Toc Toc

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POV Jordan :

Quelques jours avaient passés et je ne savais plus quoi penser. Tout ce que j'avais fait, tout ce que j'avais espéré... tout me semblait soudainement vide de sens. Pendant trois ans, je m’étais préparé à ce moment, à son retour. J’avais imaginé mille fois comment je la prendrais dans mes bras, comment je pleurerais de soulagement en la voyant enfin en sécurité. Mais rien, rien de tout cela ne s'était passé comme je l'avais imaginé. Son retour avait été un coup de poing en pleine poitrine, un rappel brutal de la réalité que j'avais tenté de fuir.

Le souvenir de cette vidéo, chaque image gravée dans ma mémoire, revenait me hanter à chaque instant. C’était comme un poison qui m’avait lentement détruit de l’intérieur. Et maintenant, tout ce que je ressentais était de la colère, de la confusion.

Le martèlement soudain à la porte me ramena brusquement à la réalité. Les coups résonnaient dans l'appartement, insistants, implacables. Mon cœur se mit à battre à tout rompre alors que je me précipitai pour ouvrir. Une peur sourde montait en moi : était-ce une autre vérité insoutenable qui allait encore tout briser ?

Lorsque j'ouvris la porte, prêt à affronter n'importe quoi, la personne qui se tenait là me laissa sans voix. C'était Orane. Ses yeux étaient rouges, ses joues marquées par des larmes, mais c’était la colère qui dominait, une colère si intense qu'elle en était presque palpable. Avant même que je puisse dire un mot, elle me repoussa brutalement, entrant dans l’appartement avec une détermination que je ne lui connaissais pas.

"Qu'est-ce que tu as, Jordan ?!" hurla-t-elle, sa voix tremblante d'une rage désespérée. "Pourquoi tu ne m'as pas prise dans tes bras quand je suis revenue ? Pourquoi tu me regardes comme si j'étais une étrangère ?!"

Je sentis une vague de colère monter en moi, alimentée par des mois de frustration et de doutes. Les émotions que j'avais tant réprimées, refoulées, éclatèrent soudainement, libérées par l'intensité du moment.

"Qu'est-ce que j'ai ?!" répliquai-je, ma voix montant en intensité pour égaler la sienne. "Qu'est-ce que j'ai, Orane ?! Tu veux vraiment savoir ?!" Les mots jaillirent de ma bouche, brutaux, portés par une force que je ne contrôlais plus.

"Pendant deux ans, j'ai vécu avec cette douleur, cette foutue douleur de ne pas savoir où tu étais, si tu étais en vie, si je te reverrais un jour. Et maintenant, tu es là... et tu crois que tout va redevenir comme avant ?!"

Elle recula légèrement, visiblement déconcertée par la violence de mes propos. "Jordan, je ne comprends pas... pourquoi tu es comme ça avec moi ? Qu'est-ce qui s'est passé ? Qu'est-ce que j'ai fait ?"

Sa voix se brisa à la fin de sa phrase, et je vis une lueur d'incompréhension traverser ses yeux. Mais je ne pouvais plus me taire. Tout ce que j'avais refoulé, toutes les questions, les doutes, tout éclatait enfin.

"Ce que tu as fait ?! Je t'ai aimée, Orane, je t'ai aimée plus que tout, et pendant tout ce temps, tout ce que j'avais pour me raccrocher, c'était cette putain de vidéo !"

"Quelle vidéo ?" Elle semblait réellement perdue, comme si elle n'avait aucune idée de ce dont je parlais. "Jordan, je ne comprends pas... Quelle vidéo ?"

"Ne fais pas semblant de ne pas savoir," crachai-je, la voix rauque de douleur. "La vidéo où tu étais allongée sur un lit, avec cet homme. Tu ne l'as pas repoussé, Orane. Tu semblais... tu semblais consentante."

Elle me fixa, l'incompréhension totale se peignant sur son visage, avant que celle-ci ne se transforme en une lueur d'indignation et de colère. Sans que je puisse réagir, elle me gifla avec une force que je n’aurais jamais cru possible de sa part. Le bruit sec de la gifle résonna dans l’appartement, figeant l’instant.

"Comment oses-tu ?!" s’écria-t-elle, sa voix tremblant autant de colère que de douleur.

"Comment tu peux croire une chose pareille, après tout ce qu’on a traversé ? Tu crois vraiment que j’aurais pu te faire ça, Jordan ? Après tout ce qu’on a vécu ensemble ?!"

Je restai figé, incapable de réagir, ma joue brûlante là où sa main avait frappé. Je la vis vaciller, comme si la force de sa propre action l’avait brisée. Ses jambes fléchirent, et elle s’effondra au sol, ses épaules secouées par des sanglots incontrôlables.

"Je ne me souviens de rien, Jordan," sanglota-t-elle. "Je ne sais pas de quelle vidéo tu parles, mais je sais que je ne t’aurais jamais trahi. Je t’aime… je t’aime tellement… Comment tu peux douter de moi comme ça ?"

Ses larmes me déchiraient, chaque sanglot me transperçait, mais le doute qui m’avait rongé si longtemps m’empêchait de tendre la main pour la relever. "Je voulais te croire, Orane," murmurai-je, la voix brisée. "Je voulais croire que ce n’était pas vrai. Mais cette vidéo… elle a tout changé pour moi. J'ai essayé de me dire que ce n'était pas toi, que ce n'était pas possible. Mais chaque jour, chaque nuit, elle est revenue me hanter."

Elle leva les yeux vers moi, ses joues inondées de larmes, son visage déformé par la douleur. "Jordan, je te jure… je n'ai rien fait. Je ne sais pas ce qu'il s'est passé, mais je t'en supplie, ne me laisse pas, ne me repousse pas… Je t'aime, je t'aime tellement…"

Je sentis une vague de regret m’envahir, mais la peur, le doute étaient encore là, me paralysant. "Je t’aime aussi, Orane, mais je ne sais plus si je peux te croire… Je suis perdu."

Elle resta là, à mes pieds, brisée, ses sanglots résonnant dans le silence qui s'était abattu sur nous. Et moi, figé par mes propres démons, je restai incapable de bouger, de la consoler, de retrouver ce que nous avions perdu.

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