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Lula

Je garai la Mustang dans un vrombissement félin, sortis du garage et traversai la pelouse fraîchement tondue du Palacio. Je croisai Vanessa sur les marches menant à l'entrée, un verre de blanc à la main.

─ Tu vas prendre cher, frangin, murmura-t-elle en s'adossant à la baie vitrée.

Je le savais. Ce n'était pas un scoop.

─ Il va te mettre ta misère. Il était déjà de mauvaise humeur ce matin, un accord qui a été rejeté par l'autre boîte. Heureuse de t'avoir connu, conclut-elle avec une moue navrée.

Elle me tapota le bras.

─ Où est mère ?

─ Ta mère est sortie avec Olivia faire des achats pour le bal des Débutantes.

Je pris une profonde inspiration et m'élançai dans les escaliers tapissés de rouge, direction ma chambre. J'étais dans mon bureau lorsque la porte s'ouvrit. Il n'y avait que mon père pour entrer sans frapper.

 Il arguait que le domaine était à lui et qu'il était maître chez lui.

─ Je te félicite, mon garçon, attaqua-t-il directement, le regard méprisant. On peut savoir ce qui t'a pris ?

─ L'environnement de travail ne me convenait plus, me contentai-je de répondre.

Si j'avais la faiblesse de parler d'une femme, il serait capable de me déshériter sur le champ.

─ Tu es un imbécile ! Un idiot ! Qu'est-ce que tu vas faire, maintenant ? Comment comptes-tu remporter les municipales sans cet atout ? C'était une de tes meilleures cartes par rapport aux autres concurrents !

─ Je trouverai un autre poste, mentis-je.

─ Ne me mens pas, mon garçon. Tu sais comme moi que dès le mois prochain tu devais te consacrer aux élections.

─ Qu'est-ce que ça peut faire si j'ai démissionné, alors ?

Les yeux gris de père étincelèrent, et je frémis. Il leva le bras pour me gifler, mais je le retins. Je n'avais plus douze ans. Nous nous affrontâmes du regard.

─ Maintiens la subvention de Guiomar, dit-il finalement en se dégageant. Je trouverai un moyen d'arranger ce merdier dans lequel tu t'es mis. Comme d'habitude. Tu me déçois.

─ Comme d'habitude, marmonnai-je.

─ Ne sois pas insolent.

─ Père, écoute. Je ne veux pas épouser Olivia. Je ne le ferai pas.

─ Tu feras ce pourquoi je t'ai éduqué, mon fils. Olivia est parfaite ! Une jeune fille bien sous tous rapports, qui comprend les choses, elle. Elle est belle, bien élevée, elle fera une épouse remarquable, te donnera de beaux héritiers. Tu vas avoir trente ans. C'est toi l'homme, arrête de te plaindre.

─ Je ne me plains pas, je veux juste d'autres choses, et...

─ Mon fils, dit Père avec un geste sec de la main signifiant " ça suffit ".

─ Je ne le ferai pas.

─ Je ne t'ai pas élevé pour être insubordonné, Luiz.

─ C'est pas toi qui m'a élevé, rétorquai-je tristement. C'est ton père, mon grand-père. Il était plus un père pour moi que tu ne l'as jamais été. Il me manque là où tu ne me manqueras jamais.

Père secoua la tête d'un air affligé, presque méprisant, et sans un mot, il quitta mon bureau, claquant la porte derrière-lui.

Je me remis à respirer. Je ne m'étais pas aperçu que j'avais retenu mon souffle pendant une bonne partie de notre échange.

J'allais envoyer un message à Cassio, lorsque je reçus un SMS. C'était Paol.

de Paola

Suis dehors, rejoins-moi STP

Le Solstice d'été (HB 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant