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Le lendemain soir


Chloé


  Une fille blonde aux yeux bleus me regardait fixement, cintrée dans une petite robe violette. Je pris une profonde inspiration avant de rajuster le décolleté de ma robe, plus profond que d'habitude. La dentelle noire qui ornait mon soutien-gorge était apparente. J'espérais que ce n'était pas trop.

« Tu es super, il n'a aucune chance » me dit la fille à côté de moi, occupée à se laver les mains.

Je la remerciai d'un faible sourire. J'étais plutôt déprimée.

Je ramenai mes cheveux sur mon épaule gauche et sortis des WC de la boîte, direction le coin lounge, de l'autre côté de la piste de danse. J'avais Alessio en ligne de mire ; il était assis avec Antoine, Paul et Jules, en train de discuter avec eux. Des amis d'Emilie les avaient aussi rejoints. Certains fumaient le narguilé. Je vis Alessio prendre une gorgée de son verre ; puis Emilie la snowboardeuse l'approcha, glissa paresseusement les bras autour de son cou et se pencha pour lui chuchoter quelque chose à l'oreille. Il tourna la tête vers elle et fit la moue pour lui réclamer un baiser. Emilie pouffa de rire et se mit à l'embrasser.

Je sentis un énième nœud se former dans mon estomac.

Depuis qu'on avait skié tous ensemble, et que j'avais vu Alessio s'amuser avec Emilie sur les pistes, j'avais le ventre noué.

Je retournai m'asseoir à côté d'Antoine, qui me tendit mon verre.

« Allez, Chloé, un petit sourire ? »

Je me forçai à lui sourire alors que, non loin de là, Alessio et Emilie se faisaient des messes basses en échangeant des regards complices. Ils parlaient sans doute de snowboard, sujet que je ne maîtrisais pas. Je vidai mon verre cul sec.

« Ça va ? me demanda doucement Antoine.

─ Ça va, répondis-je d'une petite voix. Merci », ajoutai-je.

J'avais la mort dans l'âme. Entre temps, Emilie s'était assise sur ses genoux et passait la main dans ses cheveux tandis qu'Alessio fumait la chicha à l'abricot. Je me fis la réflexion que ses cheveux étaient de plus en plus longs, comme s'il avait sauté le rendez-vous chez le coiffeur. Il exhala la fumée et dit quelque chose à Paul qui fronça les sourcils.

Deux minutes plus tard, je vis Alessio se lever. Il tendit la main à Emilie. Celle-ci la prit et le suivit sur la piste.

Je les regardai danser une minute ou deux. Son bras autour de sa taille à elle, leurs corps enlacés, le sourire qu'il lui faisait. Jamais je ne m'étais sentie aussi seule ; pourtant j'étais entourée de gens, cernée par la musique qui résonnait à plein tube. Quand Emilie posa la tête contre l'épaule d'Alessio, je me levai à mon tour et pris la direction de la sortie, passant juste à côté d'eux.

J'étouffais. J'avais besoin de respirer.

« Excusez-moi... pardon... »

Je me frayai un chemin parmi les danseurs, juchée sur mes talons hauts. Des chaussures neuves en plus, qui m'avaient fait quelques ampoules. J'étais presque arrivée au niveau de la porte lorsque tout à coup, un type surgit devant moi et m'attrapa par le poignet :

« Hey, danse avec moi.

─ Heu... non merci » dis-je.

J'essayai de lui retirer mon bras, mais il me tenait fermement. Avant que je ne puisse me dégager, il m'attirait souplement à lui.

Le Solstice d'été (HB 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant