Le Solstice d'été (HB 2)

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Daniela

A cet instant, le pas de son père s'était fait entendre dans le couloir et en une seconde, Alessio s'était écarté de moi.

Oh la vache !

─ Salut, les enfants ! Vous avez fini ?

─ Oui, ça fait un moment, lui avais-je répondu d'une voix mal assurée.

J'avais regardé Alessio. Il m'avait ignorée.

─ Je vous dérange pas longtemps, je cherche mon carnet à croquis.

Son père s'était mis à chercher dans les tiroirs du bureau en sifflotant.

─ Pourquoi t'es en colère comme ça ? avais-je murmuré, plus curieuse que contrariée.

─ Parce que t'es la plus jolie... non... la plus belle fille que j'ai jamais vue. Dommage que tu sois si casse-couilles. Vas-y, moque-toi.

Wow !

Je n'avais rien trouvé à dire. Je ne m'attendais pas à ça.

J'avais l'habitude qu'on me complimente. J'aimais bien ça, comme tout le monde. Mais ça me faisait rarement autant d'effet.

─ Tu restes bien dîner, Dani ? avait demandé Sylvain en me souriant. Il commence à être tard.

─ Heu..., avais-je bafouillé, incertaine tout à coup.

─ On va commander des pizzas.

J'avais de nouveau regardé Alessio. Il avait haussé les épaules. Finalement, j'avais confirmé.

─ D'accord. Merci, Sylvain.

─ Pas de quoi, plus on est de fous plus on rit.

Je ne riais pas du tout, à vrai dire. C'est à partir de là que j'avais commencé à me dire que je ferais mieux de me méfier d'Alessio, que je l'avais sous-estimé. Sous ses airs doux et innocents, il était plus dangereux pour moi que ce que j'avais bien voulu croire jusqu'ici.

Cet épisode était le seul d'ailleurs où Alessio avait franchi la limite si franchement. La fois suivante, quand je l'avais revu pour étudier de la Physique, il s'était conduit normalement, quoiqu'un peu distant. En revanche, passé le baiser d'Action ou Vérité lors de son année de Terminale, il m'avait fait clairement comprendre à plusieurs reprises qu'il voulait quelque chose. Plus de faux-semblants. Ca devenait compliqué à gérer pour moi. C'était censé ne rester qu'un jeu, du flirt sans importance... et voilà que c'était en passe de devenir hors contrôle.

Il avait fallu moins de temps que je ne l'avais pensé.

Dès le moment où il m'avait fait cette réflexion sur la tristesse dans mes yeux, j'avais su. Les gens capables de lire dans votre âme de cette façon, c'était soit on les aimait inconditionnellement, soit on les fuyait inconditionnellement.

Je n'avais fait ni l'un ni l'autre, et c'était la raison pour laquelle Alessio était mon talon d'Achille.

**

   J'étais toujours debout devant les portes ouvertes de ma penderie. Je me tournai vers Alessio, dans mes sous-vêtements parme. Il était assis en tailleur au bord de mon lit, sublime dans son t-shirt à manches longues blanc, parfaitement ajusté, et son jean délavé. Il regardait les photos enregistrées dans son appareil en tirant la moue. Le bleu ciel de son collier tissé ressortait clairement contre le tissu de son T-shirt. Je le voyais supprimer certains clichés.