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Daniela


J'eus l'impression qu'une bombe venait d'exploser dans la pièce. Ma mâchoire se décrocha, je crois.

─ Pardon ? articulai-je, les yeux écarquillés.

Je me laissai glisser du bureau et fis un pas vers lui, par réflexe, mais Fabio m'immobilisa en posant la main sur mon épaule. Il fronça les sourcils.

─ Comment ça ? lança-t-il à Lula. De quoi parles-tu ?

Lula croisa les bras.

─ J'ai investi plus d'un million de Reals dans cette entreprise au cours de l'année écoulée. J'en demande la présidence. Je veux que mon nom figure dans tous les tracts, les dossiers, les prospectus, le site web, partout, en tant que président directeur général, ce ASAP.

Un silence lourd, incrédule, suivit ses paroles.

─ Pourquoi ?! m'écriai-je, stupéfaite, offusquée.

Mes mains s'étaient mises à trembler sous le choc.

─ Oh... Il veut de la visibilité, m'expliqua Fabio, l'air sombre. Une bonne réputation. Il en a besoin pour les municipales. Ce n'est pas un candidat aussi connu que d'autres. Je comprends maintenant. Il veut dorer son image.

Quoi ?! Mais...quel rapport avec Guiomar, putain ?!

─ Le fait qu'il dirige une association peut l'aider à être bien vu du grand public, dit Fabio sans quitter Lula des yeux. Ca montre qu'il est généreux et met la main à la pâte. Ca peut tout à fait l'avantager. C'est intelligent.

HEIN ? QUOI ? J'avais le cœur au bord des lèvres, les jambes chancelantes, le souffle court.

─ Donnez-moi la présidence où j'arrête de verser les subventions, lança Lula. Je connais très bien l'état des finances, ajouta-t-il en me regardant. Cette association ne tiendra pas un mois sans les versements que je fais depuis un an et demi, maintenant.

Mon cœur battait à tout rompre. Avant de comprendre ce que je faisais, je me jetai sur lui. J'allais le tuer. Fabio bondit sur ses pieds et me retint par la taille alors que je donnais des coups de tennis furieux en direction de Lula.

─ Va te faire foutre ! hurlai-je. J'étais sûre que tu mijotais un truc... putain, Luiz... je vais pas démissionner du poste de présidente, t'es fou ?!

─ A toi de voir. Je vous laisse dix jours pour me répondre, dit Lula. Allez, quinze. Je repasserai, donc.

─ Salaud ! C'est pas parce que j'étais pas prête à ce qu'on démarre une histoire qu'il faut venir foutre la merde dans le travail ! Les clients de Guiomar ont besoin d'aide, Lula !

─ Ca n'a rien à voir, dit Lula très calmement, quoique un peu sèchement. Ce n'est pas personnel.

─ Menteur... ose dire que tu n'es plus amoureux de moi ! D'ailleurs, si tu m'aimais vraiment, tu ferais pas un truc pareil, putain, Lula !

Je tirai sur une mèche de mes cheveux. Je ne comprenais pas. Je le savais qu'il m'aimait, pourtant. Il m'aimait vraiment. C'est pour ça qu'il n'osait pas soutenir mon regard en cet instant.

─ Bon, j'ai dit ce que j'avais à dire. (Il sortit des documents pliés de la poche de son short). Voici une lettre de démission que j'ai rédigée à ton intention, Daniela, et stipulant la passation de pouvoirs à mon nom. Tu n'as qu'à parapher en bas.

Je pris la liasse de feuilles, en roulai certaines en boule et telle une furie, les lui jetai à la tête.

─ Va. te. Faire. mettre, articulai-je à chaque lancer. Connard.

Le Solstice d'été (HB 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant