Vidéo

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POV Jordan :

Cela faisait plus d'un an depuis qu'Orane avait disparu. Plus de douze mois d'angoisse, d'espoirs déçus, et de nuits interminables à me demander où elle pouvait être, si elle était encore en vie. Un an à me battre contre le désespoir, à refuser d’abandonner, à repousser l’idée qu’elle ne reviendrait jamais. Mais l’espoir s’était étiolé, s’effritant peu à peu jusqu’à devenir presque imperceptible, laissant place à un vide glacial et oppressant. Les agents, après avoir fouillé toutes les pistes possibles, avaient fini par réduire leurs efforts. Pour eux, l’enquête touchait à sa fin. Quant à moi, je n'étais plus que l'ombre de l'homme que j'avais été, hanté par la peur de découvrir une vérité que je ne pouvais affronter.

Et puis, il y eut cette vidéo.

Un message anonyme, sans aucune explication, apparut soudainement sur mon téléphone. Mes mains tremblaient alors que j’ouvrais le fichier. La vidéo était de mauvaise qualité, mais ce que j’y vis me glaça le sang. Orane, celle que j'avais tant cherché, apparaissait à l'écran, mais pas du tout comme je l'avais imaginé.

Elle était allongée sur un lit, ses cheveux en désordre, son visage à moitié dissimulé dans l’ombre. À ses côtés se tenait un homme, son visage indistinct, presque flou, comme s’il avait été volontairement caché. Leurs corps se touchaient, et le mouvement lent de ces gestes était chargé d'une intimité que je ne pouvais supporter de voir. Mon cœur s'arrêta net lorsque je réalisai qu'Orane ne le repoussait pas. Au contraire, elle semblait passive, comme si elle acceptait ce qui se passait.

L’homme se pencha au-dessus d'elle, ses mains explorant son corps avec une lenteur calculée, presque tendre. Ses gestes étaient mesurés, comme s’il savait exactement ce qu’il faisait. Et Orane… elle ne réagissait pas, elle ne faisait rien pour l'arrêter. Mes yeux scrutèrent l'écran, cherchant un signe de résistance, une étincelle de révolte. Mais il n’y avait rien. Juste ce mouvement lent, presque chorégraphié, comme si elle faisait partie de cette étrange danse.

Mon estomac se noua alors que je voyais ses mains caresser cet homme, ses lèvres bouger doucement, murmurant des mots que je ne pouvais entendre clairement, mais que je devinais. C'était une scène de passion, de complicité... et cela me déchira. Tout en moi hurlait que ce n'était pas possible, que ce n'était pas Orane, pas la femme que j'aimais. Mais comment pouvais-je ignorer ce que je voyais de mes propres yeux ?

Chaque seconde de cette vidéo était une torture, chaque sourire, chaque geste m’enfonçait un peu plus dans un abîme de doute. Je sentais mon esprit vaciller sous le poids de cette révélation inattendue. Orane, ma Orane, ne semblait pas lutter, ne semblait pas chercher à échapper à cet homme. Pire encore, elle paraissait presque consentante. La vidéo se termina abruptement, me laissant seul avec mes peurs, mes doutes, et une douleur que je n'avais jamais ressentie auparavant.

Je voulais croire qu'elle était manipulée, qu’il s’agissait d’un montage habilement orchestré pour me briser, mais rien dans cette vidéo ne trahissait une quelconque falsification. Tout semblait trop réel, trop cruel. Comment pouvais-je continuer à chercher quelqu’un qui, peut-être, ne voulait pas être retrouvée ? Quelqu’un qui, peut-être, avait choisi une autre vie, loin de moi ?

Les questions tournaient en boucle dans ma tête, se mélangeant à une douleur sourde qui pulsait à l'intérieur de moi. Et si je m'étais trompé sur elle depuis le début ? Et si elle avait volontairement choisi de rester avec cet homme ? Les mois passés à la chercher n'avaient-ils été qu'une illusion, un mensonge que je m'étais raconté pour éviter d'affronter la vérité ?

Pour la première fois depuis sa disparition, une distance, glaciale et insurmontable, se creusa entre nous. Une distance que je ne savais pas comment combler. Le doute avait pris racine, un doute implacable, qui grandissait, menaçant de tout détruire sur son passage. Ce doute était en train de me dévorer, de transformer tout ce que j'avais cru savoir sur Orane et sur notre relation.

Je pris mon téléphone, prêt à appeler les agents, prêt à leur montrer cette vidéo pour qu'ils l’analysent, qu'ils me disent ce qu’ils en pensaient. Mais je me figeai. Que pouvaient-ils faire de plus ? Que pouvais-je faire de plus ? Si cette vidéo était authentique, alors peut-être qu'il était temps d'accepter que certaines vérités étaient mieux ignorées, et que certaines blessures ne pouvaient jamais guérir. Peut-être qu'il était temps de renoncer. Renoncer à Orane, à ce que nous étions, à ce que nous aurions pu être.

Je n'étais pas prêt à affronter la vérité. Pas encore. Peut-être que je ne le serai jamais.

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