partir de son plein gré

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POV Jordan :

La journée avait été longue, épuisante même. Les réunions s’étaient enchaînées sans fin, et malgré les sourires et les accolades, je n’avais cessé de penser à Orane. Sa détermination lors de la conférence de presse m’avait impressionné, mais je savais qu’elle avait été sous une immense pression. Ce soir, tout ce que je voulais, c’était la retrouver, la serrer contre moi et lui faire comprendre que, quoi qu’il arrive, je serais là pour elle.

En arrivant chez moi, je remarquai d’emblée que la maison était étrangement silencieuse. Orane devait être là, mais il n’y avait aucun signe de sa présence. Peut-être était-elle simplement sortie se promener pour décompresser, ou se reposer dans une pièce à l’étage. Je déposai mes affaires sur la table et me dirigeai vers la cuisine, espérant y trouver un verre de vin et un peu de calme après cette journée.

Mais quelque chose n’allait pas. Un sentiment diffus de malaise commençait à s’infiltrer en moi. J’appelai son nom, sans réponse. Une légère inquiétude s’éveilla, mais je me dis qu’elle devait simplement être dans une autre pièce. Peut-être dans la salle de bain, prenant une douche pour se détendre.

Je montai les escaliers, mon cœur battant un peu plus vite à chaque pas. En arrivant dans la chambre, je constatai que le lit était défait, comme si quelqu’un s’était allongé puis s’était levé précipitamment. Un petit détail qui n’aurait pas dû m’inquiéter, mais qui, dans ce contexte, faisait naître en moi une angoisse irrationnelle.

C’est alors que je la vis. Sur la table de chevet, une enveloppe, posée là, bien en évidence. Mon nom était inscrit dessus, d’une écriture que je connaissais bien : celle d’Orane. Le malaise se transforma en une peur sourde. Pourquoi m’aurait-elle laissé une lettre ?

Je pris l’enveloppe entre mes mains, l’ouvrant avec des doigts soudainement engourdis. La lettre qu’elle contenait était écrite de sa main, mais les mots qui s’y trouvaient me glaçaient le sang :

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Jordan,

Je n’ai pas eu la force de te dire cela en face. Ces derniers jours ont été insupportables, et malgré tout ton soutien, je me rends compte que je ne peux plus continuer ainsi. Je suis épuisée, moralement et physiquement. J’ai besoin de m’éloigner, de tout quitter pour retrouver un semblant de paix.

Ne me cherche pas, je t’en prie. Je pars de mon plein gré. Il est temps pour moi de reprendre le contrôle de ma vie, loin de tout ce qui me rattachait ici. Je sais que tu comprendras, toi mieux que personne.

Je te demande de respecter ma décision et de me laisser partir. C’est ce qu’il y a de mieux pour nous deux. Ne t’inquiète pas pour moi. J’espère que tu trouveras le bonheur que tu mérites.

Orane.”

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Chaque mot, chaque phrase était une lame enfoncée dans mon cœur. Rien de tout cela ne ressemblait à Orane. Cette lettre n’était pas celle d’une femme prête à fuir, c’était un message dicté, un adieu forcé. Je pouvais presque sentir la peur dans chaque ligne, même si elle essayait de la masquer derrière des mots de détachement.

Je refusai de croire que c’était vrai. Je refusai de croire qu’elle était partie volontairement. Mon instinct me hurlait que quelque chose n’allait pas, que cette lettre n’était qu’un écran de fumée pour dissimuler une vérité bien plus sinistre.

Je parcourus la maison de fond en comble, appelant son nom, cherchant le moindre signe de sa présence. Chaque pièce visitée, chaque recoin fouillé sans résultat faisait grandir l’angoisse en moi. Je ne trouvai aucun indice, aucun signe de lutte, rien qui puisse expliquer ce qui s’était passé. C’était comme si elle s’était volatilisée, disparue dans l’air sans laisser de trace.

Mais cette lettre, elle ne pouvait pas être réelle. Pas avec ce que je savais. Pas avec les menaces. Je me souvenais de son expression lors de la conférence, de cette panique qu’elle avait maîtrisée avec une telle force. Non, elle ne serait pas partie ainsi. Pas sans m’en parler. Pas sans essayer de se battre.

Ma décision fut prise en une fraction de seconde. Je devais faire quelque chose, et vite. Même si Orane avait explicitement demandé de ne pas être cherchée, je savais qu’elle n’avait pas écrit cela de son propre chef. Je me rendis immédiatement au commissariat le plus proche.

Là-bas, l’attente me parut interminable. Chaque minute était une torture. Lorsque ce fut mon tour, je me dirigeai vers l’officier de service, une tension palpable dans tout mon corps. « J’ai besoin de signaler une disparition, » dis-je, la voix rauque.

L’officier me regarda avec une curiosité mêlée de suspicion. « Qui a disparu ? »

« Orane Hoarau. C’est une personne très proche de moi. Elle a laissé une lettre disant qu’elle partait de son plein gré, mais je suis convaincu que ce n’est pas le cas. »

L’officier sembla hésiter. « Vous avez des preuves d’un acte criminel ? »

Je regrettai de ne pas avoir pris son téléphone avec moi, les messages menaçants auraient pu servir de preuve. « Pas ici, mais je sais qu’elle était sous pression, elle recevait des menaces… Je ne peux pas prouver ça tout de suite, mais je vous assure qu’elle est en danger. »

L’officier prit des notes, mais son expression restait sceptique. « Monsieur, les disparitions volontaires d’adultes ne sont pas considérées comme des crimes. Sans preuve de contrainte ou de menace immédiate, nous ne pouvons pas ouvrir une enquête active. »

La frustration bouillonnait en moi, mais je me retins de m’énerver. « Je vous en prie, au moins prenez cette lettre, lisez-la. Elle n’écrit pas comme ça. Elle ne partirait pas comme ça. »

Il prit la lettre, la parcourut rapidement. « Nous noterons la disparition, mais sans plus d’informations ou de preuves, il sera difficile d’aller plus loin. »

Je sortis du commissariat, une colère impuissante me rongeant. Ils n’allaient rien faire, pas tant que je n’apporterais pas quelque chose de concret. Mais je ne pouvais pas attendre, je devais agir par moi-même. Orane était en danger, et je savais que chaque minute comptait.

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