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Grégoire


Lorsque j'arrivai dans le couloir menant à la chambre de Chloé, je remarquai Alessio Clément adossé au mur près de la porte. Il avait la main devant les yeux, les épaules voûtées. Je ralentis le pas.

─ Hé, lui dis-je, et je lui donnai un léger coup au bras avec le bouquet de fleurs que j'avais acheté.

Il releva vivement la tête. Je vis qu'il avait pleuré. Je fis la grimace. Je ne le portais pas particulièrement dans mon cœur, mais je me doutais qu'il vivait quelque chose de pas très amusant. Chloé l'avait oublié... Elle se souvenait parfaitement de moi, en revanche.

─ Ca va ? demandai-je, un peu mal à l'aise de le trouver dans cet état.

─ Ouais, marmonna-t-il en fixant ses chaussures.

Il renifla, se passa la main sur le visage.

─ Ca s'est pas bien passé ?

─ Tu parles ! Une horreur.

Je fis une moue compatissante, l'observai. Il avait vraiment une dégaine de bellâtre : beaux cheveux, yeux bleus rêveurs, sourire à fossettes, sans parler de son allure élancée. Il avait le physique sec et nerveux d'un type qui faisait régulièrement du sport, pas de la gonflette. Il avait même un petit grain de beauté au-dessus de la lèvre supérieure. Il m'énervait juste à le regarder.

J'avais toujours trouvés exaspérants les garçons dans son genre, un peu voyous mais pas trop, qui plaisaient aux filles en un sourire et un clin d'œil. Ce n'était pas si facile pour moi. J'étais moins à l'aise avec les femmes, clairement timide, même si j'essayais d'arranger ça.

─ Est-ce que je peux te poser une question ? fis-je brutalement. Tu aimes Chloé, ou non ? Je n'arrive pas à savoir si tu l'aimes ou si tu aimes l'idée qu'elle t'aime.

Alessio me considéra d'un air surpris.

─ Pourquoi tu me demandes ça ?

─ Parce que j'aimerais savoir, dis-je en lui rendant son regard. Je sais qu'elle t'aime, elle.

─ Aimait, corrigea Alessio, puis il ricana.

─ Ca va lui revenir.

─ Ouais, ou pas, putain de merde.

─ Donc, à voir ta frustration, tu l'aimes.

─ Peut-être.

─ Peut-être, ce n'est pas assez. Tu dois être sûr.

─ Pourquoi tu me sors tout ce baratin, Grégoire ? On se connait même pas.

J'haussai les épaules.

Je connaissais la réponse à ma question, mais je voulais voir ce qu'il allait en dire. Je me souvenais très bien de l'accueil qu'il m'avait réservé quand j'étais passé chez lui en avril avec la bouteille de vin destinée à ses parents.

Son regard m'avait tout dit. J'avais tout de suite compris.

─ Ecoute, repris-je d'une voix ferme, Chloé est fragile en ce moment. Elle ne va pas bien. Elle n'a pas besoin que tu lui tournes autour sans savoir ce que tu veux.

─ Elle n'a pas non plus besoin d'un blaireau qui n'est pas fichu de la protéger en mon absence, persifla Alessio en me fixant.

Je secouai la tête d'un air affligé.

─ Ne me fais pas porter le chapeau. J'étais absent aussi.

─ T'as jamais cherché à te débarrasser de ce fils de pute de Camille.

Le Solstice d'été (HB 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant