Le grand événement en plein air avait attiré une foule considérable. C’était une rare occasion où tous les candidats se retrouvaient dans un cadre moins formel, entourés des citoyens curieux de découvrir la face plus humaine de leurs représentants politiques. Le soleil estival baignait le parc d'une lumière dorée, rendant l'atmosphère détendue et presque festive. Malgré l'apparence joyeuse, une tension sous-jacente planait, exacerbée par les jeux de pouvoir et les stratégies en cours.
Jordan et Nolwenn firent une entrée remarquée, attirant immédiatement les projecteurs des journalistes. Leur arrivée conjointe, soigneusement orchestrée par Marine, avait pour but de balayer les rumeurs sur notre relation. Nolwenn, ex-compagne de Jordan, jouait à merveille le rôle de l’alliée retrouvée, une façade que je trouvais à la fois comique et pathétique. Jordan, quant à lui, tentait de paraître naturel, mais je pouvais percevoir une lueur de malaise dans son comportement. Les questions des journalistes étaient incisives, remettant en cause le timing de ce rapprochement médiatique.
Quand Gabriel Attal, mon mentor politique et précieux allié, m’aida à sortir de la voiture, les regards se tournèrent vers nous. J’échangeai un bref regard avec Jordan, son expression empreinte d'un mélange de frustration et de désir mal dissimulé. Nolwenn, de son côté, me lança un regard glacial, ses yeux trahissant une jalousie à peine contenue. Marine avait manifestement réussi à la convaincre de jouer le rôle de la compagne idéale, mais la tension était palpable.
Un journaliste me posa une question épineuse : « Madame Hoarau, que pensez-vous du retour de Mademoiselle Nolwenn aux côtés de Monsieur Bardella ? »
Je pris une seconde pour savourer la question, sentant tous les regards fixés sur moi. « Les alliances en politique sont souvent complexes et peuvent surprendre. Je suppose que le public sera le meilleur juge de leur sincérité. » Mon sourire était aussi énigmatique que possible, tout en jetant un regard espiègle vers Jordan.
Gabriel, toujours prompt à saisir les sous-entendus, ajouta avec un sourire en coin : « Après tout, ce n'est pas la première fois que des retours inattendus secouent la scène publique. » Il savait jouer avec les mots, injectant juste ce qu'il fallait de mystère.
Nous rejoignîmes notre stand, accueillant chaleureusement les citoyens. La journée se déroulait dans une ambiance conviviale, même si, au fond de moi, je sentais le poids des regards scrutateurs de Jordan et Nolwenn. De temps à autre, nos yeux se croisaient, et il était difficile de ne pas sourire devant cette situation absurde. Nolwenn restait collée à Jordan, mais je pouvais voir dans ses gestes et expressions une nervosité croissante. Elle ne supportait manifestement pas le jeu de regards que Jordan et moi partagions.
Lorsque le barbecue collectif commença, je me retrouvai assise face à Jordan, Nolwenn à ses côtés et Marine non loin, surveillant la scène comme un faucon. Les pieds de Jordan et les miens se frôlèrent sous la table, déclenchant une série de regards et de sourires complices. Jordan, dans une tentative de détendre l'atmosphère, lança une remarque pleine de sous-entendus : « C'est amusant de voir comment certaines histoires finissent par tourner. »
Je levai les yeux, accrochant son regard avec malice. « Oui, la vie est pleine de surprises. Certaines plus agréables que d'autres. » Mon ton était léger, presque moqueur, mais l'implication était claire.
Nolwenn, agacée par notre complicité tacite, se pencha vers Jordan et murmura quelque chose à son oreille, un regard dur dirigé vers moi. Je ne pouvais entendre ses mots, mais son langage corporel était un livre ouvert : elle était jalouse, inquiète de la proximité émotionnelle que Jordan et moi semblions partager. Son sourire forcé et ses tentatives maladroites de monopoliser l'attention de Jordan ne faisaient qu'accentuer son malaise.
Gabriel, observant la scène avec une attention bienveillante, se tourna vers moi. « Tu sais, Orane, parfois, les meilleures stratégies sont celles où l'on ne fait rien du tout et où on laisse les autres se révéler d'eux-mêmes. » Sa voix douce et rassurante me rappela de rester calme et de profiter du spectacle.
La journée avançait, et bientôt il fut temps de nous réunir sur une petite estrade pour répondre aux questions des citoyens. Marine prit la place de Jordan sur scène, le sourire figé, prête à attaquer. Les questions fusaient, couvrant une gamme de sujets politiques et personnels. Marine ne put s'empêcher de glisser quelques piques, cherchant à me déstabiliser. Elle évoqua subtilement les alliances changeantes et la nécessité de la fidélité aux valeurs, ses mots visiblement dirigés vers moi.
Je restai impassible, répondant avec une froideur polie. « La fidélité, Marine, est une qualité précieuse. Mais elle doit avant tout être envers soi-même et ses convictions. » Mon regard, froid et déterminé, croisa le sien, défiant ses tentatives de me provoquer.
Lorsque la session de questions-réponses se termina, nous nous dispersons pour rejoindre nos stands. Le barbecue continuait, mais l'attention des caméras diminuait, offrant un rare moment de détente. Jordan et Nolwenn restèrent à distance, mais nos regards se croisaient toujours, chargés de sous-entendus. Nolwenn, manifestement mal à l'aise, essayait de capter l'attention de Jordan, mais celui-ci semblait ailleurs, souvent distrait.
Alors que je regagnais ma voiture, Gabriel m'accompagnant, Jordan s'approcha discrètement. Il me suivit jusqu'à la portière, son dos face aux spectateurs potentiels, masquant notre échange. Gabriel, remarquant la tension, nous laissa un instant de répit.
Jordan se pencha vers moi, ses yeux brillants d'une intensité que j'avais rarement vue. « Orane... je voulais juste... » Il chercha ses mots, visiblement déstabilisé. Avant qu'il ne puisse terminer sa phrase, je le tirai doucement vers moi, nos visages se rapprochant dangereusement.
« Chut, » murmurai-je, posant un doigt sur ses lèvres. « Nous savons tous les deux ce que c'est. »
Et sans attendre une seconde de plus, je l'embrassai. Ce baiser, à l'abri des regards directs mais suffisamment visible pour éveiller les soupçons, était à la fois une affirmation et un défi. C'était une décharge électrique de toutes les émotions accumulées, une revendication silencieuse dans cette guerre de regards et de non-dits.
Nous nous séparâmes rapidement, mais le choc de l'instant était palpable. Jordan se redressa, un léger sourire satisfait aux lèvres. Nolwenn, qui avait tout observé de loin, affichait un visage fermé, sa jalousie désormais évidente à quiconque aurait prêté attention. Marine, un peu plus loin, fixait la scène avec une intensité glaciale.
Gabriel, qui avait tout vu de loin, se rapprocha avec un sourire entendu. « Je crois qu'il est temps de partir. Certains secrets sont mieux gardés... un peu plus discrets. »
Je hochai la tête, encore secouée par l'audace de notre geste. Jordan nous fit un dernier signe avant de rejoindre Nolwenn, qui l'attendait, visiblement furieuse. Je montai dans la voiture, Gabriel à mes côtés, et nous quittâmes les lieux.
En m'installant dans mon siège, je ne pouvais m'empêcher de sourire. Nous avions peut-être joué un jeu dangereux, mais le plaisir de cette petite rébellion valait bien le risque. Gabriel me lança un regard complice, sachant que ce baiser ne marquait pas la fin de cette histoire compliquée, mais plutôt un nouveau chapitre.
La tension entre nous, Jordan et moi, n'était plus un secret. Elle était désormais une réalité palpable, un élément de plus dans ce jeu complexe de pouvoir et de désir. Tandis que la voiture s'éloignait, je savais que nous étions loin d'en avoir terminé avec Marine, Nolwenn et les rumeurs qui nous entouraient. Mais pour l'instant, je savourais cette petite victoire, ce moment volé dans la tourmente de nos vies publiques.
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Passions et Politique
General FictionOrane Hoarau, une jeune femme pleine de passion et de détermination, se lance dans le monde complexe et tumultueux de la politique française. Aux côtés de Gabriel Attal, talentueux stratège du gouvernement, elle commence à apprendre les ficelles du...