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début juin


Lula


« Tu fais une erreur avec elle » dit Vanessa en entrant dans la salle de musique.

Je ne levai pas les yeux de la guitare que j'étais en train d'accorder.

« Tu veux quoi Vanessa ?

─ Juste te mettre en garde. J'ai l'impression que tu craques pour la fille que tu as amenée sur le bateau, l'autre fois. La toute fine. Très mignonne. Elle travaille avec toi, hein ? Je crois même que c'est la nana qui possède ton association. Daniela Soares ? »

Je relevai finalement la tête vers elle. Elle attendait, appuyée contre le piano à queue Steinway. Ses cheveux blonds retombaient sur son épaule.

Alors, elle savait déjà tout. Elle avait mené sa petite enquête.

Je n'avais pas envie de discuter avec elle.

« C'est pas tes affaires, répondis-je donc.

─ T'inquiète pas, tu arriveras à la mettre dans ton lit, va. Elle t'aime bien aussi, ça se voit à la façon dont elle se tient près de toi, tu ne la laisses pas indifférente. C'est qu'une question de temps. Mais je serais toi... je n'irais pas plus loin qu'un coup d'un soir. Je mélangerais pas les affaires et les sentiments, tu vois ce que je veux dire, Lul' ? Ce serait con d'avoir le béguin pour elle à ce stade des affaires, hein ?

─ Lâche-moi un peu, Vanessa. Tu me donnes mal à la tête.

─ Ecoute, frangin, dit-elle en posant le poing sur sa hanche. On est des adultes, alors coupons court aux conneries. Invite Olivia à sortir bientôt sinon je parle à Père et je lui dis que tu es en train de flirter avec l'ennemi. Il risque d'apprécier.

─ Putain Van pourquoi tu me fais ça ? Je suis ton frère. »

Elle haussa les épaules d'un air dédaigneux.

« J'aime Olivia, c'est mon amie, elle est là pour moi. Elle a toujours été là pour moi... contrairement à toi. »

Je soupirai. Elle ne m'avait toujours pas pardonné, même après tout ce temps, de ne pas avoir été présent cet été-là.

« Van, c'était les vacances, je faisais un tour d'Europe, je... OK, j'étais pas joignable, mais je suis rentré aussi vite que j'ai pu...

─ C'est pas parce que tu t'es pardonné à toi-même que moi je te pardonne, Lula, putain ! » s'écria Vanessa.

La virulence de ses propros lui fit monter les larmes aux yeux. Elle pleurait rarement, ma sœur. Du moins, rarement en public. La dernière fois que je l'avais vu pleurer, c'était le jour de l'enterrement.

« Tu peux tromper tous les gens dans cette ville avec ton sourire amical, mais pas moi, reprit-elle d'une voix plus maîtrisée. Moi je sais qui tu es, je sais ce dont tu es capable. Alors, tu vas inviter Olivia ou non ?

─ Non.

─ Très bien. Je vais parler à Père. Avec un peu de chance, à force d'accumuler les conneries comme tu le fais, Père changera d'avis concernant ton héritage. »

Elle allait partir, mais je bondis et la retins par le bras. Elle haussa un sourcil parfaitement épilé à mon adresse.

« OK, c'est bon. T'as gagné. Je vais l'inviter ».

A ces mots, Vanessa se détendit et me décocha un sourire satisfait. Elle repartit, le bruit de ses talons résonnant dans le couloir.

Je posai ma guitare et la suivis. Autant se débarrasser de ça tout de suite.

Le Solstice d'été (HB 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant