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Juillet 2020


Chloé


─ Ca vous va à ravir, mademoiselle, me complimenta la responsable de la boutique.

Elle se tenait un peu en retrait, et, tout comme Sophie et moi, observait mes chaussures avec attention dans le reflet du miroir en pied.

J'étais debout sur un petit podium, dans l'arrière-salle du magasin, et c'était au moins la dixième paire d'escarpins que j'essayais. Nous cherchions le modèle que je porterais pour la fête des fiançailles. C'était dans un mois. Les invitations avaient été envoyées dans tout le beau Paris. Plus ça approchait plus j'étais nerveuse. J'étais contente que Sophie ait offert de m'accompagner pour les chaussures. J'adorais les chaussures mais là, je n'étais pas sûre d'arriver à bien choisir.

Celles-ci étaient d'un bleu délicat, avec un talon orné de brillants très discrets. Je les trouvais géniales. Elles n'étaient pas trop hautes, mais quand même. J'avais hâte qu'Alessio écrive un mot d'amour au feutre noir dessous. Un truc comme...

« A ma future femme que j'aime tant, Alex » ou « Je ne pense qu'à toi et j'ai hâte de faire de toi ma femme »

Je soupirai, le cœur battant d'impatience.

Nous étions samedi. Mes cheveux étaient relevés à la va-vite et je portais une chemise à carreaux bleus et noirs avec un jean roulotté aux chevilles. Plus casual tu meurs. J'essayai de m'imaginer avec la robe et je vis mon visage s'illuminer dans le miroir.

─ Elle adore, commenta Sophie d'un ton approbateur. Merci. Et les sur-mesure en satin... ?

─ Je les ferai livrer chez mademoiselle, comme convenu. Vous les aurez demain dans la journée.

─ Bien, merci.

Nos emplettes effectuées, nous allâmes au Bon Marché pour acheter quelques bricoles, puis, Sophie se tourna vers moi, son sac Longchamp pendant dans le creux de son bras.

─ On va déjeuner, ma chérie ? dit-elle en consultant rapidement l'heure à son poignet. Il y a un excellent salon de thé pas très loin d'ici.

Elle replaça doucement dans mon chignon une mèche qui s'en était échappée et me sourit.

─ Est-ce que maman va nous rejoindre ? demandai-je en lui rendant son sourire.

─ Peut-être pour le café.

─ D'accord, c'est parti.

Nous prîmes un taxi en discutant de choses et d'autres. Il faisait très doux ce jour-là, presque chaud, et des nuages cotonneux glissaient lentement dans le ciel. En entrant dans le restaurant, je retins une expression admirative. C'était superbe ! La salle était immense, lumineuse, très haute de plafonds, ornée de lustres délicats. J'avais l'habitude des beaux endroits mais n'avais pas testé toutes les adresses de Paris non plus.

En passant sur la terrasse, nous croisâmes le sénateur Pascal, attablé avec deux amis à lui.

Je m'arrêtai pour lui serrer la main.

─ Chloé, ma grande, comment ça va ? me demanda-t-il, cigare au bec. Et ces fiançailles ?

─ Ca se prépare, ça se prépare. Je te présente justement Sophie Clément, ma belle-mère.

Sophie rosit délicatement, apparemment flattée que je la présente en ces termes à quelqu'un de connu. Ils se serrèrent la main.

─ Madame, mes hommages, lui dit le sénateur Pascal, apparemment charmé.

Le Solstice d'été (HB 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant