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(Deux semaines plus tard) Début mai


Alessio


« Alessio ! Cria maman dans les escaliers.

─ Ouaaais ?

─ Descends vite, chéri, les voilà.

─ Yup, j'arrive ! »

Je pris cependant le temps de finir le combat de Street Fighters avant d'éteindre la console et de poser ma manette dessus. Je sortis de ma chambre et dévalai les escaliers bruyamment, au moment où la porte d'entrée s'ouvrait sur les invités. En poste près de Maman, Papa se retenait de soupirer, je le voyais bien. Je me retins de rire.

Il n'aimait pas quand on recevait, surtout les Lurier. Il trouvait que ça demandait trop d'efforts, d'alimenter la conversation, de faire attention à la disposition des couverts, etc, etc. Moi, je m'en foutais. OK, ils étaient un peu plus aisés que nous, mais ça restait des êtres humains, non ?

« Bienvenue, dit Maman avec un grand sourire, et elle fit la bise à Laure Lurier, l'épouse du sénateur. Entrez, entrez.»

Papa serra la main du sénateur. C'était un homme de taille moyenne, qui fumait comme un pompier, riait fort et qui avait les mêmes yeux bleu myosotis que Chloé. Ou plutôt : Chloé avait les mêmes yeux bleu myosotis que lui. Laquelle Chloé arriva juste derrière ses parents. Je lui fis un signe de la main, tout content de la voir. Elle me sourit à peine.

« Eh bien dis donc, Alessio ! lança Mme Lurier. Te voilà bien, avec ce bras en écharpe !

─ C'est rien du tout, lui dis-je, et je me penchai pour lui faire un baise-main. Bonsoir. C'est un plaisir de vous revoir, madame. »

Elle gloussa lorsque mes lèvres touchèrent sa peau.

« Oh, depuis le temps, tu devrais m'appeler Laure, tu sais, Alessio...

─ D'accord, dis-je d'une voix taquine. Ce sera Laure... alors.

─ Hahaha ! Petit coquin. Le problème d'Alessio, c'est qu'il est trop charmant, dit-elle à l'intention de Maman, qui rit avec elle.

─ Il fait quand même des bêtises » commenta Maman en m'ébouriffant affectueusement les cheveux.

N'importe quoi. J'étais a-do-ra-ble !

« Comment ça va ? demandai-je à Chloé en lui souriant.

─ Ça va. Et toi ? »

Elle portait un jean noir très seyant et un chemisier bleu pâle qui se boutonnait dans le dos. Cette teinte soulignait le bleu de ses yeux, mettait les nuances dorées de ses cheveux blonds en valeur. Ce jour-là, elle les avait attachés en demi-queue. Je ne lui fis pas compliment de sa tenue, pourtant je pensai qu'elle lui allait vachement bien.

« Ça va bien » répondis-je.

Et c'était vrai. Je ne sais pas si s'était le fait d'avoir enfin tout dit à quelqu'un – en l'occurrence, à Mathilde- mais je me sentais un peu moins naze depuis.

Le sevrage commençait à faire effet. Enfin ! J'avais dû attendre cinq mois pour ça, le début de ma catharsis.

Puisque je ne pouvais ni aller me battre ni me distraire en draguant des filles, j'avais dû affronter la réalité des choses, et finalement, je pensais moins à ma Daniela que je ne l'aurais cru.

La journée, ça allait. Mais la nuit...

Toutes les nuits ou presque, elle me poursuivait jusque dans mes rêves, souriante et rieuse. La Dani de mes bons souvenirs.

Le Solstice d'été (HB 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant