Le choc de ses paroles me cloua sur place. Nous n’étions plus en France. La réalité de la situation s’abattait sur moi comme une chape de plomb, me paralysant de la tête aux pieds. Tout ce que je connaissais, tous les repères auxquels je pouvais me raccrocher, s’étaient volatilisés. J'étais seule, coupée du monde, à la merci de cet homme qui, malgré son apparence inoffensive, était l’incarnation même du danger.
Je reculai instinctivement, mon cœur battant la chamade, comme si le simple fait de m’éloigner de lui pouvait me protéger de l’horreur de ce qui se passait. Mais il restait immobile, un sourire énigmatique sur les lèvres, observant mes moindres mouvements avec une tranquillité qui me glaçait le sang. Son calme contrastait violemment avec la tempête qui faisait rage en moi, accentuant encore davantage le sentiment d'impuissance qui me submergeait.
"Pourquoi... Pourquoi vous faites ça ?" balbutiai-je, ma voix à peine audible, étouffée par la peur.
"Orane, je te l'ai déjà dit. Arrête de dramatiser." Il haussa les épaules avec une indifférence insupportable. "Tout ce que je fais, c’est pour ton bien. Pour notre bien."
"Notre bien ?" répétais-je, incrédule. "Vous m'avez kidnappée, vous m’avez menacée, et vous parlez de notre bien ? Vous êtes malade, complètement malade !"
Il secoua la tête, comme un parent face à un enfant incompréhensif, et s'approcha lentement de moi. Je reculai d’un pas, puis d’un autre, jusqu’à ce que mon dos rencontre le mur froid. Il ne s’arrêta qu’à quelques centimètres de moi, son regard plongé dans le mien, me scrutant avec une intensité déconcertante.
"Tu es une femme intelligente, Orane. Tu devrais comprendre que tout cela n’est qu’un moyen d’arriver à une fin. Tu avais besoin d’un électrochoc, d’une véritable prise de conscience. Et moi, je suis là pour t’offrir cette opportunité."
"Une opportunité ?! Vous me tenez ici contre ma volonté, et vous appelez ça une opportunité ?" La colère prit le dessus, ravivant une étincelle de combativité en moi. "Vous ne m'avez rien offert d'autre que de la peur et du désespoir."
Il resta silencieux un instant, me fixant toujours avec ce même sourire glacial. Puis il murmura, sa voix prenant une tonalité plus sombre : "Tu n’as toujours pas compris, n’est-ce pas ? Tu ne pourras pas fuir, Orane. Pas tant que tu n’auras pas fait ce que je te demande."
"Et qu’est-ce que vous voulez que je fasse, hein ? Qu’est-ce que vous attendez de moi ?"
"Je veux que tu cesses de jouer à la femme forte. Je veux que tu te soumettes, que tu reconnaisses que tu n’es pas invincible. Tu vas écrire une lettre, Orane. Une lettre où tu avoues tout. Tes doutes, tes peurs, ton envie de fuir. Et tu vas quitter cette vie que tu tentes désespérément de protéger. Tu aspires à autre chose, n’est-ce pas ? À une vie plus simple, loin de toute cette pression."
Sa voix suintait la manipulation, chaque mot étant soigneusement choisi pour s’insinuer dans mon esprit, pour éroder ma résistance. Je comprenais maintenant qu’il n’était pas seulement question de m’isoler physiquement. Il voulait me briser mentalement, me convaincre que cette folie était le chemin que je devais suivre.
"Jamais", dis-je, ma voix se renforçant à mesure que je prononçais ce mot. "Jamais je ne ferai ce que vous me demandez."
Un éclat de colère traversa ses yeux, mais il reprit vite son masque de calme imperturbable. "Ne sois pas si catégorique, Orane. Tu n’as aucune idée de ce dont je suis capable. Tu as déjà subi des conséquences pour ta désobéissance, mais ce n’était qu’un avant-goût."
Le souvenir de ces messages, des photos, de la peur constante qui m'avait suivie, me revint en mémoire. Et pourtant, malgré cette terreur palpable, quelque chose en moi se rebella. Une petite voix, presque étouffée par la panique, me disait de ne pas céder, de ne pas lui donner ce qu’il voulait. Mais la question restait : comment tenir tête à un homme capable de tout, dans un endroit où personne ne viendrait me chercher ?
Voyant mon hésitation, il reprit la parole, sa voix redevenant douce, presque caressante : "Ne t’inquiète pas. Je te donnerai le temps qu’il te faudra pour comprendre. Mais souviens-toi que le temps joue contre toi. Plus tu résisteras, plus les choses deviendront difficiles."
"Je ne vous obéirai jamais", répétai-je, tentant de convaincre autant lui que moi-même.
Il se pencha légèrement vers moi, son souffle chaud contre ma joue. "Nous verrons bien, Orane. Nous verrons bien..."
Puis il se redressa et recula vers la porte. Avant de sortir, il se tourna une dernière fois vers moi, un sourire narquois aux lèvres : "N'oublie pas, Orane. Nous sommes loin de tout, loin de la France, loin de ce monde que tu connais. Il n'y a personne pour t'entendre crier ici. Réfléchis bien à ce que tu veux vraiment."
La porte se referma derrière lui dans un claquement sourd, me laissant seule dans cette chambre qui, à présent, me semblait encore plus oppressante. Je me laissai glisser le long du mur, les jambes tremblantes, et éclatai en sanglots. Le désespoir m'envahissait, mais quelque part, dans un coin reculé de mon esprit, une petite étincelle de rébellion continuait de briller.
Je devais tenir bon. Pour moi, pour Jordan, pour ne pas céder à la folie qui tentait de m’engloutir. Mais comment allais-je sortir de cet enfer ? Comment allais-je échapper à cet homme qui semblait avoir tout prévu, tout orchestré ? Les réponses ne venaient pas, seulement le silence pesant et la certitude que le pire était encore à venir.
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Passions et Politique
General FictionOrane Hoarau, une jeune femme pleine de passion et de détermination, se lance dans le monde complexe et tumultueux de la politique française. Aux côtés de Gabriel Attal, talentueux stratège du gouvernement, elle commence à apprendre les ficelles du...