandai-je, yeux plissés et méfiants, tandis que le serveur déposait son café devant Alessio.

─ Eh bien...», commença Alessio, l'air évasif.

Il avait visiblement gaffé, et semblait se traiter intérieurement de tous les noms parce que j'avais compris ça.

C'était quoi, cette histoire, encore ?

A cet instant, une créature blonde et éthérée, vêtue d'une robe à bretelles, s'approcha de notre table ; elle était auréolée d'un nuage de parfum et faisait partie des filles qui avaient salué Alessio lorsqu'il était entré dans le café, tout à l'heure.

Génial, une groupie !

« Salut chéri, susurra la fille avec un sourire en coin.

─ Salut, Quitterie » répondit Alessio d'un ton très neutre.

Elle l'observait comme s'il était seul au monde, alors qu'elle avait bien vu que j'étais assise avec lui.

« On te voit plus trop en soirée, mon beau, fit-elle remarquer en faisant la moue.

Le Solstice d'été (HB 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant