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Alessio


Dehors, sur le trottoir, il y avait toujours la queue, pour entrer dans la boîte.

Tash et moi contournâmes le bâtiment. Quelques autres personnes se trouvaient là, à discuter et à fumer, certaines adossées au mur, d'autres assises sur le sol. L'air doux du soir me fit du bien.

Tash n'était pas content. Je l'avais rarement vu aussi remonté.

─ Qu'est-ce qui t'a pris, sérieusement ? me lança-t-il avec exaspération. T'es devenu fou ?

─ Dani, dis-je simplement, misérable.

Tash ne fit aucun commentaire, et je me sentis très mal. Ben bravo, Alessio.

Mon cœur battait encore de l'avoir vue embrasser ce mec comme ça, comme si ce n'était rien. Ca faisait horriblement mal, tu parles !

─ T'es différent depuis qu'elle est là, dit Tash en sortant une cigarette, le ton plus calme. On aurait dit que t'allais tuer ce mec.

J'haussai les épaules et finis de me nettoyer le nez avec le mouchoir donné par une fille croisée dehors.

─ J'allais le faire. C'est le problème, je n'arrive pas à tempérer quand elle est dans le coin.

─ C'est un problème.

─ Ben oui. C'est horrible.

Je détestais ça. Je me détestais quand j'étais comme ça. Je ne me reconnaissais pas. Ca ne me plaisait pas. C'était comme si Dani faisait ressortir le pire chez moi.

─ Ouais, t'es beaucoup plus nerveux. Moins patient. L'agneau se transforme en loup.

Je ne répondis pas. J'en avais bien conscience de toute manière. Le Monstre de ma jalousie avait brisé sa cage. Des mois d'efforts réduits à néant. J'avais arrêté de me battre pour un oui ou pour un non à cause de Dani. Et voilà qu'en une seule soirée...

Soupirant, je pris le verre de Tash posé sur le rebord du mur et le vidai d'un coup d'un seul. L'alcool me brûla la gorge.

─ Et puis, fais attention à toi, dit Tash en me regardant dans les yeux. Ca ne parait pas très sain, tout ça.

─ Ouais. Mais je l'aime, c'est... t'as pas idée.

─ Pourquoi tu l'aimes à ce point ?

─ Je sais pas, Tash. C'est juste comme ça. C'est plus fort que moi... elle m'attire comme un aimant, c'est tout. Je saurais pas t'expliquer.

Nous nous regardâmes. Etait-ce parce que nous parlions dans un lieu plus calme, moins bondé et bruyant et que ça créait une bulle d'intimité, ou parce qu'il s'agissait de Tash, en qui j'avais toute confiance ? Mais je ne fis rien pour éviter la discussion avec lui.

─ Alessio..., commença Tash.

─ Oui.

─ Je pense que tu n'aimes pas seulement Dani.

─ Ah.

─ Tu éprouves une obsession pour elle... ou une fascination, peut-être. Tu crois pas ?

─ Peut-être bien, ouais.

─ Tu connais la définition du mot « fascination », Alessio ? Genre, la définition exacte ? (Il sortit son téléphone). « attrait irrésistible et paralysant ». Le mot passion, c'est pas mieux. « amour intense assez puissant pour dominer l'esprit ».

─ Ce ne sont que des mots, Tash...

─ Des mots qui m'ont l'air d'illustrer parfaitement ton cas, trancha Tash qui n'avait pas envie de tourner autour du pot. En fait, je dirais même que tu es dépendant d'elle. Si elle est contente, tu es content, si elle n'est pas contente, tu n'es pas content. J'ai tort ou pas ?

Le Solstice d'été (HB 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant