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Février

Daniela

   Ce jour-là après le travail, Luiz m'emmena à la clinique du psy Allemand.

J'étais un peu nerveuse, je l'avoue, comme avant un entretien déterminant. A vrai dire, c'était le cas. Je faisais les cent pas dans la salle d'attente.

« Prête ? me demanda Luiz.

─ Oui. Je crois », répondis-je en me mordillant l'ongle du pouce.

Je portais une robe marinière un peu courte et commençais à me demander si ma tenue était appropriée pour rencontrer le Grand manitou. Je m'assis sur la chaise à côté de Luiz, me levai de nouveau, comme montée sur ressorts.

« Comment tu me trouves ? » apostrophai-je finalement Luiz posant les poings sur les hanches.

J'avais besoin d'un avis objectif, mais ça me fit un peu bizarre de lui poser la question. C'était comme lui demander si je lui plaisais... Indirectement. Non ?

Il m'observa attentivement des pieds à la tête, et je dois dire que ça remonta légèrement ma température corporelle.

« J'ai vu mieux », répondit-il d'un ton très sérieux.

J'en restai sans voix, indignée.

« Roh, Luiz ! m'exclamai-je ensuite. (Il pouffa de rire). Sérieusement ! J'aurais dû mettre un chemisier, c'est ça ? Elle fait trop casual, ma robe, hein ? Je sais pas ce qui m'a pris d'enfiler ça ce matin.

─ Ben oui, qu'est-ce qui t'a pris ? C'est sûr que t'as meilleur goût vestimentaire d'habitude, entre tes sweats à capuche, tes jeans déchirés.... Le style prisonnière, ça change !

─ Quoi ?!! Ben merci ! Et je les adore mes jeans déchirés, alors tu permets... »

Luiz se leva à son tour.

« Donne-moi ta casquette, et ça ira très bien » dit-il avec un sourire.

Ah. Je portais aussi une casquette noire à l'envers sur mes boucles, avec le charmant intitulé « Tomboy » bien visible en blanc au-dessus de l'attache. Plus casual, tu meurs.

« Bon, bon ».

Je lui tendis le couvre-chef puis recommençai à arpenter la pièce, tendue. Luiz m'attrapa par les épaules et se mit à me masser vigoureusement.

« Allez, bebe ! Tu vas entrer là-dedans et combattre. Tu peux le faire. C'est à ça que je t'ai entraînée depuis le premier jour ! »

Je m'entendis rire et le repoussai.

« Bah ! râlai-je, de mauvaise foi. C'est parce que j'ai toujours pas pu m'acheter mes brigadeiros que je suis aussi nerveuse, en fait ».

Je n'avais pas eu ma dose de sucre ce matin et ça n'aidait pas, en effet.

Luiz n'était pas dupe.

« Allez, ne t'inquiète pas, il est très sympathique. Et intelligent. Tu crois franchement que je confierais ma bien-aimée à n'importe qui ?

─ Je ne m'inquiète pas, ça va. »

Je lui faisais effectivement confiance, et en étais la première surprise. Depuis que j'étais arrivée au Brésil, j'avais pu me rendre compte du sérieux que Luiz mettait dans son travail.

Du reste, Fábio avait raison : le bougre connaissait Rio comme sa poche, du gratin à la plèbe. Je savais qu'il m'avait recommandé quelqu'un de compétent.

Et puis, j'étais finalement prête, aussi. Pour la thérapie. Après tout ce temps à tourner en rond, on y était.

Une semaine auparavant, début février, j'avais appelé Magali pour lui demander de poser le préavis de notre petit appartement.

Le Solstice d'été (HB 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant