Piège

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Le poids de l'angoisse devenait insoutenable. Chaque instant de ma vie était envahi par cette ombre inconnue qui me traquait, me surveillait, jouait avec mes peurs les plus profondes. Les photos, les messages, les allusions à des aspects intimes de ma vie... Tout cela formait une spirale infernale, un piège dont je ne voyais pas l'issue. Mes nuits étaient devenues blanches, hantées par les scénarios les plus terrifiants, par l'image de ce prédateur invisible.

Ce jour-là, alors que je quittais le bureau après une énième réunion épuisante, mon téléphone vibra. Un nouveau message, accompagné d'une photo de moi, prise en pleine rue. Le texte, cette fois-ci, était plus direct, plus provocateur : "Je suis plus proche que tu ne le penses. Tu ne peux rien me cacher."

Ce fut la goutte de trop. Mon sang ne fit qu'un tour. Une colère brute, incontrôlable, monta en moi, balayant toute logique et toute prudence. Les sous-entendus étaient clairs : l'expéditeur connaissait des détails sur ma vie que je n'avais jamais partagés. Une rage sourde s'empara de moi, alimentée par l'impuissance et la peur. Je n'avais plus de patience, plus de temps à perdre avec des précautions. Il fallait que ça cesse, maintenant.

Déterminée à obtenir des réponses, je pris la direction du QG du RN. Mon seul objectif : confronter Nolwenn, persuadée qu'elle était à l'origine de tout cela. En arrivant, j'entrai discrètement et me dirigeai vers les bureaux, évitant tout contact inutile. Nolwenn était seule dans un bureau, feuilletant des documents.

Je refermai la porte derrière moi, m'assurant que nous étions bien seules. Nolwenn leva les yeux, surprise de me voir. Avant qu'elle ne puisse dire quoi que ce soit, je m'avançai vers elle, la colère brûlant dans mon regard.

"Nolwenn !" crachai-je, ma voix trahissant la tension qui m'habitait. "Je sais que c'est toi ! Arrête ces menaces, tout de suite ! Cesse de jouer à ce jeu malsain !"

Elle resta figée, les yeux écarquillés. "De quoi tu parles, Orane ?"

Je ne lui laissai pas le temps de répondre ou de se justifier. "Ne fais pas semblant d'être surprise !" dis-je, ma voix montant d'un cran. "Tu penses vraiment que ces menaces vont te donner un avantage ? Que ça va changer quelque chose entre Jordan et moi ?"

Nolwenn ouvrit la bouche pour parler, mais je la coupai, continuant à déverser ma colère. "Tu crois que je ne vois pas ton petit jeu ? Tu es pathétique ! Si tu penses que tu peux me briser, tu te trompes !"

Elle tenta de se défendre, mais je ne l'entendais plus. Ma rage avait pris le dessus, et je sentais les larmes monter, brouillant ma vision. "Tu ne fais qu'empirer les choses, Nolwenn. Ce harcèlement, ces menaces... C'est insupportable !"

Les mots restèrent en suspens, et le silence qui suivit fut assourdissant. Les émotions qui se battaient en moi : la peur, la colère, le désespoir, me laissaient épuisée, vidée de toute énergie. Nolwenn me regardait, bouche bée, visiblement secouée par mon éclat.

Sentant que je perdais le contrôle, je me tournai brusquement et quittai la pièce, claquant la porte derrière moi. Je descendis les escaliers en courant, la respiration haletante, les larmes brûlant mes joues. En sortant, je ne vis pas Jordan qui se tenait non loin, alerté par les éclats de voix. Il me regarda passer, confus, mais je ne remarquai même pas sa présence.

Une fois dehors, l'air frais de la rue me frappa, me ramenant à la réalité. Mon téléphone vibra de nouveau. Je le sortis de ma poche, les mains tremblantes. Un autre message, encore plus dérangeant : "Quel spectacle ! Tu es magnifique quand tu t'emportes. Continue, je me régale. Bientôt, tout le monde connaîtra la vraie Orane."

Ces mots m'écœurèrent. L'expéditeur, ce malade, savait tout. Il avait observé la scène, quelque part, caché. Était-il ici ? Avait-il des complices ? Chaque question ajoutait une couche supplémentaire à ma terreur. Mon harceleur se jouait de moi, tirant les ficelles de ma vie comme un marionnettiste.

Les jambes flageolantes, je m'appuyai contre un mur, essayant de contenir les sanglots qui menaçaient de m'échapper. Le désespoir m'envahissait, m'étouffait. J'étais prise dans un cauchemar sans fin, à la merci d'un fou qui prenait plaisir à me tourmenter. Plus que jamais, je me sentais vulnérable, exposée, et terriblement seule.

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