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Chloé


Alessio m'a appelée lorsque j'étais au bar avec Léopoldine et Bérangère. Je suis inquiète. Sa voix n'est pas normale. J'ai sauté dans le premier taxi. J'arrive juste à côté de chez lui; je le vois, debout sur le trottoir. Il est tout pâle. Je descends de voiture. Il fait très froid, c'est l'hiver, c'est la nuit, et je frissonne dans ma petite robe en soie noire. J'ai à peine le temps de poser le pied par terre qu'Alessio m'enlace étroitement, me sert fort dans ses bras. Je manque perdre l'équilibre. Il enfouit le nez dans mes cheveux et inspire le parfum de mon shampooing à la vanille à fond. Et une fois encore.

Mon cœur s'arrête de battre. C'est trop, d'être contre lui, de sentir comme il tremble...

Alessio, mon Dieu Alessio, qu'est-ce qui se passe ? Tu pleures ? Oh Alessio...

Ca me brise le cœur de le voir comme ça. Je déteste cette fille ! Je déteste Daniela ! Les yeux embués de larmes, je le serre contre moi sans rien ajouter d'autre. Je veux juste le consoler comme je peux.

Nous restons debout sur ce trottoir glacé, tout enlacés pendant... je ne sais pas. Un certain temps. Alessio ne cesse de répéter « Ca ne marchera pas avec Dani, c'est fini, c'est fini » d'une voix brisée de larmes mais je le laisse dire, me contentant de le bercer en passant doucement la main dans ses beaux cheveux. Finalement, je me recule un peu et prend son visage entre mes mains.

Chut, Alessio, je dis. Je t'aime tellement. Je t'aime, t'entends ? Je te trouve... incroyable.

Alessio hoquète, il est surpris. Je sens qu'il n'est pas prêt à entendre ça, mais moi, je le suis. Je suis prête à le dire. Je ne peux plus attendre.

Chloé, attends..., commence-t-il d'un ton hésitant, mais je secoue vivement la tête.

Non. Toi, attends. Je t'en prie attends. Laisse-moi parler, pour te dire que... T'es adorable, et intéressant, et respectueux, comme garçon. On en croise pas si souvent des comme toi... Bon sang je supporte pas de te voir comme ça. Ca me fait tellement de mal. Je t'en prie, Alessio. Pense à toi. Pense à... moi.

J'ai besoin qu'il pense à moi. Je l'aime. Je veux juste le voir heureux. Je veux exister à ses yeux. Mais il est obnubilé par cette fille. Par Daniela. Elle a une emprise sur lui.

Tu comprends pas, sanglote-t-il en tirant sur une mèche de mes cheveux, éploré, et mon cœur se brise de nouveau de le voir si malheureux, à cause d'elle. Je peux pas. Moi c'est elle, elle c'est moi. Je suis accro à elle, c'est pire qu'une drogue, je l'ai dans la peau, je... jamais réussi à me lasser d'elle. Elle souffre et... je me laisse érafler par sa douleur parce qu'elle en a besoin. Je peux pas faire autrement. C'est comme ça c'est tout.

Chaque mot qu'il prononce à son sujet me coupe la respiration, l'amour qu'il lui porte me brise, mais je dois tenir bon. Il a besoin de moi. Ce n'est pas elle qui prendra soin de lui, visiblement.

Non Alessio, non ! Je t'en prie, ne dis pas ça... il faut que tu te protèges ! Il faut que tu le fasses pour toi-même. Il faut que tu penses à toi, un peu, et à ton bien-être. Tu dois te préserver. Est-ce que... est-ce que tu me fais confiance ?

Ma voix tremble, mais je suis récompensée car Alessio me regarde en faisant lentement « oui » de la tête.

Alors écoute-moi, je supplie en essuyant tendrement ses larmes du plat de la main. Je t'aime, Alessio, et j'ai besoin de voir ton sourire. Pas parce que nos parents se connaissent. Je t'aime simplement parce que t'es une personne bien. Je donnerais tellement pour que... pour que tu me voies, toi aussi. Je ferais tout pour te rendre heureux. Te voir heureux me rendrait heureuse aussi. Vraiment, vraiment, Alessio.

Le Solstice d'été (HB 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant