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Alessio

C'était une obsession, une dualité comme le jeu de la lumière et de l'obscurité.

L'obscurité, surtout. C'était étrange.

Etrange car je lui en voulais tant, et pourtant.

Pourtant dès que je l'avais vue, j'étais mort.

Mort, foudroyé par sa beauté.

Sa beauté et son sourire.

Son sourire qui me désarmait complètement.

***

Je le savais en montant dans cet avion, que six mois, ce n'était pas assez pour sortir Dani de mon système.

Peut-être même que six ans n'y suffiraient pas.

Mais j'étais un crétin arrogant et j'avais saisi l'occasion pour me tester... voir mes progrès. Voir où j'en étais.

Eh bien, j'avais vu. Je n'étais nulle part. J'avais tenu à peine une heure avant de me retrouver avec son doigt dans la bouche.

« Ben bravo à toi » me dis-je en sortant de la salle de bains.

Je regardais par la baie vitrée en terminant de remettre mes espadrilles. Le soleil commençait déjà à descendre sur la plage. Le jour se couchait tôt, par ici. Il n'était même pas 18 heures encore.

Il fallait que je fasse attention. Il fallait que je fasse attention à moi.

Sinon ça ne vaudrait pas le coup d'être venu jusqu'ici. Je voulais simplement qu'on parle un peu, et qu'on mette les choses à plat. Bien sûr voir où elle vivait, maintenant, aussi.

Sans plus. On ne pouvait pas avoir plus, et je ne voulais pas plus, de toute façon.

Je descendis dans le hall de l'hôtel en épinglant le badge que m'avait donné Paolina sur le tissu de mon t-shirt, et balayai les lieux du regard. Je repérai vite Dani, assise sur un canapé. Une émotion vive monta dans ma poitrine lorsque je l'observai. Elle regardait l'écran de son téléphone, l'air déterminé.

Le pire dans tout ça, c'est que j'étais très content d'être à Rio en sa compagnie. Je crois même que je n'avais pas été aussi heureux depuis un moment. Depuis... je ne sais pas. Dès que j'avais vu Dani, toute la peine de mon cœur avait disparu, soufflée par la joie d'être de nouveau près d'elle.

Tomas avait été super cool. Sacré Tomas ! On avait fait le voyage ensemble, ce qui avait rassuré mon père, quand il avait appris que j'allais partir pour Rio de Janeiro pratiquement du jour au lendemain. On s'était bien marré pendant ces 15 heures de vol. Son humour était pire que le mien, ce qui faisait qu'on s'entendait à merveille. On avait quand même dormi la moitié, facile.

Paolina m'avait réservé une place sur le même vol que son oncle, pour que je ne me retrouve pas seul. A sa façon de me donner du « baby » this « baby » that au téléphone, j'avais bien compris qu'elle me prenait effectivement pour un bébé... à moins que ce ne soit juste culturel. Je savais que les gens étaient moins coincés qu'en Europe, au Brésil. Elle était sympa en tout cas.

Je m'approchai de Dani, touchai doucement son épaule.

─ Oi, lui dis-je en souriant.

Ca la fit sourire aussi que je la salue à la brésilienne.

Elle se leva d'un bond, en triturant la lanière de son chapeau de cowgirl. Je vis à l'expression de son visage qu'elle avait retrouvé son calme.

Franchement, si j'avais su qu'elle n'était pas au courant de ma venue... Je ne savais pas si je devais être reconnaissant à Paol ou non.

─ Oi ! répondit Dani. Ca va ?

Le Solstice d'été (HB 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant