Numéro 4

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POV Jordan :

J'étais en route pour le travail, mais avant de rejoindre le bureau du RN, une étrange intuition me poussait à faire un détour devant chez Orane. Ce n'était pas prévu, mais c'était plus fort que moi. Comme si un instinct me murmurait qu'il fallait que j'y aille, que quelque chose m'y attendait. Lorsque j'arrivai dans sa rue, une vague de panique m'envahit en voyant les voitures de police garées en face à chez elle et un convoi de voitures noires stationnées juste devant. Gabriel était là, planté devant la porte, l'air tendu.

Mon cœur s'accéléra. Malgré la confusion qui régnait entre Orane et moi, malgré cette maudite vidéo qui tournait en boucle dans ma tête, je ne pouvais m'empêcher de ressentir une angoisse viscérale à l'idée que quelque chose de grave soit en train de se passer. Je demandai à mon chauffeur de s'arrêter et je sortis précipitamment de la voiture.

En arrivant près de Gabriel, je ne pus retenir la question qui me brûlait les lèvres. « Qu'est-ce qui se passe ? » demandai-je, la voix un peu trop tendue à mon goût.

Gabriel me répondit brièvement, comme si chaque mot lui coûtait. Il m'expliqua que la police avait arrêté l'un des hommes responsables de la captivité d'Orane, et qu'elle devait se préparer à l'identifier. Mon estomac se noua à cette idée. Orane se préparait donc pour cela... Elle devait être dans un état de nervosité que je pouvais à peine imaginer.

Sans réfléchir davantage, je montai les escaliers menant à son appartement. C'était un endroit nouveau pour elle, pour nous, et je n'étais pas encore familier avec ce lieu. L'intérieur était silencieux, presque oppressant. J'avançais prudemment, cherchant à deviner où elle pouvait être, espérant la trouver avant qu'elle ne sorte.

Soudain, une silhouette sombre jaillit de la salle de bain, me percutant de plein fouet. C'était Orane. Dans la surprise de l'instant, elle n'avait pas réalisé ma présence et avait couru droit sur moi. Elle était en sous-vêtements, et dans un geste réflexe, elle saisit un haut pour dissimuler son corps. Un corps que je connaissais par cœur, et que je n'avais pourtant pas vu depuis si longtemps. Mon regard fut attiré par ses cheveux, coupés court, complètement différents de ce qu'ils étaient auparavant. Ce changement me frappa, elle semblait si différente, mais tellement... magnifique. Les joues d'Orane se mirent à rougir, cette petite habitude timide qui me faisait autrefois craquer. Elle se hâta vers la chambre à côté, ses petites fesses rebondissant à chaque pas, un détail que je ne pus m'empêcher de remarquer avec un sourire gêné. Cela faisait tellement longtemps que je ne l'avais pas vue ainsi.

Je restai là, immobile, sentant une vague de chaleur monter en moi, mêlée à une gêne palpable. Pourquoi ce simple moment, pourtant anodin, me semblait-il si lourd de sens ?

Quelques minutes plus tard, elle ressortit, habillée cette fois. Un legging noir, un tee-shirt de sport moulant, un gilet large et des baskets. Une tenue simple, mais je la trouvais incroyablement belle. Une beauté que je redécouvrais après tout ce temps, une beauté que je croyais avoir perdue. Elle se planta devant moi, visiblement nerveuse, cherchant ses mots.

« Accompagne-moi, s'il te plaît, Jordan. »

Je fus surpris par sa demande. J'hésitai, les mots restant coincés dans ma gorge. Il y avait cette vidéo, cette image d'elle avec cet autre homme, qui continuait de me hanter. Mais en même temps, devant moi, il y avait Orane, réelle, vulnérable. Je ne savais pas quoi répondre, et pendant une seconde, je pensai reculer, lui dire que ce n'était pas une bonne idée.

« Laisse tomber... Je... ce n'est pas une bonne idée... Tu dois avoir beaucoup à faire. » Elle se détourna, prête à sortir, mais avant qu'elle n'ait pu faire un pas de plus, je la retins par le bras.

« Je vais venir avec toi, Orane. »

Ma voix se voulait rassurante, mais je ne pouvais masquer une certaine hésitation. Elle se tourna vers moi, et pendant un instant, nos regards se croisèrent. Il y avait quelque chose dans ses yeux, une fragilité que je n'avais pas vue depuis longtemps. Cela me frappa en plein cœur.

Je pris une inspiration profonde, essayant de chasser les doutes qui me hantaient. Sa main était encore dans la mienne, et sans vraiment y réfléchir, je lui fis un léger sourire. Elle sembla le capter, et un léger sourire apparut également sur ses lèvres, mais il était tremblant, incertain.

Nous sortons ensemble, retrouvant Gabriel devant la porte. Il hocha la tête, signalant qu'il nous rejoindrait plus tard. Orane monta dans la voiture avec moi. Elle semblait tendue, perdue dans ses pensées, son regard fixé sur un point invisible. Je voulus lui prendre la main de nouveau, mais cette fois, je marquai une hésitation. Et si elle ne voulait pas ? Et si cela ne faisait que la rendre encore plus nerveuse ?

Je m’armai de courage, puis tendis la main vers la sienne, hésitant à mi-chemin, avant de finalement l’effleurer doucement. Elle ne me regarda pas, mais je sentis sa main se faire moins crispée. Je la laissai là, notre contact fragile mais présent, comme un pont qui se reconstruisait lentement entre nous.

Le reste du trajet se déroula dans un silence pesant.

À notre arrivée, nous sommes conduits dans une salle où la police attendait. Ils expliquèrent à Orane qu'elle devait identifier l'homme parmi plusieurs autres. Gabriel était là, toujours à ses côtés. Il tenta de la détendre en lui faisant un commentaire sur sa nouvelle coupe, qu'il trouvait très réussie. Je ne pus m'empêcher de sourire malgré la tension ambiante.

Enfin, les lumières s'allumèrent, révélant les hommes alignés devant nous. Orane tremblait légèrement, mais je pouvais sentir la force qu'elle essayait de puiser en elle. Je me rapprochai d'elle, restant légèrement en retrait, mais assez proche pour qu'elle sache que j'étais là.

Un des hommes me semblait familier, mais impossible de me rappeler d'où. C'est alors que la main d'Orane serra la mienne avec une telle force que j'en fus presque surpris. Sa peur était palpable, transmise à travers cette simple pression. De mon autre main, j’enroulai la sienne, me penchant vers son oreille.

« Ça va aller, Orane. »

Mes mots se voulaient apaisants, mais ils étaient maladroits, comme si je ne savais plus vraiment comment la rassurer. Je sentais encore le poids de cette vidéo, cette méfiance qui me rongeait, mais en cet instant, je m'efforçai de tout mettre de côté pour elle.

Elle sembla se détendre légèrement, mais son regard était toujours fixé sur les hommes devant nous.

« C'est... C'est le numéro 4, » dit-elle, la voix tremblante.

L'homme qu'elle désignait était celui qui m'avait semblé familier. Les policiers échangèrent des regards graves, confirmant que ce choix était significatif. Ils nous invitèrent à quitter la pièce. Gabriel s'avança pour féliciter Orane, la serrant dans ses bras, murmurant des mots que je ne pus entendre.

Il ne restait plus que nous deux. Je voyais ses larmes monter, prêtes à déborder. Mon réflexe fut de la prendre dans mes bras, de la serrer contre moi. Mais je marquai une pause, incertain. Est-ce que c'était ce dont elle avait besoin ? Ou est-ce que cela ne ferait que la troubler davantage ?

Finalement, je m'approchai lentement, posant une main tremblante sur son épaule. Elle ne se dégagea pas, alors j'avançai doucement, l'enlaçant avec précaution. Ce n'était pas une étreinte ferme, mais quelque chose de plus doux, plus hésitant. Je déposai un léger baiser sur le sommet de sa tête, presque instinctivement, et je la sentis se détendre un peu dans mes bras.

C'était maladroit, incertain.

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