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Alessio

Septembre

Fin août, à ma grande surprise, mon université rejeta mon inscription en Master.

Etant donné que j'avais 15 de moyenne, je sus qu'il y avait anguille sous roche, voire éléphant sous caillou. Je compris aussitôt d'où ça venait : Camille, qui avait le bras long, avait certainement fait jouer ses relations avant de quitter Paris afin de me causer des problèmes.

Ca ne m'affecta pas vraiment. Mon choix numéro 2, qui était en réalité mon choix numéro 1, une grande école de graphisme, m'envoya le soir même un mail de félicitations. Le cœur battant, je le relus deux fois. J'avais tenté ma chance, en joignant à mon portfolio l'affiche que j'avais dessinée pour le concert organisé par Guiomar. Ca avait fait mouche.

Le plus difficile resta d'expliquer à ma mère pourquoi je changeai de cursus subitement.

─ L'économie, Alessio, c'est quand même plus sûr...

─ Tu crois pas en mon talent, c'est ça ?

─ Si, j'y crois. Je te dis juste qu'à la fin, quand il faut payer ses factures, un Master d'économie me semble plus fiable.

─ Maman, j'adore l'éco, mais là, c'est une super opportunité. Je ne peux pas la refuser. Tu comprends ? Toute façon un Master c'est un Master, et j'ai vraiment envie de faire celui-là, alors...

─ Laisse-le, Sophie, était intervenu Papa. On a toujours eu deux artistes dans la famille ! J'aurais adoré faire ce genre d'études, moi.

Elle avait roulé des yeux en finissant son verre de vin. Papa m'avait fait un clin d'œil. Heureusement qu'il me soutenait toujours !

En septembre, je me rendis au secrétariat de l'uni et croisai Chloé qui en sortait. Elle ne m'avait pas vu, marchait sans regarder où elle allait, le visage dans ce qui semblait être son nouvel emploi du temps.

Je me glissai derrière elle et lui tapotait l'épaule. Relevant la tête, elle se retrouva nez à nez avec moi. Littéralement : j'étais penchée sur elle, et comme je me tenais dans mon dos, elle devait beaucoup incliner la tête en arrière pour pouvoir me regarder. Même à l'envers, elle vit parfaitement mon sourire.

Avant de pouvoir m'en empêché, j'effleurai son nez avec le mien. Elle parut surprise, forcément. Mince.

─ Salut toi ! bafouillai-je.

Je me redressai en rougissant comme un gamin. Chloé me fit face, l'air heureuse de me voir.

─ Salut, Alessio. Ca fait un bail, dis donc.

─ Ca fait un bail, confirmai-je.

Ca faisait deux mois, depuis que j'étais allé la voir à Sienne.

Je la détaillai. Elle était vraiment mignonne, sexy sans même s'en apercevoir. Elle portait une robe rouge ceinturée à la taille qui révélait ses longues jambes et ses cheveux très blonds cascadaient joliment sur ses épaules. Pas dans son dos.

─ Oh, tu t'es coupé les cheveux ? fis-je, surpris, et j'avançai machinalement la main pour les toucher.

Elle n'eut pas de mouvement de recul, parut simplement étonnée par mon geste. J'enroulai une mèche autour de mon doigt.

─ Oui, en Italie.

Elle savait, avant, que j'aimais les cheveux longs. Elle m'avait même avoué une fois les avoir laissés pousser pour me plaire. Le fait qu'elle les ait coupés me fit bizarre, comme une forme de trahison. Ca lui allait très bien du reste, la coupe plus courte mettait son visage en valeur. Et quel joli visage...

Le Solstice d'été (HB 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant