Daniela
Début décembre, je rentrai à Rio.
Fabio m'accueillit d'un air circonspect, mais je le serrai dans mes bras avec un grand sourire.
─ Ca va mieux, Dani ?
─ Je vais mieux, oui, Fab.
Il parut soulagé.
─ Super ! Heureux de te retrouver, cousine.
**
Je fêtai Noël avec ma mère, juste nous deux. Paol passait les fêtes à Salvador chez ses parents.
On rit beaucoup, on dansa dans le jardin, et on termina la soirée assises sur nos chaises de jardin, à boire du champagne et regarder les étoiles qui s'allumaient dans le ciel.
─ J'ai recommencé à sortir et je vois quelqu'un en ce moment, m'annonça soudain Maman en déballant un chocolat. Il est charmant, très gentil. Il s'appelle Diego. Je pense qu'il te plairait. Il fait du design.
Ah, lui aussi ? Je fis un grand sourire à Maman.
─ Vraiment ? C'est génial. Je suis contente pour toi, M'man.
Maman fixait son verre à pied quasi vide, l'air songeur.
─ Je pense qu'il est temps de... enfin tu vois.
─ Oublier Papa ? suggérai-je.
─ Oui.
Wahou. Je ne pensais pas voir le jour un jour.
─ Ton père va emménager avec Estelle cette année, ajouta Maman.
Estelle était la nana que mon père voyait à l'occasion. Elle faisait de la peinture à ses heures perdues, comme lui. Elle ne me faisait ni chaud ni froid. Elle n'était ni jolie ni laide, ni drôle ni bête, juste... normale.
J'étais contente qu'elle rende mon père heureux, et j'évitais d'en discuter avec ma mère. Mais si elle mettait le sujet sur le tapis...
─ Je sais, répondis-je d'une voix douce, il me l'a dit quand j'étais à Paris. C'est un sacré pas pour lui, mais ils ont tous les deux envie de se lancer, alors...
Maman hocha la tête. Je ne lui demandai pas ce que ça lui faisait.
J'avais ma petite idée sur la question.
─ Et toi ? Tout va bien ?
Je fis « oui » de la tête sans entrer dans les détails.
─ Tu ne veux pas rentrer à la maison ? suggéra-t-elle ensuite, changeant de sujet.
Je l'embrassai sur la joue et fis non de la tête. J'avais peur de briser notre bonne entente retrouvée en emménageant de nouveau.
**
Je restai dans mon petit appartement; donc. J'avais besoin de cette solitude. J'étais bien en vivant seule. Je pouvais me concentrer sur mes hobbies quand je rentrais, dormir tout mon saoul et ranger au rythme qui me convenait sans qu'on vienne me taper sur les doigts.
Une belle matinée de mars, peu de temps après mon vingt-huitième anniversaire, nous étions là, Fabio, Alejandro, Nicole et moi, à discuter des affaires de l'association, quand Lula entra dans l'open space.
Tout le monde se figea, surpris.
─ Fabio, Daniela, nous salua Lula d'une voix polie.
─ Lula, répondîmes-nous d'une même voix.
─ Je voudrais vous parler. C'est possible ?
─ Allons dans le bureau, dit Fabio.
Lula avait l'air impassible. J'avais remarqué qu'il évitait de me regarder. J'étais pourtant contente de le voir, après ces quelques mois sans contact. Il me manquait beaucoup, pensai-je en l'observant.
Ce n'était pas un scoop. Il me manquait depuis qu'il m'avait « larguée » en juillet, au retour de Porto Alegre.
Il avait démissionné, après tout.
La dernière fois que je l'avais vu, c'était en octobre, à la porte du café qu'on aimait bien.
Deux fois depuis, j'avais essayé de l'appeler, mais il avait ignoré mes appels. Je n'avais pas insisté. J'étais même vexée qu'il m'évite à ce point. Je ne comprenais pas pourquoi, enfin, si. Il voulait sans doute tourner la page.
Et voilà qu'il était là, à Guiomar, comme au bon vieux temps, en personne.
Ce matin-là, il portait un t-shirt noir et un short assorti. Ses lunettes de soleil étaient plantées dans ses cheveux. Je n'étais toujours pas habituée à sa coupe courte, qui dégageait son front et sa nuque, et comme la dernière fois que je l'avais vu, lorsque je l'avais croisé sur le palier du café, je fus frappée par sa beauté, le vert profond de ses iris, sa mâchoire carrée, son hâle naturel.
Il était vraiment très beau.
Je ne l'avais jamais vu dans une tenue aussi décontractée entre les murs de Guiomar. Lula s'était toujours montré très professionnel, respectant le dress code à la lettre, chose que personne d'autre ne faisait ; il ne se pointait en jean que le vendredi.
Nous entrâmes tous trois dans le bureau, et Fabio désigna un siège à Lula. Je me perchai sur le bord du bureau.
─ Qu'est-ce qui t'amène, Lula ?
─ Oh, pas grand-chose. Je suis juste venu vous demander la présidence de Guiomar.
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Le Solstice d'été (HB 2)
Teen FictionDélaissée par celui qu'elle aime, Dani est partie au Brésil pour s'occuper de la gestion de son association Guiomar. Loin d'Alessio, elle tente de toutes ses forces de laisser ses démons derrière elle, afin d'avancer dans sa vie et s'autoriser à êtr...