POV Jordan :
Le tribunal était plongé dans une attente pesante. Le silence n'était brisé que par le grattement nerveux des stylos des journalistes et le léger bourdonnement des néons au-dessus de nos têtes. Tout semblait figé, comme si le temps s'était arrêté en attendant le verdict. Orane était assise à côté de moi, le dos droit, les mains jointes sur ses genoux. Malgré l'apparente sérénité qu'elle affichait, je sentais la tension dans chacun de ses muscles. Moi aussi, je retenais mon souffle. Ce moment, nous l'attendions depuis des semaines, des mois... depuis des années.
Le juge entra finalement, suivi des jurés. Un frisson traversa la salle. Chacun se redressa, comme si ce simple geste pouvait influencer la décision à venir. L'escouade juridique s'installa avec une solennité qui accentuait le caractère décisif de l'instant.
« Mesdames et messieurs, veuillez vous lever pour entendre le verdict. »
Je me levai en même temps qu'Orane, mon cœur battant à tout rompre. J'attrapai discrètement sa main et la serrai, sentant son pouls rapide contre mes doigts. C'était notre dernier instant de suspension avant que la vérité ne soit rendue publique.
Le président des jurés se leva, tenant entre ses mains le papier contenant la décision. Il le lut d'une voix ferme et claire, chaque mot résonnant comme un coup de marteau.
« Anton Lescaut, coupable de séquestration, enlèvement avec préméditation et violences aggravées. »
Les mots tombèrent comme un couperet. Lescaut resta de marbre, le visage impassible, mais je vis sa mâchoire se serrer, ses yeux froids et vides. Il n'était plus que l'ombre de l'homme qui avait orchestré cette folie, mais cela n'atténuait en rien l'horreur de ses actes.
« Nolwenn Le Gall, complice par incitation et soutien moral, reconnue coupable de complicité avec circonstances atténuantes. »
Nolwenn baissa la tête, ses épaules tremblant légèrement. Son visage, si fier auparavant, semblait maintenant écrasé par le poids de la honte et du regret. Il n'y avait plus de défi dans ses yeux, juste une lassitude infinie.
Le juge prononça alors les peines, d'une sévérité à la hauteur des crimes commis. Lescaut, condamné à vingt-cinq ans de prison ferme, sans possibilité de remise de peine avant quinze ans. Nolwenn, écopant de cinq ans de prison avec sursis et une interdiction de tout contact avec nous. Justice était rendue, enfin.
Orane se tourna vers moi, les larmes aux yeux. Ce n'était pas de la joie, ni même de la tristesse ; c'était le soulagement pur, brut, après des années de lutte silencieuse. Elle inspira profondément, comme si elle pouvait enfin respirer librement après des années d'apnée.
Quand le juge annonça la fin de l'audience, Orane se précipita vers Maître Fabre, l'avocat qui avait défendu son histoire avec tant de détermination. Elle se jeta dans ses bras, éclatant en sanglots, laissant échapper toute la pression accumulée. Les mots de gratitude se mêlaient à ses pleurs. « Merci... merci pour tout... »
Je restai en retrait, les observant. Voir Orane s'effondrer, lâcher prise après tout ce qu'elle avait traversé, me serra le cœur. C'était un moment de libération, et j'étais fier d'elle, plus que jamais.
Une fois ses larmes essuyées et le tribunal déserté, nous sortons ensemble dans l'air frais de la fin d'après-midi. Orane semblait différente, plus légère, comme si une partie de ses chaînes invisibles venait de tomber. Elle me regarda, les yeux encore brillants mais un sourire timide sur les lèvres.
« Jordan... » commença-t-elle doucement. « Est-ce que tu voudrais venir chez moi ? Juste... pour être ensemble. »
Sa proposition me surprit, pas parce qu'elle était inattendue en soi, mais parce que cela faisait longtemps que nous n'avions pas partagé un espace aussi intime. Depuis sa libération, nos rencontres étaient restées marquées par une certaine distance, comme si nous avions peur de rouvrir des plaies encore fragiles. Mais aujourd'hui, cette invitation sonnait comme un nouveau départ, une porte entrouverte vers quelque chose de plus doux.
Je lui souris, un sourire sincère, empli d'émotion. « Bien sûr, je viens. »
Nous nous rendons chez elle, dans cet appartement qu'elle avait redécoré avec soin depuis sa libération, créant un espace qui lui ressemblait enfin. L'atmosphère y était apaisante, réconfortante, et pour la première fois depuis longtemps, je me sentis pleinement à ma place.
Assis sur son canapé, nous nous perdons dans une conversation simple, sans faux-semblants, comme si nous avions enfin le droit de respirer sans crainte. Orane se rapprocha, posant sa tête contre mon épaule. Le contact de sa peau contre la mienne était une sensation familière et pourtant, ce soir-là, il y avait quelque chose de différent. Un sentiment de renouveau, de guérison.
Je passai mon bras autour de ses épaules, et elle se blottit un peu plus contre moi. L'intimité de ce moment, le calme après la tempête, était un trésor que je chérissais en silence. Les mots n'étaient pas nécessaires ; la proximité parlait d'elle-même.
Orane leva finalement les yeux vers moi, son regard brûlant de mille émotions. Ce n'était pas juste du soulagement, mais aussi du désir, une envie de reprendre le contrôle de sa vie, de ses choix. Elle m'embrassa, doucement d'abord, puis avec une passion contenue depuis trop longtemps. C'était un baiser empreint de toutes nos batailles, de nos peurs et de notre espoir.
Je sentis mon cœur s'emballer, mais je restai attentif à elle, prêt à m'arrêter si elle le souhaitait. Pourtant, Orane ne se déroba pas. Elle me tira un peu plus vers elle, ses mains glissant contre ma nuque. Ce n'était pas seulement un moment romantique ; c'était une affirmation de sa force, de notre lien indéfectible.
Sans précipitation, nous laissons ce moment nous emporter, nos gestes guidés par une tendresse infinie et un besoin réciproque de se retrouver, vraiment. Chaque caresse, chaque regard, était une promesse silencieuse de soutien et d'amour.
Ce n'était pas juste une fin heureuse après un long cauchemar ; c'était le début d'un nouveau chapitre, plus serein, où nous allions enfin pouvoir être nous-mêmes, ensemble, sans les fantômes du passé pour nous hanter.
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Passions et Politique
General FictionOrane Hoarau, une jeune femme pleine de passion et de détermination, se lance dans le monde complexe et tumultueux de la politique française. Aux côtés de Gabriel Attal, talentueux stratège du gouvernement, elle commence à apprendre les ficelles du...