Le Solstice d'été (HB 2)

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Daniela

  Le sentiment de trahison qui me submergea lorsqu'il confirma me laissa bouche bée, pantelante comme si j'avais couru un kilomètre. Je reculai d'un pas.

─ Ah d'accord, murmurai-je, incrédule.

Et j'explosai, renversant d'un geste rageur la chaise de jardin à côté de moi. Elle tomba dans l'herbe avec un bruit sourd.

─ J'arrive pas à le croire ! criai-je. C'est un projet dans ta tête en fait. Tu viens jusqu'ici, tu mets ma vie en pagaille et en fait tu t'en fous de moi ! Tu veux pas de moi même si je vais mieux !

─ Pardon ? fit Alessio, les yeux étincelants. Je quoi ? Mais putain mais arrête de dire des conneries ! Je ne compte plus le nombre de fois où tu m'as brisé le cœur putain de merde. Comment tu peux dire que je me fous de toi ? J'ai jamais rien voulu d'autre que toi dans ma vie. Et tu vas mieux et j'en suis heureux, mais ça change rien au fait qu'on vit dans deux villes différentes.

─ Quand... C'est quand que tu vas lui demander ?

─ Je sais pas. Quand elle sera prête.

Trop, c'était trop, je ne pouvais pas gérer. Je lui tournai le dos, traversai la pelouse en marchant à grands pas. J'ouvris la porte vitrée comme une furie, si fort qu'elle rebondit contre le chambranle et glissa doucement vers moi de nouveau. Je passai dans le salon.

─ Daniela, attends, viens là.

Il me suivait. Je me jetai à corps perdu dans les escaliers et me précipitai dans ma chambre, fermai la porte mais il la rouvrit aussitôt, la bloquant avec son pied. Je reculai pour lui échapper, butai contre le bureau. J'avais le souffle court.

Alessio s'approcha de moi, lentement.

─ Tu te rends compte que t'es partie juste avant mon bac ? me chuchota-t-il. J'ai eu ma mention mais putain je pensais qu'à toi Dani... qu'à toi... toute la journée... j'étais furieux contre toi, tellement furieux. Peut-être même que je le suis encore.

Hypnotisée par le bleu de ses yeux, je restai immobile. On aurait dit un prédateur qui se glissait vers sa proie.

─ Et pourtant j'écrivais ton nom dans la marge de mes cahiers. Elles en étaient recouvertes. « Daniela ». Partout ton nom.

Il m'accula au bureau, posant une main de part et d'autre de mon corps tremblant.

─ Rien de ce que tu pourras dire ne changera le fait que tu t'es entiché de cette fille, gémis-je enfin.

Il se pencha sur moi. Je frémis lorsque sa bouche trouva ma gorge, sentant une chaleur agréable me parcourir.

─ T'es partie pour travailler ici, dit-il tout doucement. Tu sais même pas quand tu rentres, ni même si tu vas rentrer. Je ne savais pas qu'on se verrait pour la fête de la musique. Je ne savais pas du tout quand je te reverrais, même. On n'en a jamais parlé.

─ Moi non plus je savais pas que tu viendrais ici pour le concert.

─ Pourquoi t'es fâchée alors ? demanda-t-il en séchant du bout du pouce une larme sur ma joue. J'ai le droit de vivre d'autres expériences que toi, tu sais. Même si j'écrivais ton nom dans mes cahiers quand j'étais plus jeune.

Nos lèvres n'étaient plus qu'à quelques centimètres, son souffle me chatouillait.

─ Non, t'as pas le droit ! gémis-je, un peu désespérée, tout en sachant très bien qu'en fait, il avait parfaitement le droit. C'est toi et moi c'est tout. Oui ou non ?