Priorité au direct

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POV Jordan :

Assis autour de la table de réunion, je tentais de me concentrer sur les discussions en cours, mais mon esprit n'arrêtait pas de vagabonder. Les chiffres, les stratégies, tout me semblait flou et lointain. Mon regard se posait fréquemment sur l'écran de télévision accroché au mur, où les chaînes d'information diffusaient en boucle les nouvelles du jour. C'était une habitude, une simple toile de fond qui rythmait nos réunions interminables. 

Soudain, le flux de nouvelles changea brusquement. L'image se stabilisa sur une présentatrice à l'air grave, et la bande d'informations défilante en bas de l'écran attira l'attention de tout le monde. Un silence intrigué s'installa dans la salle. Un des collaborateurs, toujours prompt à réagir, augmenta le volume. L'attention de la pièce fut immédiatement captée par l'annonce en direct.

"Nous interrompons notre programme pour une information de dernière minute," déclara la journaliste avec une intensité qui me fit redresser sur ma chaise. "Nous venons d'apprendre qu'un accident grave s'est produit sur la D15, à la sortie de la ville. Un véhicule a été retrouvé accidenté, et d'après les premières informations non confirmées, il semblerait qu'il appartienne à Orane Hoarau, une figure politique bien connue."

Mon cœur fit un bond douloureux dans ma poitrine. Orane. Les mots résonnaient dans ma tête comme un écho vide de sens. C'était impossible, pas elle. Pas maintenant. Tout mon être refusait de croire à cette réalité. Autour de moi, les murmures de mes collègues s'élevaient, choqués, mais je ne les entendais plus. Mon attention était entièrement rivée sur l'écran, sur les mots que la journaliste prononçait, chaque phrase me plongeant un peu plus dans l'angoisse.

"Selon nos sources, la voiture a quitté la route pour une raison encore inconnue et a terminé sa course renversée. Les services d'urgence sont actuellement sur place, mais il n'y a pas encore de confirmation officielle sur l'état de la victime. Nous savons cependant qu'aucun autre véhicule ne semble être impliqué."

Les images de la scène de l'accident défilèrent, montrant la carcasse tordue de la voiture, les gyrophares des ambulances et des véhicules de police illuminant la nuit tombante. Le spectacle me saisit d'effroi. Une douleur sourde monta en moi, un poids immense qui écrasait ma poitrine. Mon esprit était en ébullition, cherchant désespérément une explication rationnelle. Était-elle blessée ? Était-elle consciente ? Comment cela avait-il pu arriver ?

"Un témoin, un automobiliste qui passait par là, a découvert la scène et alerté les secours," poursuivait la journaliste. "Nous attendons des informations supplémentaires sur l'état de la victime, mais pour le moment, aucune déclaration officielle n'a été faite."

Les murmures dans la salle s'intensifièrent. Les regards se tournaient vers moi, certains pleins d'inquiétude, d'autres de curiosité mal placée. Je sentais leur poids, mais je ne pouvais pas détourner les yeux de l'écran. La réalité de la situation me frappait de plein fouet, et une vague de panique monta en moi. Orane... Il fallait que je fasse quelque chose, que je sache ce qui se passait vraiment.

Je me levai brusquement, le cœur battant à tout rompre. "Excusez-moi," murmurai-je d'une voix étranglée, avant de quitter précipitamment la salle. Mes pas résonnaient dans le couloir désert, mes pensées un tourbillon de peur et d'incertitude. Où pouvait-elle être ? Dans quel état ? J'avais besoin de savoir, besoin de la voir, de la protéger.

Mon téléphone était resté sur la table de réunion. Je fis demi-tour, mes mains tremblantes le récupérèrent, et je tentai frénétiquement de la joindre. Chaque sonnerie qui retentissait sans réponse amplifiait mon angoisse. La sensation d'impuissance m'envahissait, me submergeait. Pourquoi Orane ? Pourquoi maintenant ? 

Les secondes s'étiraient, interminables. L'angoisse montait en moi, me rendant presque nauséeux. Tout ce que je voulais, c'était entendre sa voix, savoir qu'elle allait bien. Mais le silence de l'autre côté de la ligne était assourdissant. Mon regard se perdit sur l'écran de mon téléphone, incapable de se détacher de cette image d'Orane en danger, blessée, seule. Les mots de la journaliste résonnaient encore dans ma tête, froids et impitoyables. 

Je pris une profonde inspiration, tentant de me calmer, de trouver une solution. Mais rien ne venait. Tout ce que je pouvais faire, c'était attendre, espérer et prier pour qu'Orane soit saine et sauve.

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