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Fin février


???


Encore vingt minutes à tirer, et j'aurais terminé.

Sortant des cuisines, je m'avançai dans la salle, calepin à la main, pour aller prendre la commande de la table trois. Le restaurant était quasi plein pour le dernier service du petit-déjeuner et très agité. Je croisai Madeleine qui revenait vers les cuisines, les bras chargés de plateaux sales. D'autres clients se présentaient déjà à l'entrée.

Je dois avouer que la satisfaction m'envahit de voir le quatuor arrivé la veille installé là, près des fenêtres. J'étais à la réception de l'hôtel lorsque ces mecs étaient venus faire leur check-in, et j'avais flashé, c'était le moins qu'on puisse dire, sur l'un d'eux : un type élancé aux yeux bleus avec un sourire à tomber par terre. J'avais été très contente de voir qu'il n'y avait aucune femme parmi eux.

Juste quatre potes. J'avais estimé qu'ils devaient avoir à peu près mon âge, moins de vingt-cinq ans en tout cas.

« Bonjour. Qu'est-ce que je vous sers ? » demandai-je en fixant le beau gosse aux yeux bleus.

J'appuyai sur l'extrémité de mon stylo pour en faire sortir la pointe. Il me sourit avec malice.

« Un café pour moi, s'te plaît, Emilie. »

Oh. C'était bien agréable d'entendre mon prénom dans sa bouche. Surtout cette façon un peu traînante qu'il avait de dire le « lie » de « Emilie »... sexy.

« Hé, attends, là ? fit son voisin, l'air surpris. Comment tu sais qu'elle s'appelle Emilie, d'abord ?

─ Il sait lire, commentai-je, taquine, en désignant mon badge nominatif épinglé sur ma poitrine.

─ Et toi, tu sais lire, Jules ? » demanda le beau gosse en donnant un coup de coude à son copain.

Il l'observait d'un air taquin. Ce dernier leva les yeux au ciel et ouvrit le menu.

« Quoi d'autre à part un café ? » demandai-je à la ronde.

Le gaillard le plus large d'entre eux se manifesta :

« Ouais, salut, alors mettez deux cafés, un jus d'orange, des œufs brouillés, du pain perdu, des pancakes...

─ Tu manges vraiment trop, Paul, commenta le gars à lunettes tandis que j'écrivais frénétiquement sur mon calepin.

─ Ça va, Antoine, commence pas, hein ? J'ai le droit d'avoir faim, non ? Le sport, ça creuse.

─ On a même pas encore commencé, on sort du lit ! »

Le dénommé Antoine passa sa commande ensuite. Jules se mêla de leur conversation. Pendant qu'ils se chamaillaient tous, à aucun moment je n'avais cessé de mater le type aux yeux bleus.

« Mignonne, entendis-je le gaillard commenter – Paul - alors que je me dirigeais vers la table six.

─ Laisse tomber, Polo, elle est clairement sur Alessio, hein... toute façon hier soir t'es reparti de l'Orange Star avec combien de numéros ?

─ Aucun.

─ C'est ce que je dis. T'es vraiment pas doué. »

Ils rirent, le grand Paul riant encore plus fort que les autres.

Lorsque je jetai un coup d'œil par dessus mon épaule, mon regard croisa une nouvelle fois celui du mec.

Oh, il me regardait m'éloigner ! Je souris et accentuai mon déhanché pour qu'au moins, ça en vaille la peine.

Alessio, c'est ça ? Très joli prénom.

Le Solstice d'été (HB 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant