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 Alessio


 J'étais encore pensif de ce verre que j'avais pris avec le père de Dani, Tomas. Je l'avais toujours trouvé super cool. Il était très sympa, ouvert, se prenait pas la tête. Ce qu'il m'avait dit m'avait fait beaucoup de bien. Je me sentais mieux que je ne m'étais senti depuis des mois. Depuis la patinoire.

Dani allait bien. Ca m'avait fait plaisir de l'apprendre. Ca m'avait rendu un peu triste, aussi. Comme une page qui se tourne.

Il était temps que j'aille bien, moi aussi.

D'abord, je devais faire une chose importante : rendre visite à Chloé.

Je pris le métro pour aller à Neuilly-sur-Seine. Assis sur un strapontin, j'ouvris le dernier SMS qu'elle m'avait envoyé, plus d'une semaine plus tôt.

J'avais essayé de l'appeler deux ou trois fois depuis le dîner chez mes parents, mais elle n'avait pas décroché. Je me sentais un vrai con. J'avais été con. Il fallait que je lui parle, même brièvement.

Lorsque j'arrivai chez elle, la porte de la Résidence était ouverte. Elle était souvent ouverte ; il y avait beaucoup de passage dans cette maison. J'entrai, traversai la vaste pelouse parfaitement entretenue. Tout était très calme, à croire que toute l'aide de maison était en congés. Ce qui était peut-être le cas, après tout : on était samedi.

Je me dirigeais vers le bâtiment, lorsque j'entendis des éclats de voix en provenance de la piscine, de l'autre côté. Je pris aussitôt cette direction.

Derrière les buissons taillés, je vis que Chloé était là en maillot de bain avec un type. Pas un gamin de notre âge. Un type plus âgé. Il la tenait par le poignet, avait le visage fourré dans son cou.

« Non, arrête ! » criait-elle.

Elle sanglotait, essayait de l'éloigner, mais il était bien plus fort qu'elle. Elle avait l'air terrifié.

Je n'avais pas besoin d'en savoir plus.

Je fondis sur eux tel la Justice, empoignai le type par le col de sa belle chemise coûteuse. Il avait entendu le bruit de ma cavalcade sur le carrelage qui entourait la piscine ; sans regarder, il me repoussa assez fort pour me faire tomber. J'étais déséquilibré à cause de mon bras en écharpe, mais pas encore totalement empoté ; je profitai du fait de me retrouver affalé sur le sol pour lui faucher les jambes. Il poussa un cri de dépit et bascula dans les eaux claires et ondoyantes de la piscine.

Je me redressai au moment où le type émergeait trempé comme une serpillère, les cheveux dans les yeux. Il me foudroya du regard, tandis que Chloé s'empressait de se placer derrière-moi.

« Ca va, elle est bonne ? » ricanai-je.

Il me fit un doigt. Je lui souris.

« L'eau a détruit ton brushing, c'est dommage, hein ? lançai-je.

─ Espèce d'enfoiré, cracha le mec. Non mais de quoi je me mêle !!

─ Va t'en, Camille, lui ordonna Chloé, la voix tremblante. Va-t-en.

─ J'en parlerai à ton père dès son retour, menaça le type en nageant vers l'échelle la plus loin de nous. Ce sera ta parole contre la mienne, princesse.

─ Tu feras rien du tout, lui fis-je savoir, sans avoir aucune idée de ce dont il était question. Je la quitte pas d'une semelle. Si j'apprends que tu as contacté son père, j'appelle les flics et je leur dis ce que j'ai vu ».

Le Solstice d'été (HB 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant