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Daniela


Avril 2019


Une semaine après mon retour de Tokyo, un orage éclata à Rio de Janeiro.

Je regardais la pluie marteler les vitres de Guiomar, pensive.

L'ambiance était pesante. Fabio, Alejandro, Nicole et moi attendions Lula. C'était aujourd'hui qu'il devait venir réclamer la présidence, comme il l'avait annoncé quinze jours auparavant.

Soudain, nous entendîmes la porte en bas s'ouvrir, et plusieurs pas lourds, masculins, dans les escaliers. Je pris une inspiration... et haussai les sourcils en voyant Sidnei de Neruda surgir dans l'open-space, accompagné d'un domestique armé d'un gigantesque parapluie. Malgré la pluie qui sévissait dehors, il était parfaitement sec.

Sa fille Vanessa l'accompagnait, l'air maussade comme à son habitude, cinglée dans un tailleur blanc Dior qui devait valoir son prix.

─ Bonjour, lança-t-il froidement.

Côté Guiomar, personne ne répondit.

─ Où est mon fils ? enchaîna Sidnei de Neruda.

─ Comment ça ? fit Fabio.

─ Luiz. Où est-il ? Il a bien demandé la présidence de cette association il y a deux semaines ? N'est-ce pas aujourd'hui que vous deviez signer l'échange ?

─ Si, fis-je, haussant les épaules. On l'attend.

─ Il n'est pas là ?! Il ne s'est pas présenté ?!

─ Non. Pas encore.

Sidnei consulta impatiemment l'heure à sa montre hors de prix.

─ Tu vois, Papa, je te l'avais dit ! lança Vanessa en levant les yeux au ciel, et elle posa sa main gantée de blanc sur le bras de son père. Lula est parti.

─ J'aurais dû t'écouter, marmonna-t-il, mâchoire contractée, lèvres serrées.

Ses lèvres étaient si serrées qu'elles étaient réduites à un pli mince.

Je n'y comprenais rien.

─ Heu, est-ce que quelqu'un pourrait nous expliquer ce qui se passe ?

─ Mon fils renonce à prendre votre présidence, persifla Sidnei, mortifié. Eh bien, c'est tant pis pour lui. Il sait quelles sont les conséquences de ce geste ridicule.

J'écarquillai les yeux, le cœur battant la chamade. Je le savais. Je savais qu'il ne me ferait pas ça ! Pas Lula.

Je le savais je le savais je le savais je le savais je le savais je le savais...

Vanessa me fixait, l'air indéchiffrable.

─ C'est à cause de cette fille, sans doute, dit-elle.

Sidnei me toisa à son tour. Je soutins son regard.

─ Tant mieux pour vous, ajouta Sidnei d'un ton cassant. Sachez cependant qu'il n'y aura plus de subventions de notre famille pour votre association, même si Luiz n'est pas allé jusqu'au bout de sa demande. Bonne continuation.

Il nous fit un hochement de tête, secoua la tête d'un air affligé et s'en fut, son domestique sur les talons. Fabio et moi échangeâmes un regard étonné. A cet instant, Vanessa m'interpella.

─ Daniela !

Je la considérai avec méfiance.

─ Heu, ouais ?

Le Solstice d'été (HB 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant