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Daniela


La semaine s'écoula lentement, lentement.

Je n'avais pas le moral, mais je faisais comme si, ce qui ne dupait absolument personne.

Paol n'était pas là, partie à Salvador chez ses parents. Lula me battait froid. C'était de bonne guerre. Je l'avais mérité. Je regrettais d'avoir tenté de reprendre les choses là où nous les avions laissées, dans la salle des copies. Paol aurait pété les plombs si elle l'avait su. Putain, Paol... Je n'avais même pas pensé à elle, pas une seconde.

Merde.

Je savais ce qui m'arrivait. L'ancien moi refaisait surface, réclamait son dû. Des mois que je l'avais enfermée dans un placard.

Alessio était parti, certes. Mais cette conversation sur la nécessité de passer à autre chose... J'avais trop mal pour réussir à la retenir, à retenir l'ancienne Dani.

Je n'étais plus arrimée à quoi que ce soit.

Surtout quand je voyais Lula, et surtout quand je sentais à quel point il était distant avec moi. Lula me manquait.

Ses sourires, sa façon de m'appeler « bebe ». Sa chaleur. Alessio était parti. Mes espoirs semblaient être partis avec lui. J'avais l'impression que je n'allais jamais y arriver, jamais m'en sortir. J'avais besoin de Lula pour me maintenir à flots. Je ne m'étais pas rendu compte à quel point sa présence solaire m'avait aidée à aller mieux depuis le mois de décembre, à supporter... tout ce qu'il me restait à supporter.

Je n'en voulais pas tant à Alessio de désirer autre chose. J'en voulais beaucoup plus à moi-même de ne pas désirer quelqu'un d'autre que lui. Pour de vrai, je veux dire. Pour faire ma vie.

Je n'arrivais pas à me raccrocher à quelque chose. Il me fallait quelque chose. Enfin, l'ancienne Dani voulait quelque chose. Un homme, un projet, n'importe quoi... n'importe quoi pour tenir bon.

Je luttais de toutes mes forces contre l'appel des bars et des boîtes de nuit. De toutes mes forces. C'était de plus en plus difficile d'y résister.


**


Le samedi à la plage, Léti me dit que le voyage à Brasilia de son mari avait été repoussé pour la semaine suivante. Je m'en réjouis. J'en profitai pour jouer avec Oscar et Lina, comme d'habitude.

─ Tu peux venir mercredi m'aider avec les valises ? me demanda Léti en appliquant de la crème solaire sur le dos et les épaules de Lina. Duarte rentrera très tard, il a un poker avec ses amis.

─ Oui, pas de problème, dis-je.

Le mercredi venu, je terminai tôt à Guiomar. Lula s'était absenté toute la journée pour raison personnelle. Je n'avais pas osé lui envoyer de message pour en savoir plus. Il n'avait pas envie de me parler de toute façon.

Putain.

J'allai chercher Léti à son travail. J'étais déjà venue une fois ou deux. Elle était serveuse dans un restaurant très renommé en plein centre ville. Lorsque j'arrivai, entrant par les cuisines, je repérai Léti.

Elle était là, en robe courte noire, les cheveux noués en chignon banane. Elle avait l'air très élégant et très stressé.

─ Salut, me lança-t-elle. Je suis désolée, je ne vais pas pouvoir partir maintenant, je suis débordée... ma collègue est retenue chez elle, on a personne sous la main pour la remplacer...

Le Solstice d'été (HB 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant