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J'appelai Mathilde.

Mathilde répondit presque tout de suite, le ton joyeux. J'entendais le bruit de la circulation en arrière-plan. Elle était sans doute au volant.

« Tiens tiens, une revenante ! Salut, Daniela.

─ Salut Mathilde. Comment ça va ?

─ Génial. Et toi ? Tu fous quoi au Brésil, à part jouer au foot et draguer ?

─ Je fais ni l'un ni l'autre. Je bosse comme une folle pour mon asso. Et toi, ça roule, ta Licence ?

─ Ca roule. Je finis mon stage, là. Mais je suppose que tu ne m'appelles pas parce que tu veux savoir quel Master je vais faire en octobre ? Il se passe quoi avec Alessio ? »

Je me mis à me balancer doucement sur ma chaise, comme pour me bercer moi-même.

« Alessio... j'ai eu besoin de son aide pour une affiche, pour mon asso. Et on a parlé et... j'ai appris qu'il se battait, ou chais pas quoi ? Tu sais quelque chose là-dessus, je suppose ? T'es sa meilleure amie.

─ Ho ho, ça va t'intéresser, je crois ».

Elle m'expliqua alors qu'Alessio s'était calmé dernièrement, mais qu'apparemment, il s'était régulièrement battu dans une sorte de club où on pariait de l'argent sur le vainqueur.

Cela m'emplit de consternation.

« En plus, ce petit con, il s'en sortait très bien, précisa Mathilde avec un soupçon d'agacement. Faut croire qu'il se débrouille plutôt pas mal à la castagne. Bon, heureusement pour nous tous, il s'est cassé le bras, alors ça l'a calmé. Et c'est pas tout. Ca va pas te faire plaisir, mais il a cherché à se consoler, si tu vois ce que je veux dire. »

Je voyais parfaitement, en effet, et je n'étais pas ravie.

J'avais toujours trouvé qu'Alessio avait un charme fou, et il était évident que je n'étais pas la seule de cet avis. Il était beau et pouvait avoir à peu près qui il voulait s'il y mettait les formes. Mais de là à passer à l'action...

« Notamment une certaine Quitterie, putain, je m'en suis pas remise de ma rencontre avec celle-là. Elle en redemandait, et tout. C'était affreux ! D'accord il est mignon ton Alessio, mais quand même ! Les gens n'ont plus de dignité, ou quoi ?

─ Autre chose ? demandai-je en soupirant.

─ Non. Je dirais que c'est déjà pas mal. Y'a quelques jours, il a fait une fête chez lui, et il m'a dit qu'il comptait plus faire de conneries, maintenant. Mais j'ai quand même un doute. Après, c'est vrai qu'il semble plus tranquille maintenant qu'il a... »

Elle s'interrompit un peu vite. Je sentis une chape de plomb m'envahir et avalai difficilement ma salive.

« Maintenant qu'il a quoi ? demandai-je en toute hâte. Maintenant qu'il a une copine ? Il sort avec quelqu'un d'autre ? Ne me dis pas Mlle Chanel, par pitié.

─ Eh bien...

─ N'importe laquelle sauf elle ! Je peux pas supporter Chloé, je sais qu'elle est folle amoureuse de lui. »

Je savais surtout qu'elle était gentille avec lui. Elle lui était dévouée, douce et patiente, elle ferait probablement une bien meilleure petite amie que je ne l'avais jamais été. Cette pensée seule suffisait à me hérisser le poil.

Sous ses dehors de fée, Chloé était redoutable.

J'étais tourmentée à l'idée qu'Alessio m'oublie dans ses bras. C'est pour ça que je m'interdisais d'y penser. Comment pourrait-il en être autrement ? C'était la principale raison pour laquelle je fuyais un peu Soraya. La pauvre, elle n'y était pour rien, en plus.

Le Solstice d'été (HB 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant