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Daniela


Je revins à l'hôtel de Klaus Dieter le lendemain, et l'appelai à la même heure que la veille. Il accepta la communication, encore une fois, et me tint à peu près le même discours relou.

─ Descendez prendre ce café, dis-je d'un ton qui ressemblait bien plus à un ordre qu'à une invitation. J'ai des pains au chocolat, bordel. Je sais que vous adorez ça. Si vous descendez pas, je vais tout manger, je vous préviens.

─ Merci, mais non merci. Je suis occupé, et en plus, j'ai déjà pris mon petit-déjeuner, Mlle Soares.

─ Putain de merde, arrêtez de m'appeler comme ça, ça me déprime je vous dis même pas.

─ C'est pourtant votre nom, Mlle Soares. A moins que ce ne soit Mlle Casse-Burnes ?

Je pris sur moi pour garder mon calme tandis que l'agacement me picotait le nez.

─ S'il vous plaît Doc D. Je sais que vous avez plein de choses à faire, je... je veux juste vous parler. Deux minutes. Allez, cinq. Promis, je vous embêterai pas plus.

Je l'entendais presque réfléchir à l'autre bout de la ligne.

─ La réponse est non. Au revoir.

Il raccrocha de nouveau. Aaaargh mais quel goujat ! Hyper déçue, je gonflai mes joues et rendis le combiné à la réceptionniste, qui m'offrit un sourire contrit. Purée, il était tellement têtu ! Autant que moi, facile. Mais je l'avais mérité, je suppose.

Putain de merde.

Je restai là, adossée au comptoir de l'accueil, perdue dans mes pensées, à me caresser la mâchoire. Je cherchais un moyen de le convaincre. Et si je montais à sa chambre ? C'était aller un peu loin, mais sait-on jamais, hein ? Qui ne tente rien n'a rien.

Au moment où j'allais opter pour cette option, quelqu'un s'éclaircit discrètement la gorge juste là. Je levai vivement les yeux. Le Doc Dieter se tenait devant moi, rasé de près, vêtu d'une chemise noire et d'une veste de costume bleu canard. Toujours aussi charismatique. Je vis la réceptionniste le regarder avec intérêt.

─ Oh, bonjour, lui dis-je, le cœur battant.

Yes ! Putain, il était venu.

─ Bonjour.

Il ne s'attarda pas à me considérer et me fit signe de le suivre jusqu'au restaurant de l'hôtel.

Je savais que Dieter était renommé, mais cet hôtel le confirmait. Jamais je n'avais vu autant de luxe. J'étais impressionnée malgré moi. Nous nous assîmes à une table près de la fenêtre. On voyait le Louvre non loin. Je commandai un Mocha et il prit un Capuccino.

─ Comment allez-vous ? demandai-je nerveusement. Ca se passe, vos conférences ? Y'en a encore combien à faire ?

─ Un certain nombre. Ca se passe, comme tu dis. Je dois partir pour Berlin dans deux jours.

─ Ouais, je sais, j'ai vu votre programme...

─ Et toi, comment vas-tu, Daniela ?

Enfin, il me posait la question ! Je me mordis la lèvre inférieure.

─ Pas bien, reconnus-je.

─ Hm.

Nous nous affrontâmes du regard un instant.

Je craquai.

─ Je vous en prie, dis-je en me tortillant sur ma chaise. J'ai besoin de vous.

Klaus Dieter pinça les lèvres.

Le Solstice d'été (HB 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant