Attentes

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Alors que je me trouvais seule dans mon salon, une solitude pesante s'installa. Je me mis à repasser en boucle nos derniers échanges, cherchant désespérément un signe, une preuve que je pouvais encore lui faire confiance.

Soudain, mon téléphone vibra. Le nom de Jordan apparut sur l'écran. "Je passe te voir, c'est important." Mon cœur accéléra. Il ne me donnait aucune explication, et cette absence de détails m'inquiéta plus que de raison. Lorsque Jordan arriva, je remarquai immédiatement son air préoccupé. Il semblait nerveux, presque sur ses gardes. Après un salut rapide, il me serra dans ses bras, mais son étreinte manquait de chaleur.

Nous nous asseyons dans le salon. Le silence qui s'installa était lourd, pesant. Jordan regardait autour de lui, comme s'il cherchait à s'assurer que nous étions seuls. Finalement, je pris la parole, brisant le silence étouffant.

"Jordan, tu as l'air préoccupé. Est-ce que tout va bien ?" demandai-je avec douceur.

Il me regarda, un sourire forcé aux lèvres, mais son regard restait fuyant. "Oui, tout va bien. Juste... la pression de la campagne, tu sais comment c'est."

Je savais qu'il y avait plus que cela. Quelque chose de profond le rongeait, quelque chose qu'il n'était pas prêt à partager. J'étais partagée entre le désir de le soutenir et la frustration de ne pas comprendre ce qui se passait réellement.

"Tu sais que tu peux tout me dire," insistai-je, espérant l'encourager à se confier.

Jordan prit une grande inspiration, hésitant visiblement sur la manière de formuler ses pensées. "Orane, je... il y a des choses dont je ne peux pas parler. Des choses que je dois gérer seul."

Cette réponse évasive ne fit qu'amplifier mon inquiétude. "Des choses liées à la campagne ?" demandai-je, tentant de garder mon calme.

Il hocha la tête, mais son regard évitait toujours le mien. "En quelque sorte. Disons que certaines personnes ont des attentes... particulières."

Le terme "attentes" m'alarma. "Tu parles de Marine ?" Je laissai échapper cette question, espérant clarifier les choses.

Jordan resta silencieux un instant, pesant ses mots. Puis, il acquiesça lentement. "Elle est très impliquée dans tout ça. Elle a... une certaine vision de la campagne. Parfois, cela implique de faire des choix qui ne me plaisent pas."

Il ne donnait pas de détails, mais c'était suffisant pour comprendre qu'il subissait des pressions. Je voyais bien que tout cela le mettait mal à l'aise, mais il semblait incapable de s'ouvrir complètement. Je sentais une distance grandissante, un fossé qui se creusait entre nous. Je voulais lui poser mille questions, comprendre ce qui le tourmentait, mais je craignais de le pousser trop loin.

"Je comprends," dis-je finalement, même si en réalité, je ne comprenais pas tout. "C'est juste que... je m'inquiète pour toi."

Jordan me regarda enfin, et je vis une lueur de gratitude dans ses yeux. "Merci. Ça compte beaucoup pour moi que tu sois là."

Nous restons silencieux pendant quelques instants, chacun perdu dans ses pensées. Je savais que cette conversation ne répondait pas à toutes mes questions, mais je sentais aussi que Jordan se débattait avec des dilemmes qui allaient bien au-delà de notre relation. Je décidai de ne pas insister, de lui laisser l'espace dont il semblait avoir besoin.

"Tu veux rester un peu ?" lui proposai-je finalement, espérant prolonger ce moment de calme.

Il hésita, puis secoua la tête. "Je ne peux pas. J'ai encore du travail à faire ce soir."

Je hochai la tête, essayant de dissimuler ma déception. "D'accord. Prends soin de toi."

Il se leva, s'approcha de moi et déposa un baiser léger sur mon front. "Toi aussi, Orane."

Lorsque la porte se referma derrière lui, je restai un long moment assise dans le silence. Le poids de ses mots, et surtout de ce qu'il n'avait pas dit, pesait lourdement sur mon cœur. Je me demandais si j'avais bien fait de ne pas le presser davantage, de ne pas exiger plus de réponses. Mais au fond de moi, je savais que Jordan était pris dans une situation compliquée, entre ses sentiments pour moi et les exigences de la campagne.

Je me levai enfin, décidée à ne pas me laisser submerger par les doutes. Mais même en essayant de rationaliser la situation, je ne pouvais ignorer une question qui persistait : jusqu'où Marine allait-elle pour contrôler la campagne de Jordan ? Et jusqu'à quel point Jordan pouvait-il résister à cette pression ?

Cette nuit-là, je me couchai en proie à une foule de sentiments contradictoires. Je voulais croire en Jordan, en ce que nous partagions. Mais le doute s'était insinué, et je savais que rien ne serait plus pareil à partir de maintenant. J'étais résolue à découvrir la vérité, quelle qu'elle soit, et à affronter les conséquences, même si cela signifiait remettre en question tout ce que je croyais savoir sur Jordan et notre relation.

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