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Chloé


  Je n'arrivais pas à croire que j'avais posé cette question.

 LA question.

  Il ne fallait surtout pas lui mettre la pression, à Alessio, je le savais, mais... je l'aimais, bon sang, et je souffrais mille morts de le voir me rejeter de cette façon. Pire que ça, même ! Je l'aimais et je le voulais, et j'attendais depuis trop longtemps qu'il veuille bien me regarder, moi... je ne savais plus à quel Saint me vouer.

« Hé, Chloé ! J'ai jamais dit que je voulais pas de toi » souffla Alessio.

Je levai les yeux vers lui, pleine d'espoir.

« J'ai dit que je voulais pas de copine. Que j'étais bien seul. Nuance. De toute façon, tu sais, je n'ai pas le temps pour une relation » rétorqua-t-il, et je fis la moue, mécontente et dubitative.

Je fusillai du regard son téléphone qui n'arrêtait pas de carillonner, posé sur la table près de sa tasse. Une certaine « Stéphanie » et une non moins certaine « Julie » ne cessaient de se manifester. Je réussis à lire un SMS à l'envers : « Alessio, on remet ça quand tu veux, chéri ».

« Et pour elles, t'as le temps ? Franchement, tu me déçois beaucoup, Alessio. A courir d'une fille à l'autre, comme ça... »

Je ne pus m'empêcher de jeter un sale regard à Alessio... qui eut le culot de me retourner un grand sourire.

Je baissai les yeux sur ma tasse, furieuse. Il courait la gueuse au lieu de me courtiser, moi. Ca me tuait. Mon Alessio, s'abaisser à ça !

Mais, quelque part derrière mon agacement et ma colère, j'aurais aimé qu'il me désire comme ça, moi aussi. La jalousie me consumait par les deux bouts, m'empêchait de respirer. J'étais en colère. Pourquoi leur donnait-il de son temps alors que moi, il m'évitait ? Quelle injustice !

C'est vrai... je trouvais ça méprisable, le fait de fréquenter quelqu'un juste comme ça ou pour se rouler dans les draps... surtout que ces filles ne savaient rien de lui ! Pire, elles n'en voulaient rien savoir.

Moi, j'étais amoureuse de lui depuis deux ans. Je ne voulais pas qu'il me traite comme les autres, je voulais rester spéciale pour lui. C'était moi qui avais évincé Dani qu'il chérissait, moi qui lui avais ouvert les yeux sur elle, sur le fait qu'elle était toxique pour lui, et maintenant, il m'évitait ?!

« Parle-moi, répétai-je. Tu n'es pas comme ça. Ca, ce n'est pas toi. Non, Alessio, tu es doux, prévenant, et... tu me manques. Enfin, cet Alessio-là me manque. »

Alessio sortir un billet de 20 euros de son portefeuille et le glissa à demi sous sa tasse de café vide.

« S'il te manque, laisse-le partir, parce qu'il ne reviendra pas, à mon avis... Sinon, pour ta pluie de reproches : je me laisse capturer, parfois. J'avoue ! Mais c'est pas moi qui leur cours après, aux filles. J'ai pas le temps, je t'assure. Alors pourquoi tu m'engueules ? J'ai même pas répondu à un seul texto depuis qu'on s'est retrouvé. Je suis tout à toi, comme d'hab.

─ Non, ce n'est pas vrai ! explosai-je, perdant patience. Quand tu étais avec Dani, tu n'étais pas tout à moi. Tu l'as quittée, et tu n'es toujours pas tout à moi. Arrête, tu te moques du monde. Tu m'évites depuis des semaines. Tu refuses de me parler. N'essaie pas de te ficher de moi, sinon, je m'en vais.

─ C'est cliché, mais tu sais que t'es trop craquante quand tu t'énerves ? » répliqua Alessio d'un ton taquin.

Je me sentis rougir une nouvelle fois, déstabilisée. Alessio me regarda en penchant la tête, d'un air de gamin qui cherche à se faire pardonner, mais je détournai le regard.

Le Solstice d'été (HB 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant