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début juin 

Daniela

Cette semaine-là, Klaus Dieter me bombarda de questions toutes plus dérangeantes les unes que les autres.

Cela me prit au dépourvu.

Il ne me laissa aucun répit ce jour-là. Je répondis à sa rafale de questions de mon mieux, moi qui haïssais ces trucs trop personnels, trop intimes, qui me mettaient à nu... avant de me taire. Il haussa la voix.

« Non, non, non, Daniela. Tu es encore en colère contre Rubén, et encore en colère contre Alessio.

─ C'est parce que je déteste Rubén ! criai-je. Je déteste Alessio ! Ils m'ont abandonnée, tous les deux.

─ Faux et faux. Tu les aimes l'un et l'autre, et évidemment, ils ne t'ont pas abandonnée. Tu sais, on n'abandonne pas un adulte.

─ Vous jouez sur les mots, Doc Dieter.

─ Non. Rubén est mort. Il n'y peut rien. Quant à Alessio, tu as toi-même admis lors d'une séance précédente qu'il n'avait pas le choix, au sujet de votre rupture. Tu comprends pourquoi il a fait ça. De fait, tu ne lui en veux pas réellement. Tu t'accroches juste à la colère pour éviter d'affronter la réalité de son absence dans ta vie. Comme tu l'as fait avec Rubén. Or c'est indispensable que tu affrontes ces deux évènements pour aller mieux, Daniela.

─ Ne vous inquiétez pas, persiflai-je. Je vous déteste, vous aussi. »

Le Doc sourit.

« Tout ça parce que tu sais que j'ai raison, hein ? C'est un compliment, alors. »

Je le fusillai du regard. Je n'aimais pas quand il avait raison... et il avait souvent raison.

« Allons, jeune fille.

─ OK, d'accord. Concernant Alessio, je lui en veux de moins en moins de m'avoir quittée. Je sais que c'était délicat pour lui. Je l'avais provoqué, etc. Je sais aussi qu'il souffre de ne pas savoir ce que je fabrique ici. Au début, ça me réconfortait qu'il soit dans l'ignorance, j'avais l'impression qu'il l'avait bien cherché, mais maintenant... je me rends compte que j'ai exagéré. C'était puéril. Voilà. Je l'ai même dit à mon père, l'autre jour. Vous êtes content ?

─ Et concernant Rubén ?

─ C'est toujours dur de lui pardonner d'être allé voir les types de ce cartel, reconnus-je, le cœur douloureux. Si seulement il m'avait écoutée, il serait sûrement encore dans le coin. Je lui en veux toujours.

─ Changeons de sujet. Depuis qu'Alessio t'a quittée, tu m'as dit que tu n'avais eu aucun rapport avec un homme, n'est-ce pas ?

─ Non. Aucun. Cinq mois de rien du tout.

─ C'est très bien, étant donné que tu utilises le sexe d'habitude pour fuir tes problèmes. Est-ce que tu as choisi un autre système de protection pour que cette bonne résolution dure dans le temps, comme nous en avions convenu par mail, au début ?

─ Oui, oui... J'écris dans mon carnet, ça m'aide un peu. J'ai repris le kick-boxing...

─ Hmm... Pour le kick-boxing, je pense que ça ne suffira pas. Ca te permet de te défouler, c'est vrai, mais quelque part, ça entretient aussi toute cette colère que tu ressens, et qui te rend agressive, je trouve.

─ Vous me trouvez agressive ? râlai-je aussitôt. Quel culot ! Je vous rappelle que vous m'avez jeté des trucs à la figure plus d'une fois. Alors, qui est agressif, hein, Doc ? ».

Il leva les yeux au ciel – un psy, lever les yeux au ciel ! J'étais indignée.

Il me répondit par une autre question.

Le Solstice d'été (HB 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant