le temps de la guérison

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Quelques semaines plus tard...

Le temps avait filé plus vite que je ne l'aurais cru. Après cette journée au commissariat, tout s'était comme figé dans ma vie. J'avais pris mes distances, avec tout et tout le monde, y compris Jordan. Ce n'était pas une décision facile, mais je savais que c'était nécessaire. J'avais besoin de me retrouver, de comprendre qui j'étais en dehors de cette relation, en dehors de ce chaos.

Au début, les journées semblaient interminables. Chaque matin, je me réveillais avec cette sensation de vide, cette absence qui pesait lourd sur mon cœur. Mais petit à petit, j'ai commencé à remplir ce vide autrement. J'ai repris mes habitudes, me concentrant sur le travail, me lançant dans des projets qui me passionnaient vraiment. J'ai aussi commencé à voir un thérapeute, quelqu'un qui m'aidait à mettre des mots sur ce que je ressentais, sur ce que j'avais traversé.

Au travail, Jordan et moi avions établi une sorte de routine silencieuse. Nos échanges étaient strictement professionnels, nos regards se croisaient parfois, mais jamais assez longtemps pour que cela devienne inconfortable. C'était étrange au début, de le voir chaque jour sans réellement le voir, sans ces discussions qui autrefois rythmaient nos journées. Mais avec le temps, cette distance a commencé à me faire du bien.

Je me rendais compte que, pour la première fois depuis longtemps, je respirais. Je n'étais plus submergée par cette tempête d'émotions, cette confusion constante. Je me sentais... plus légère, en quelque sorte. Je pouvais enfin me concentrer sur moi-même, sur ce que je voulais vraiment, sans cette pression incessante de devoir tout réparer, tout comprendre.

Jordan aussi semblait différent. Plus calme, plus posé. Je voyais bien qu'il faisait des efforts pour maintenir cette distance respectueuse entre nous, et je lui en étais reconnaissante. Chaque jour, il y avait un peu moins de cette tension palpable entre nous, un peu plus de cette paix fragile que nous avions réussi à instaurer.

Un matin, en arrivant au bureau, je me suis arrêtée devant la fenêtre de ma salle. Le soleil perçait à travers les nuages, baignant la pièce d'une lumière douce. Pour la première fois depuis longtemps, j'ai ressenti une vraie tranquillité. Ce n'était pas encore la paix complète, pas encore la guérison totale, mais c'était un pas dans la bonne direction.

Je repensais souvent à ce qui s'était passé entre nous, à ce baiser impulsif, à cette violence qui nous avait tous les deux dévastés. Mais au lieu de laisser ces souvenirs me consumer, je commençais à les accepter, à les intégrer dans cette nouvelle version de moi-même que j'étais en train de reconstruire.

Et Jordan ? Je ne savais pas vraiment ce qu'il ressentait. Nos interactions étaient limitées, nos conversations brèves. Mais il y avait quelque chose dans son attitude qui me disait qu'il respectait mon besoin d'espace, qu'il comprenait pourquoi cette distance était nécessaire. Peut-être qu'il était aussi en train de se reconstruire, à sa manière.

Alors que je me replongeais dans mon travail, une pensée me traversa l'esprit : peut-être que cette distance n'était pas seulement une manière de nous protéger, mais aussi une chance de nous redécouvrir, chacun de notre côté. De comprendre ce que nous voulions vraiment, sans l'ombre des blessures passées.

Pour l'instant, cela me suffisait. J'avais encore un long chemin à parcourir, mais pour la première fois depuis longtemps, je sentais que ce chemin était le bon. Et peut-être qu'un jour, lorsque nous serions prêts, lorsque nous aurions vraiment guéri, nous pourrions nous retrouver, non pas comme avant, mais avec une nouvelle perspective, une nouvelle force.

Mais pour l'instant, je me contentais de cette distance, de cet espace qui me permettait enfin de respirer. Parce que parfois, prendre du recul est la seule façon de réellement avancer.

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