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Daniela


  Après quelques autres tonneaux, des boucles et d'autres vrilles, Lula mit le cap vers l'aérodrome et amorça un atterrissage d'une douceur qui força mon admiration. Le planeur rebondit, tressauta, avant de filer à toute vitesse sur la piste. Il ralentit progressivement avant de s'immobiliser, basculant sur son aile de droite. Ni une ni deux, je débouclai ma ceinture, escaladai mon siège et sautai en riant au cou de Lula qui se mit à protester.

« Hé là, doucement, tu pèses une tonne !

─ Merci, c'était hallucinant », dis-je, collant mon nez contre le sien.

Lula rougit légèrement, et je m'entendis pouffer de rire. Je le troublais si facilement.

« Content de te voir contente, dit-il en détachant sa propre ceinture. On va dîner, maintenant ?

─ Où ?

─ C'est une surprise.

─ Encore ?

─ Faut croire.

─ Tu me gâtes ! »

  Sa surprise nécessitait un changement d'avion, aussi laissâmes-nous le planeur pour lui favoriser un petit jet rouge et blanc qu'il pilota avec la même aisance, alors que le soleil finissait de se coucher. Tout d'abord, il avait tiré une chemise propre d'un placard et s'était changé fissa. Ensuite, il m'avait tendu un casque.

Je l'observais alors qu'il m'expliquait patiemment le rôle de chaque cadran et instrument.

« Tu pilotes depuis longtemps ? demandai-je, curieuse. Ca se voit que tu adores ça. Ca, et ton bateau... »

Il sourit.

« J'ai commencé à quatorze ans. Ca fait donc la moitié de ma vie.

─ Cet avion, c'est le tien, aussi ?

─ Oui. Je l'ai acheté avec mon premier emploi, après quatre ans d'économies ! Il s'appelle le Phantomstorm. Par contre le Radiant était un cadeau de mon grand-père. »

Une voix raisonna dans mon casque alors que je m'apprêtais à poser une autre question.

« Tour de Contrôle de Sao Paulo à Phantomstorm, répondez.

─ Sao Paulo ! m'écriai-je d'une voix aiguë qui trahissait ma surprise. On va vraiment là-bas ? Oh, Lula ! C'est ça que tu fais pour impressionner les femmes ? Tu les invites à voler avec toi ?!

─ C'est ce que je fais pour t'impressionner toi. Je ne vole jamais avec des femmes. A vrai dire je ne vole jamais avec personne.

─ Tu crois que ça m'impressionne ? C'est rien du tout, ça.

─ ... T'es dure en affaires ! Espèce de menteuse ! »

Nous éclatâmes de rire.


***


« Pourquoi tu travailles à Guiomar ?

─ Pourquoi cette question ?

─ J'ai bien compris à force que tu étais... bah, riche. Je ne comprends pas l'idée de venir bosser pour une petite ONG comme la mienne... »

C'est vrai, ça m'intriguait depuis un moment, cette affaire-là.

Nous avions roulé environ vingt minutes de l'aérodrome de Sao Paulo avant d'arriver dans ce restaurant très chic, à l'ambiance feutrée. J'avais paniqué un instant en avisant la tenue chic des autres clients mais Lula m'avait assuré que j'étais très bien comme j'étais, c'est-à-dire en pull à rayures roses et vertes, short en jean et petites bottines à lacets. Tu parles ! J'étais à côté de la plaque.

Le Solstice d'été (HB 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant