Je ne sais pas trop comment aborder tout ça, mais peut-être que l'écrire m'aidera à mettre un peu d'ordre dans ce chaos que je ressens. C'est étrange, tu sais, de penser à quel point tout est devenu si compliqué. Durant ce cauchemar que j'ai vécu, je n'ai cessé de penser à toi. À ta manière de me faire rire, à ta voix, à ton odeur qui m'apaisait instantanément, à ce sourire qui a toujours eu le pouvoir de me faire chavirer, peu importe l'état dans lequel je me trouvais. Je me raccrochais à ces souvenirs comme à une bouée, espérant qu'ils me protègeraient du naufrage. Pourtant, quand je t'ai revu pour la première fois après tout ce qui s'est passé, ma douleur n'a fait qu'empirer. Te voir là, si proche et pourtant si loin, comme un étranger alors que nous avons partagé tant de moments, tant de nous... ça m'a brisé le cœur.
Il y avait un gouffre entre nous, un vide que je n'avais jamais ressenti auparavant. Ce n'était pas seulement la distance physique, mais quelque chose de plus profond, de plus insidieux. Nous étions là, dans la même pièce, mais c'était comme si nous étions séparés par des années-lumière. C'était un sentiment de perte, de désorientation, comme si j'avais perdu une partie de moi-même en te perdant, toi.
J'ai perdu tout mon courage. Par protection, par peur de souffrir encore plus, j'ai bâti cette carapace, comme celle que je vois se former autour de toi. C'est une armure qui m'empêche de ressentir, de montrer, de dire ce qui est enfoui en moi. Te montrer cette cicatrice... C'était un effort intense, un rappel cruel que tu es devenu si distant, si inaccessible. C'était comme me dénuder devant toi, te montrer une partie de moi que je voulais tant cacher, une partie de moi que je déteste. Et dans ton regard, je n'ai vu que la confirmation de mes peurs. Alors je me suis enfermée dans ce silence, incapable d'exprimer ce que je ressens vraiment. J'ai laissé cette armure m'envelopper, me protéger, mais elle m'étouffe aussi.
De la colère ? Oui, certainement. Mais je ne sais même pas contre qui elle est dirigée. Contre moi-même pour ne pas avoir été assez forte ? Contre toi pour ne pas avoir vu au-delà de la surface ? Contre cette situation qui nous a engloutis tous les deux, qui a pris ce que nous avions de plus précieux et l'a détruit ? Et puis il y a cet amour... Évidemment que je t'aime encore. Comment pourrais-je ne plus t'aimer ? Mais c'est comme s'il était bloqué au fond de moi, prisonnier, incapable de s'échapper, de t'atteindre, de te toucher comme avant. Mes mots, ces mots que je voudrais tant te dire, ne sortent pas de ma bouche. Ils restent là, coincés dans ma gorge, me brûlant de l'intérieur, comme un feu que je ne peux éteindre.
Je me demande souvent, que s'est-il passé entre nous pour en arriver là ? Était-ce inévitable ? Y avait-il quelque chose que nous aurions pu faire pour éviter cette distance qui s'est creusée entre nous ? Si je pouvais hurler à quel point tu me manques, Jordan, si je pouvais te hurler mon amour, je le ferais. J'aimerais que tu me dises que tu m'aimes encore, que rien de tout cela n'a changé ce que nous étions. Sentir ta peau contre la mienne, tes lèvres sur les miennes, comme avant, avant que tout ne s'effondre. J'aimerais guérir de ces blessures qui me rongent, effacer les cicatrices que cette histoire a laissées sur mon cœur. Je te veux, toi, ici et maintenant avec moi, mais est-ce seulement possible ? Peut-on vraiment revenir en arrière, retrouver ce que nous avons perdu ? Ou est-ce que nous sommes condamnés à vivre avec ce manque, cette absence, pour le reste de nos vies ?
Et cette satanée vidéo... Je voudrais tant que tu puisses l'oublier, que tu puisses voir la vérité, comprendre que je n'y suis pour rien. C'est une pensée qui me hante chaque jour. Cette vidéo, ce moment qui a tout changé, qui a tout détruit. Je me demande ce que tu as ressenti en la voyant. De la trahison ? De la colère ? Du dégoût ? Je ne peux m'empêcher de me demander si tout aurait été différent si tu n'avais jamais posé les yeux sur elle. Mais je sais que c'est impossible, que cette distance qu'elle a créée entre nous est un abîme dans lequel nous risquons de nous perdre à jamais. Je me demande parfois comment j'aurais réagi si j'avais été à ta place. Aurais-je été capable de te pardonner, de faire la part des choses ? J'en doute. Je comprends ta réaction, même si elle me fait tellement mal. Parce qu'au fond, je sais que cette vidéo a tout changé, que rien ne sera jamais comme avant, et c'est cette pensée qui me dévaste.
J'aimerais pouvoir tout effacer. Revenir en arrière, effacer cette vidéo, effacer ce qui a suivi, et retrouver ce que nous avions. Retrouver cette simplicité, cette évidence que nous étions faits l'un pour l'autre. Mais c'est impossible. Je ne peux pas effacer le passé, aussi douloureux soit-il. Alors je reste ici, avec ce carnet, avec ces mots que je n'oserai jamais te montrer ni te dire, avec ce poids sur mon cœur, espérant que, peut-être, un jour, nous pourrons trouver une façon de nous retrouver. Une manière de surmonter tout cela, de reconstruire ce que nous avons perdu. Mais pour l'instant, je ne sais pas comment. Je ne sais pas si c'est possible. Et cette incertitude me ronge, m'angoisse, me laisse dans un état de désespoir que je ne sais comment surmonter.
Peut-être qu'écrire ces mots, même s'ils ne te seront jamais lus, m'aidera à y voir plus clair. Peut-être qu'en les posant sur le papier, je trouverai un semblant de paix, un moyen de faire face à tout ce que je ressens. Ou peut-être que ce ne sera qu'une autre tentative vaine de fuir la réalité. Je ne sais pas. Mais je dois essayer, car rester silencieuse ne fait que m'étouffer davantage..
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Passions et Politique
General FictionOrane Hoarau, une jeune femme pleine de passion et de détermination, se lance dans le monde complexe et tumultueux de la politique française. Aux côtés de Gabriel Attal, talentueux stratège du gouvernement, elle commence à apprendre les ficelles du...