Lettre mystérieuse

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Les jours suivant notre décision de faire une pause, un étrange malaise persistait. Entre la campagne électorale et mes sentiments conflictuels pour Jordan, mon esprit était en constante ébullition. Le stress de notre relation compliquée et les pressions de la politique m'épuisaient, mais j'essayais de garder le cap. C'est dans ce climat tendu qu'un matin, en entrant dans mon bureau, je trouvai une enveloppe non marquée glissée sous la porte. Rien de particulièrement alarmant en apparence, mais quelque chose dans l'anonymat de cette lettre attira immédiatement mon attention.

J'ouvris l'enveloppe et découvris une feuille de papier où des mots découpés dans des magazines étaient collés pour former un message. Il était écrit : "Je te vois, Orane. Tu es si belle, si parfaite... mais attention à ce que tu fais. Jordan ne te mérite pas, et bientôt, tout le monde saura ce que tu caches."

Je restai un moment figée, relisant ces mots. Une sensation désagréable se déploya dans ma poitrine. Ce n'était pas simplement une menace voilée; il y avait quelque chose de sinistre, d'obsessionnel dans le ton du message. L'auteur semblait être fasciné par moi, tout en menaçant de révéler des secrets inconnus. Mais quels secrets ? Cette ambiguïté, combinée à la référence à Jordan, me troubla profondément.

Tentant de garder la tête froide, je cherchai des explications rationnelles. Peut-être n'était-ce qu'un admirateur déséquilibré ou une tentative de déstabilisation orchestrée par mes adversaires politiques. Nolwenn et Marine étaient les suspectes évidentes. Après tout, elles connaissaient la relation que Jordan et moi avions soigneusement gardée discrète. Toutefois, ce message avait une tonalité différente, moins directe que leurs manœuvres habituelles. Il y avait quelque chose de plus personnel, presque intime, qui ne collait pas avec les méthodes plus brutales de mes rivales.

Je décidai de ne pas me laisser perturber. J'avais des tâches plus urgentes à accomplir et des priorités plus importantes que de m'inquiéter d'une lettre potentiellement inoffensive. Je rangeai la lettre dans un tiroir, décidée à ne pas y prêter davantage d'attention.

Les jours suivants, cependant, d'autres incidents survinrent. Un matin, un bouquet de lys blancs fut livré à mon bureau, sans carte ni explication. Les fleurs étaient magnifiques, mais l'absence de note laissait une étrange impression. Puis, à peine une heure plus tard, un e-mail anonyme apparut dans ma boîte de réception. Le message contenait une photo de Jordan et moi, prise à travers une fenêtre, lors d'un moment intime et privé. La qualité de la photo n'était pas excellente, mais elle montrait clairement une proximité que nous avions toujours tenté de garder confidentielle.

Ce cliché, volé à notre intimité, me fit frissonner. Comment quelqu'un avait-il pu capturer ce moment ? La simple idée que quelqu'un puisse surveiller mes moindres mouvements, observer ma vie privée, était terrifiante. L'e-mail ne contenait qu'un court message : "On sait tout, Orane. Fais attention."

Le ton de ces messages était de plus en plus inquiétant. La référence à ma relation avec Jordan et la précision des informations suggéraient que l'expéditeur en savait beaucoup plus qu'il ne le devrait. L'obsession apparente de cette personne, combinée à la menace implicite, me donnait des sueurs froides. Était-ce une tentative de chantage ? Une forme de harcèlement ? L'incertitude me rongeait.

Malgré tout, je choisis de ne pas en parler à Jordan. Notre pause compliquait déjà suffisamment les choses, et je ne voulais pas l'inquiéter ou lui donner une raison de se méfier davantage. De plus, la campagne battait son plein, et il était crucial de maintenir une apparence de sérénité et de contrôle. J'essayai de me convaincre que ces messages n'étaient que les délires d'un individu déséquilibré, sans réelle menace.

Pourtant, une part de moi ne pouvait ignorer le sentiment grandissant d'être constamment observée. Les compliments sinistres déguisés en menaces, l'attention excessive portée à ma personne, et le regard intrusif sur ma vie privée me faisaient craindre le pire. Qui que ce soit, cette personne connaissait des détails intimes de ma vie, et ses intentions n'étaient clairement pas bienveillantes.

Les messages, bien que encore relativement bénins, portaient en eux une promesse inquiétante d'escalade. Comme un serpent rampant dans l'ombre, l'auteur semblait attendre son moment pour frapper, pour révéler ce qu'il savait ou ce qu'il croyait savoir. La question de son identité demeurait en suspens, une énigme qui me torturait. Je savais qu'il fallait rester vigilante, mais pour l'instant, je décidais de ne rien laisser transparaître, de ne montrer aucun signe de faiblesse. Les enjeux étaient trop importants, et je devais rester forte, ne pas me laisser abattre par ces menaces voilées. Pourtant, au fond de moi, je sentais que ce n'était que le début de quelque chose de beaucoup plus sombre.

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