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Début juin

Alessio

 Comme on était de nouveau en bons termes, et que j'avais envie de passer du temps avec elle, j'invitai Chloé à sortir.

Amicalement, bien sûr.

Sa compagnie me faisait du bien, je l'avoue. Je savais exactement pourquoi. C'est parce que je trouvais reposant le fait de penser à autre chose qu'à Daniela. Et puis on se marrait plutôt bien, Chloé et moi.

On alla au ciné, voir des pièces rigolotes au théâtre parce qu'elle adorait ça. Je voulais lui faire plaisir. On alla aussi dessiner ensemble dans des cafés. Elle progressait vite, et je trouvais ça chouette de dessiner tous les deux en enchaînant les tasses. Ca m'avait manqué tout ça.

« Tu bois beaucoup de chocolat chaud et de thé, pourquoi tu bois plus de café ? » demandai-je à un moment donné, étonné.

Chloé avait eu une moue étonnée, comme si elle était surprise que j'aie remarqué ce petit détail à son sujet. J'en avais remarqué bien d'autres, comme le fait qu'elle portait souvent du mascara mais jamais de rouge à lèvres, qu'elle semblait plus à l'aise perchée sur ses escarpins, qu'elle portait toujours la même bague en argent autour du pouce, qu'elle n'aimait pas les olives – quand on mangeait ensemble quelque part, elle les mettait systématiquement de côté sur le rebord de son assiette.

Je les mangeais, du coup. Il se trouve que je n'avais rien contre les olives, ni contre les jolies blondes aux yeux bleus.

Ce jour-là, assise en face de moi au Café Crème, elle m'avait fait un sourire que j'avais trouvé triste.

« J'ai plus le droit au café. En tout cas, pour le moment, je dois éviter d'en boire.

─ Ben pourquoi ? »

Elle m'avait fait un autre sourire puis secoué la tête, pour me dire qu'elle n'avait pas envie d'aborder le sujet. Je n'avais pas insisté. C'était inutile : en effet, je savais qu'elle me parlerait, le moment venu. Je ne ressentais pas cette angoisse à me demander ce qu'elle tramait, parce qu'elle ne m'avait pas parlé. Chloé n'était pas Dani. Je n'avais aucune inquiétude à ce sujet, je la connaissais. Elle n'était simplement pas prête.

**

Un jour de juin, je décidai de faire une crêpe party chez moi. J'invitai Chloé, avec Jules, Paul, Antoine, Dennis, Soraya, Mathilde et Marc. L'équipe était au complet.

Chloé arriva en avance avec des trucs pour l'apéro et m'aida à faire la pâte à crêpes. Je l'observais en souriant. Elle n'était pas plus douée que Dani dans le domaine culinaire, mais de bonne volonté. Je lui avais mis de la farine sur le nez. Elle avait riposté en m'en balançant dans les cheveux.

« Arrête sinon je vais être obligé de reprendre une douche, avais-je dit en époussetant ma tignasse.

─ Et alors ?

─ Bah je sais pas, tu pourrais me frotter le dos, mettons ».

Chloé avait bafouillé une réponse inintelligible, rouge comme une tomate.

« Attention tu mets trop de sucre ! M'écriai-je, mort de rire. (Elle avait redressé le pot de sucre, confuse). J'te préviens si c'est pas bon je dirai que c'est toi qui l'as faite cette pâte » rigolai-je encore.

Elle rougit et bafouilla que j'étais vraiment idiot. Ce qu'elle était mignonne. On sonna à la porte. J'allai ouvrir. C'était Mathilde, Soraya et Antoine.

« Les trois autres garent la voiture, m'apprit Soraya en plantant un baiser sur ma joue.

─ On t'a apporté ça, ajouta Mathilde en brandissant joyeusement un pack de bières.

Le Solstice d'été (HB 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant