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Akihiro Sadai

(Président de Guiomar)


Lorsque j'entrai dans le café ce soir-là, il était déjà là, assis au bar, en jean et t-shirt bordeaux.

Je reconnus la griffe de Prada.

Toujours élégant dans sa simplicité.

Je tendis la main vers Luiz de Neruda et nous échangeâmes une solide poignée de mains, suivie d'une accolade, en souvenir du bon vieux temps.

Il me fit un grand sourire tout en me fixant de ses yeux verts.

─ Content de te revoir, me dit-il dans son anglais à l'accent résolument Londonien. T'as bonne mine, Aki.

─ Content de te revoir également, mon pote, dis-je en m'asseyant sur un tabouret à sa gauche. Comment va ce bon vieux Sidnei ? Toujours aussi colérique ?

Luiz eut un ricanement.

─ Très bien, pour le moment, mais ça ne va pas durer, quand il saura ce que je prépare.

─ T'as raison de le faire, je pense. Je ne n'oserais jamais, mais je te soutiens.

─ Toi et moi on est différent. Les valeurs des vieilles familles japonaises sont aussi lourdes que celles des brésiliennes. Si tous les gens du milieu faisaient la même chose, il n'y aurait plus de milieu. Dis-moi comment ça s'est passé avec Daniela ?

─ Très bien, répondis-je avec un sourire. On s'est vu il y a deux jours, dans ce café d'ailleurs. On a parlé un moment. J'ai tout signé, comme tu voulais.

─ Tu prendras soin de Guiomar jusqu'à ce qu'elle puisse la récupérer, hein ? C'est la prunelle de ses yeux. Je lui ai fait très mal en demandant sa démission. Je m'en veux tellement, j'avais pas le choix.

─ Bien sûr que j'en prendrai soin. L'asso ne manquera de rien. Je te l'ai promis, non ? Je lui ai aussi expliqué, pour Hatsu. Mlle Soares a compris que ça ne me dérange pas, une présidence momentanée. Bref, tout roule.

─ Merci, dit-il avec reconnaissance. C'est important pour moi.

─ Bah. C'est normal. Je ne fais que te retourner la faveur que tu m'as faite y'a des années, hein.

Lula me fit un sourire reconnaissant.

─ Daniela, c'est une fille bien. Je ne veux surtout pas que mes problèmes avec Sidnei l'éclaboussent.

─ Ne t'inquiète pas. Dès qu'elle m'a appelé la semaine dernière pour me soumettre son idée, je l'ai rassurée. Tu m'avais prévenu qu'elle appellerait, de toute façon.

─ Je savais que si je menaçais de prendre son association, elle la donnerait au second investisseur, c'est-à-dire toi. C'était la seule chose à faire de toute manière. Et je préfère que ce soit toi qui finance Guiomar à ma place. Je te fais confiance, et je ne peux plus le faire.

─ C'est sûr que ça représentait une somme importante, tous les mois, et si t'y as plus accès..., fis-je songeusement.

Lula eut une moue équivoque, termina son café et posa la tasse sur la soucoupe.

─ Comment s'est passé votre rendez-vous ?

─ Oh, elle était contente ta chérie, dis-je en sortant une cigarette de la poche intérieure de mon blazer Burberry, et elle ne se doute de rien, t'inquiète pas. On était assis juste là, d'ailleurs, ajoutai-je en désignant du menton une banquette près de la fenêtre. On a bien rigolé. Après tu sais... être directeur de son association ne fera pas une grande différence concernant mes affaires ici. Je lui ai rappelé qu'elle aurait carte blanche pour tous ses projets.

Le Solstice d'été (HB 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant