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Alessio


─ Salut ! lança la voix que j'aimais le plus au monde.

Paul et moi tournâmes la tête comme un seul homme.

─ Hey, Dani, ça fait longtemps, dit Paul, tout sourires, et il leva la main pour taper dans la sienne. T'as pas grandi du tout...

Dani rit à son commentaire espiègle.

─ Toi si, rétorqua Dani.

Elle s'approcha de mon tabouret, où j'étais juché, et me fit un sourire hésitant, yeux ancrés dans les miens. Elle portait une veste en velours vert, un col roulé et un jean. Nous nous sourîmes d'un air complice en réalisant que nous étions synchrones au niveau des vêtements : j'avais moi-même un col roulé noir et un jean, mais ma veste était en cuir. Je vis la chaîne argentée qui brillait contre le tissu noir de son pull et mon ventre se tordit délicieusement de voir qu'elle portait mon collier. Nerveusement, elle retira son bonnet à pompon.

Je lui souris et caressai son épaule.

─ Ca va Danette ? demandai-je avec douceur.

Elle hocha la tête, mais je voyais bien que ça n'allait pas fort. Ca me fit mal bien sûr ; sa souffrance était toujours la mienne.

Franchement, j'étais plutôt inquiet pour Dani. J'avais pensé à elle toute la journée au lieu d'écouter en cours. Je la savais capable de surmonter ses peurs, mais là, c'était moi qui avais peur qu'elle craque et retombe en dépression ou mettons recommence à se faire du mal comme à l'époque où elle se laissait cogner par ce fils de pute de Jose.

J'avais grand besoin qu'elle me rassure sur ce point.

─ Tu veux qu'on aille marcher un peu ? lui proposai-je, me disant que le bar n'était pas le meilleur endroit pour parler de ses problèmes.

Elle me fit un sourire reconnaissant et hocha la tête.

─ Bon, à plus, Polo, hein ? fis-je, et je me laissai glisser du tabouret avec un bruit sourd.

─ Ouais, on se voit à la fête ce soir. A toute Dani !

─ A toute Paul, répondit Dani.

Je lui ouvris la porte du bar et nous nous retrouvâmes dans la froide après-midi parisienne. La pluie venait de s'arrêter ; la lumière grise en provenance des nuages bas éclairait faiblement la rue. Les devantures des magasins se réverbéraient dans les flaques d'eau disséminées ça et là sur le trottoir.

Nous nous éloignâmes un peu du Kaziski Jolie, marchant dans un silence confortable. Nos mains s'effleurèrent, se caressèrent, se joignirent plus loin. Je mis la paume dans la poche de ma veste, entraînant celle de Dani avec moi, et caressai doucement son pouce avec le mien.

Elle ne dit rien, moi non plus.

Spontanément, nous prîmes la direction du parc des Tuileries, qui n'était pas très loin du bar. Arrivés là, Dani se percha sur le rebord d'un banc un peu isolé. Il y avait quelques personnes qui flânaient dans les allées, des imperméables sur le dos, armées de parapluies.

Dani se frotta les mains tout en observant les feuilles orangées d'un arbre tout proche. Elle portait des mitaines en dentelle noire, qui lui recouvraient les premières phalanges.

J'avais envie de la prendre dans mes bras mais je ne voulais pas interrompre le fil de ses pensées.

Finalement, elle leva les yeux vers moi et me fit un léger sourire.

Le Solstice d'été (HB 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant