La vérité

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POV Jordan :

Lorsque j'arrivai au commissariat, l'air était lourd, chargé de cette tension sourde qui précède les mauvaises nouvelles. En entrant, je ne m'attendais à rien de particulier, juste une nouvelle complication à gérer dans ce tourbillon de problèmes. Mais en franchissant les portes, je l'aperçus, elle. Orane. Assise là, dans la salle d'attente, son visage fermé, ses mains crispées sur ses genoux.

Mon cœur fit un bond dans ma poitrine. Qu'est-ce qu'elle faisait ici ? Je m'approchai, hésitant, mais avant que je ne puisse dire un mot, un policier sortit de son bureau et nous invita à le suivre.

« Monsieur Bardella, Mademoiselle... » Il marqua une pause, jetant un regard vers Orane, avant de poursuivre. « Nous vous prions de nous suivre. »

Nous nous dirigeons vers une petite salle, loin des regards indiscrets. L’atmosphère se faisait plus oppressante à mesure que nous avancions. À l'intérieur, une table, quelques chaises, et un écran. Le policier nous fit asseoir et, d'une voix grave, nous avertit : « Les images que vous allez voir peuvent être perturbantes. »

Mon estomac se noua. J'avais déjà une idée de ce qu'ils allaient nous montrer, cette satanée vidéo qui avait tout détruit entre nous. Lorsque les premières images apparurent à l’écran, mon cœur s'emballa. C'était bien elle, cette vidéo que je connaissais déjà trop bien, celle qui avait tout dévasté. Ma mâchoire se serra, et je tournai la tête vers le policier.

« Pourquoi vous nous montrez ça ? » demandai-je, la voix teintée d'agacement. « Je connais déjà cette vidéo. Pourquoi m'avoir appelé pour ça ? »

Il ne répondit pas tout de suite, jetant un coup d’œil à ses collègues. « Patientez un instant, monsieur Bardella. La vidéo n’est pas encore terminée. »

Je me tournai de nouveau vers l’écran, cette fois plus attentif. Les images reprirent. Ce que je vis ensuite me glaça le sang. La vidéo continuait après ce que j'avais vu la première fois. On pouvait entendre des murmures, des paroles incohérentes... La voix d'Orane. Elle semblait paniquée, désorientée, et puis, les mots qui suivirent me frappèrent comme un coup de poing : « Arrête... Arrête de me toucher... »

Je la vis alors, affalée, impuissante, trop faible pour se défendre, sa voix à peine audible, et cet homme... Cet homme que je détestais, qui la soulevait comme une poupée de chiffon. Elle ne pouvait même pas se tenir debout seule, droguée, à la merci de ce salaud. Ma gorge se serra, et une rage sourde monta en moi, bouillonnante.

Orane était à côté de moi, cherchant désespérément une réaction sur mon visage. Elle voulait voir quelque chose, n'importe quoi qui puisse lui dire que j'avais compris, que je la croyais enfin. Mais je n’arrivais plus à penser clairement. La colère m’aveuglait.

Je ne pouvais plus rester là, enfermé dans cette pièce, à regarder ce monstre se jouer d'elle. Je me levai précipitamment et sortis sans un mot, laissant tout derrière moi, y compris Orane. Mais alors que je sortais de la salle, j’aperçus une porte entrebâillée, révélant la silhouette de cet homme... L'expéditeur de cette vidéo, le salaud qui avait tout causé.

Sans réfléchir, sans même sentir mes pieds bouger, je me précipitai vers lui. Le choc sur son visage me donna une brève satisfaction.

« Espèce de fils de pute ! » hurlai-je en le plaquant contre le mur.

Son regard croisa le mien, surpris d’abord, puis se mua en un sourire narquois qui ne fit qu’attiser ma rage.

« Jordan, Jordan... », commença-t-il, sa voix dégoulinant de mépris. « Tu crois vraiment que tu as tout compris ? »

Je le plaquai contre le mur, mon poing s’abattant sur son visage. Le choc de l’impact résonna à mes oreilles comme un écho lointain, noyé sous le rugissement de ma colère.

