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Lula


─ Tu peux m'envoyer le contact par mail ? me demanda Alejandro.

─ Bien sûr.

Il était pratiquement 11 heures. J'étais en train de vérifier le carnet d'adresses de Guiomar quand des voix se firent entendre dans les escaliers. Fábio était assis au bureau de Paol et cherchait un dossier dans les fichiers de son ordinateur, tout en sifflotant l'air qui passait dans le sound system de l'association.

Nous levâmes les yeux en même temps pour voir Dani entrer dans l'open space, suivie du Français. Ma poitrine se serra - ils se tenaient par la main, leurs doigts entrelacés.

Ah... OK.

Dani salua Alejandro, Joaquim, Nicole et Antoine, un bénévole, et leur présenta Alessio, que Joachim et Alejandro avaient déjà rencontré la veille au concert. Puis elle s'approcha de Fábio et moi.

─ Salut, Dani, salut, Alessio, leur lança Fábio en anglais, souriant. Ca va ?

─ Ca va, merci, lui répondit Alessio en s'appuyant habilement au bureau de Paol. (Il croisa les chevilles). Qu'est-ce que tu fais ?

  Malgré son dress code très décontracté, il avait du charisme, de la présence. Je m'en étais déjà aperçu la veille juste avant qu'il ne me saute à la gorge. Il avait les yeux bleus, d'une nuance profonde proche de celle du saphir que portait ma mère à l'annulaire.

 Je ne voyais là rien de réjouissant, d'autant qu'ils allaient très bien avec le collier et les bracelets brésiliens tissés en zigzags qu'il arborait avec beaucoup de simplicité et d'élégance. Il avait au moins quatre bracelets au poignet gauche. Il avait une montre rouge à l'autre. Il était donc gaucher.

─ Je suis en train de prendre rendez-vous avec le directeur d'un théâtre pour notre prochain évènement, lui expliqua Fábio en mimant le geste d'écrire sur une surface. Passionnant, hein ? Et toi, tu fous quoi ? Dani te fait la misère, je parie ?

─ De toute évidence...

Dani fit les gros yeux à son cousin.

─ C'est plutôt lui qui m'embête ! se plaignit-elle.

Alessio rit, et il se passa quelque chose d'étrange, juste là. Une lueur admirative éclaira les prunelles de Dani. Elle le regardait, toute son attention focalisée sur lui, tandis que je la regardais, moi.

Et elle était... les mots me manquent. Je ne l'avais jamais vue aussi belle, je crois. Elle portait une robe jaune à motifs blancs qui lui dénudait les épaules, à manches courtes. La robe était un peu décolletée, très resserrée à la taille. Je ne l'avais jamais vue la porter, avant. Je m'en serais souvenu. La jupe en corolle était de ce tissu fluide qui devait tournoyer si elle se mettait à tourner. Le talon de ses escarpins crème était si fin que je me demandai comment elle faisait pour tenir en équilibre dessus. Très sexy. Oui, ça me faisait de l'effet, ça oui. Merde alors... on aurait dit une apparition.

Entre la robe et les chaussures, ses jambes bronzées étaient tout bonnement sublimes. Elle avait de si jolies jambes ! Elle avait aussi relevé ses cheveux si noirs. J'avais envie de toucher la boucle qui tire-bouchonnait sur son épaule. Dani m'avait expliqué un soir que c'était la seule mèche de ses cheveux qu'elle n'avait pas fait couper - cette partie était donc un peu plus longue, de la même longueur qu'elle avait avant d'aller chez le coiffeur pour obtenir son joli carré.

Elle s'était maquillée - pas beaucoup, mais de façon plus prononcée que d'habitude cependant. La jalousie me réduisit au silence lorsque je compris qu'elle s'était ainsi pomponnée pour son ex le Français, l'artiste à la tablette graphique. Que Dani sorte l'artillerie lourde pour lui m'était... difficile à avaler.

Le Solstice d'été (HB 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant