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Alessio


Août


(Lac de La Terrasse)


On faisait griller des trucs sur le feu de camp, près du lac, tandis que les étoiles s'allumaient les unes après les autres dans le ciel nocturne.

Jules et moi étions seuls. Les autres montaient le camp en riant un peu plus loin.

Jules était au téléphone avec Soraya.

─ Ouais ouais, râlait-il d'un air bougon. OK... putain, t'es reloue !

Je lui décochai un regard amusé, tout en retournant ma brochette improvisée dans le feu. Jules pesta une dernière fois dans le combiné avant de raccrocher, l'air agacé.

─ Hm, de l'eau dans le gaz, Julou ? l'interrogeai-je.

─ Ben ouais. Elle est chiante. Elle veut pas ramener notre tente, faut que ce soit moi qui aille la chercher, nia nia nia, alors qu'elle est dans le putain de chalet et moi ici à quinze minutes de marche !

J'hésitai un instant.

─ Dis-moi Jules, Soraya... elle t'a déjà tapé dessus, quand elle est énervée ?

Jules me regarda avec de grands yeux.

─ Non, jamais. Elle a pas intérêt d'ailleurs !

─ Même pas une petite baffe ?

─ Si, une fois, mais je lui avais dit de la merde, aussi. J'avais insulté sa sœur. C'est une vraie connasse, elle me déteste, elle arrête de pas de dire à Soraya de me jeter, de prendre un Marocain comme elle. Bref. Pourquoi tu me demandes ça ? Me dis pas que la petite Chloé... si mignonne... avec ses petits bras...

─ Non, pas Chloé... !

Il comprit aussitôt.

Dani ?! fit-il d'un ton incrédule. Tu veux dire que Dani te passe à tabac ? Ah merde, Alessio. Mais elle est minuscule. Elle fait quoi, quarante-cinq kilos ? C'est un moustique. Accepte pas ça, mec ! Tu t'en fous, tu la maîtrises en deux-deux, et voilà.

─ Ben oui, je sens rien, enfin...

Je mentais à moitié. Bien sûr elle ne me faisait pas vraiment mal, physiquement, mais psychologiquement... c'était déjà autre chose.

─ Chais pas, dis-je en observant pensivement ma branche piquée de marshmallows, c'est plus le geste en fait. Dani est incapable d'ouvrir une bouteille de Coca toute seule, c'est pas elle qui va me mettre des bleus. C'est le principe qui me gêne. Le fait qu'elle se permette de le faire, qu'elle veuille me faire mal, aussi.

─ Putain mais Alessio, c'est chaud, quand même. D'abord comment ça se fait qu'elle te frappe ? Ca arrive souvent ?

─ De temps en temps... quand on se dispute un peu fort, elle s'énerve vraiment, et ça peut arriver. Mais bon, je m'emporte aussi, hein. Tu sais j'ai horreur de crier, mais avec elle ça m'arrive plus souvent que ce que je voudrais.

─ Hou là hou là hou là, mec, attends un peu là. Ne lui cherche pas d'excuses. Crier c'est une chose, frapper c'en est une autre, non ? Ca s'est passé à Rio, c'est ça ?

J'hochai la tête. Jules réfléchissait.

─ Pourquoi elle s'est énervée ? Qu'est-ce que t'as fait toi aussi ducon ?

─ Chloé, dis-je simplement.

Jules leva les yeux au ciel.

─ T'abuses...

Le Solstice d'été (HB 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant