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Lula


Dani avait à peine répondu à mes messages durant la journée.

Je l'appelai en sortant du travail.

─ Oi, bebe. Comment s'est passée ta journée ?

─ Le boulot, ça va... et toi ?

─ Très bien. On va au restaurant ce soir ? Je passe te chercher ?

─ Lul, sérieux, arrête, soupira Dani. Je t'ai déjà dit ce matin que je voulais être tranquille.

C'était vrai, elle me l'avait dit, mais elle voulait être tranquille un peu trop souvent en ce moment et elle me manquait. Pourtant, je savais que lorsqu'elle était comme ça, il fallait lui donner de l'espace. Beaucoup d'espace. C'était la règle tacite entre nous, et j'étais en train de la briser, parce que j'en avais marre.

J'avais une copine, mais je n'en avais pas tellement l'impression, dernièrement.

Ca me gonflait.

Qu'elle ait des soucis, c'était normal, on en avait tous. Mais qu'elle m'en parle... davantage, m'aiderait sans doute. Dani était si secrète ! Si taciturne ! Elle parlait peu, et il fallait parfois aller jusqu'à lui tirer les vers du nez.

Parfois, je n'avais pas cette patience.

─ OK, je te vois demain, dis-je un peu abruptement.

Quand je lui disais ça, ça signifiait une folle nuit dehors avec Cassio, ce qu'elle savait très bien, ce qu'elle détestait.

─ Comme tu veux. Amuse-toi bien avec Cassio. Salut.

Je ne la supportais pas quand elle était comme ça, froide, détachée, centrée sur elle-même et ses difficultés. Je préférais encore quand elle se montrait jalouse. Au moins, j'avais l'impression qu'elle se préoccupait de moi.

Je raccrochai avec humeur. Moins d'une minute plus tard, Magdalena m'appela.

─ Hé, beau gosse. On se le prend, ce verre, ou quoi ? J'en peux plus d'attendre.

─ Tu es où ? répliquai-je, pas contre l'idée.

─ Copacabana.

─ Bouge pas, querida, j'arrive.


**


En arrivant au café où m'attendait Magda, je m'excusai auprès d'elle

Je vis l'éclat de la déception dans ses beaux yeux bleus, mais ça ne m'arrêta pas.

Je fis demi-tour.

En sortant sur le trottoir, Dani parut surprise de me voir là, adossé au mur de Guiomar, comme le jour de notre rencontre d'ailleurs. Elle portait une robe kaki, dont la jupe à volants descendait jusqu'à ses genoux. Elle avait attaché ses boucles en chignon.

─ Qu'est-ce que tu fais là ? me lança-t-elle en se mettant à marcher.

Le bruit du talon de ses mules résonnant sur le trottoir m'irrita autant qu'il m'attira.

Ca avait assez duré, ces conneries. Je lui barrai la route.

─ Je voudrais qu'on parle, toi et moi. Tu es d'accord ?

Elle me considéra une seconde, avant d'hocher la tête.

Bien, bon début.

Je lui ouvris la portière de ma voiture, ma bonne vieille mustang noire. J'avais vendu toutes mes voitures en quittant mon père, et n'avait gardé que celle-ci, ma préférée. Dani s'installa en ramenant sa jupe sur ses cuisses.

Le Solstice d'été (HB 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant