Le Solstice d'été (HB 2)

12

Lula

Lorsque je rentrai du travail, Dani était sous la douche. J'entendais l'eau couler depuis la coursive.

Je posai mes affaires dans la cabine-salon, me déshabillai rapidement. J'entrai dans la salle de bains au miroir embué de vapeur et poussai la porte vitrée de la douche.

L'eau chaude ruisselait sur son corps nu. Je pris son visage entre mes mains et l'embrassai comme un assoiffé. Elle m'avait manqué. La douceur de sa peau, l'odeur de ses cheveux, ses grands yeux noirs.

J'avais déjeuné avec ma collègue Sara ce midi. Son sourire aguicheur m'avait dit que je lui plaisais. Je n'étais pas tellement intéressé. Elle était plus âgée que moi de dix ans ; ça ne me dérangeait pas, mais... le fait est que mon cœur était pris ailleurs.

Sa beauté était loin d'égaler celle de Dani, clairement.

─ Oi, bebe, lui dis-je en frottant tendrement mon nez contre le sien.

Après notre conversation de l'autre fois sur le mariage, j'avais un peu peur qu'elle me batte froid, mais ce n'était pas le cas.

Dani me décerna un grand sourire et battis de ses cils ourlés par l'eau de la douche. J'étais heureux de la voir heureuse. Je ne m'en lassais pas.

─ Oi, répondit-elle.

Chloé

─ Hey ! lança Alessio.

Il se pencha et m'embrassa sur le dessus des cheveux.

─ Hey. Tu étais où, Alex ? demandai-je.

Alessio posa ses béquilles contre le mur et s'assit prudemment devant moi, sa jambe blessée tendue devant lui. Il enleva l'attelle de son genou en faisant la grimace.

Ca faisait quinze minutes que je l'attendais dans ce café.

─ Ben... à l'atelier de mon père, dit-il en s'étirant. J'arrive tard parce que j'ai pris un verre avec Tomas.

─ Tomas ? répétai-je, surprise, le cœur battant.

─ Oui, Tomas. Enfin... tu sais, l'ami de mon père.

Je le considérai, mécontente. Ce n'était pas juste l'ami de son père. Sa périphrase ne me rendait pas dupe.

─ L'ami de ton père qui est le père de Dani.

Je n'avais pas prononcé ce mot depuis une année, et il ne m'avait pas manqué.

─ Heu ouais, dit Alessio, et il rougit, à ma grande surprise. Il est sympa, on s'entend bien. Il voulait juste savoir ce que je devenais, depuis le temps, c'est tout.

─ C'est le père de Dani, Alessio ! Pourquoi tu prends des verres avec lui ? C'est parce que tu sais que Dani est à Paris en ce moment, hein ?

J'étais très en colère. Mon cœur tambourinait dans ma poitrine, j'haletais. Alessio gonfla ses joues et expira bruyamment l'air qu'elles contenaient.

─ T'énerves pas, Clochette. Je le connais depuis longtemps, c'est l'ami de mon père, je le croise sans arrêt. On a des points communs avec le dessin alors oui parfois on discute de ça... pas de quoi piquer une crise.

Ca m'énerva considérablement qu'il me dise ça, au lieu de s'excuser immédiatement pour son retard, entre autres.

─ Vous avez parlé d'elle ? me forçai-je à demander, de mauvaise grâce.