« Tu n’as rien vu, Jordan. Rien du tout », continua-t-il, crachant du sang. Il osa encore sourire, cet enfoiré. « Tu crois qu’elle te pardonnera un jour ? Elle te déteste, mon vieux. Elle ne t’aime plus, elle ne peut même plus te regarder en face sans penser à ce que tu as laissé faire. »

Je frappai encore, mais cette fois, ses mots commencèrent à m’atteindre, à percer l’armure de rage qui me protégeait. « Tu sais ce qu'elle m'a dit, juste avant que je la touche ? Elle m’a supplié, Jordan. Supplié comme elle ne l’a jamais fait avec toi. »

Je ne savais plus si c’était vrai ou s’il inventait, mais je ne pouvais plus m’arrêter. Tout ce qu’il disait n'était qu'un poison, mais un poison qui me faisait voir rouge.

« Elle était à moi ce soir-là, tu comprends ? C’est pour ça qu’elle ne pourra jamais te pardonner. Tu l’as perdue ce jour-là. Définitivement. »

À ces mots, ma rage éclata. Je le frappai encore, et encore, ne ressentant que la douleur dans mes propres mains et le goût amer de ses paroles dans ma bouche. Nous hurlions l’un sur l’autre, lui avec ce mépris qui transperçait chaque mot, et moi avec cette colère sourde qui ne voulait plus me lâcher.

Les policiers arrivèrent enfin, se jetant sur nous pour nous séparer, me tirant en arrière alors que je continuais de hurler. Je ne pouvais pas me calmer, je ne voulais pas. Tout ce que je voyais, tout ce que je sentais, c'était cette rage, ce besoin viscéral de lui faire payer.

Orane était là, quelque part dans ce chaos, et elle essayait de me tirer loin de lui. Elle me poussait, me tirait, m'entraînait dans une autre pièce, mais je n’étais plus là, perdu dans cette confrontation, incapable de lâcher prise. Je hurlais encore, ma voix brisée, et lui, de l'autre côté, continuait de m'attaquer verbalement, son mépris m’atteignant comme une lame acérée.

Puis soudain, tout bascula. Orane s'approcha de moi, ses mains agrippant mon visage. Et avant que je ne puisse réagir, elle m'embrassa. Ce n'était pas un baiser doux ou apaisant, c’était un baiser brut, presque désespéré, presque violent chargé de tout ce qu’elle ressentait mais ne pouvait dire. C’était un baiser qui parlait de la douleur, de la trahison, et de ce besoin désespéré de s'accrocher à quelque chose, même si ce quelque chose était en train de s'effondrer.

Je restai figé, choqué d’abord, incapable de comprendre ce qui se passait. Mais peu à peu, je sentis cette rage se transformer en quelque chose d’autre, quelque chose que je ne voulais pas admettre. Ce n'était pas un acte de réconciliation, ni une simple impulsion. C'était une collision entre deux êtres brisés, cherchant un semblant de contrôle dans ce chaos.

Je répondis enfin à ce baiser, mes bras l'entourant, la tenant aussi fort que je le pouvais, non pas par amour, mais par besoin, par désespoir, par cette peur de tout perdre, même si tout était déjà en ruines.

Lorsqu’elle se recula, haletante, nos regards se croisèrent. Il n'y avait pas de réconfort dans ses yeux, juste une fatigue, une compréhension tacite que rien ne serait plus comme avant. Peut-être que ce moment n'était qu'une pause dans la tempête, un répit temporaire. Mais pour la première fois depuis longtemps, je sentis que, malgré tout, nous étions encore là, ensemble, d'une manière ou d'une autre. Peut-être qu'il n'y avait plus rien à sauver, ou peut-être que c'était simplement la fin d'une bataille et le début d'une autre, plus difficile encore. Mais une chose était certaine : nous allions devoir l'affronter ensemble, pour le meilleur ou pour le pire.

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