POV Jordan :
Le jour tant redouté était enfin arrivé. Le tribunal débordait d’une énergie tendue, presque palpable. Les bancs étaient remplis, chaque murmure résonnant comme un écho d'inquiétude et d'attente. Je serrais la main d'Orane, sentant la légère pression de ses doigts sur les miens. Cette simple connexion physique était notre manière silencieuse de nous soutenir mutuellement, une ancre face à la tempête que nous nous apprêtions à affronter. Orane avait l’air calme en surface, mais je sentais le poids de l’épreuve peser sur ses épaules. Ce n'était pas seulement un procès, c'était le rappel vivant de trois années volées, trois années où elle avait été emprisonnée dans une réalité cauchemardesque.
Orane portait une robe noire, sobre mais élégante, qui contrastait magnifiquement avec sa peau. Le tissu mettait en valeur sa silhouette tout en gardant une certaine discrétion, comme si elle cherchait à se fondre dans la masse sans jamais pouvoir vraiment s'effacer. Ses cheveux frisés, coupés en un carré court, étaient attachés en un chignon soigné qui dégageait son visage. Ce choix révélait la détermination dans ses yeux, mais aussi une vulnérabilité qui me serrait le cœur. Elle avait assorti sa tenue d’escarpins noirs simples, qui la faisaient paraître plus grande, plus forte, presque intouchable. Pourtant, je savais qu’en dessous de cette apparence maîtrisée, chaque pas était une lutte.
Quant à moi, j’avais enfilé un costume gris anthracite, une chemise blanche impeccablement repassée, et une cravate sombre qui traduisait une sobriété de circonstance. Mon apparence était calculée, une armure qui reflétait mon intention de rester stoïque et inébranlable. J’étais là pour Orane, et je devais me montrer digne de ce rôle. Nous avancions ensemble, mais aujourd’hui, c’était son combat.
En entrant dans la salle d’audience, les murmures s’estompèrent presque instantanément. Tous les regards se tournèrent vers Orane. Elle marcha d’un pas assuré vers la barre des témoins, son avocat, Maître Fabre, à ses côtés. Je m’assis dans les rangs réservés aux proches, le cœur battant à un rythme irrégulier. Chaque seconde semblait s'étirer, et mes yeux ne quittaient pas Orane. Je pouvais presque sentir sa nervosité, mais elle tenait bon. C’était comme si elle avait rassemblé toutes les bribes de courage qu’il lui restait pour affronter cet instant.
Le juge, un homme imposant à la voix grave, fit un signe de tête à Orane pour lui indiquer qu’elle pouvait commencer. « Mademoiselle Hoarau, vous pouvez maintenant raconter ce que vous avez vécu. Prenez votre temps. » Sa voix se voulait douce, mais l'autorité qui s'en dégageait rappelait que ce moment n’était pas seulement une libération, mais aussi un fardeau.
Orane prit une profonde inspiration, ses épaules se soulevant brièvement avant de retomber. Son regard glissa un instant vers moi, comme pour puiser un peu de réconfort, puis elle se lança. Sa voix, ferme mais teintée d’émotion, résonnait avec une force inattendue. Elle décrivit les menaces incessantes qui avaient commencé à rythmer sa vie, cette escalade insidieuse qui l’avait conduite jusqu’à cette villa isolée sur une île idyllique, où chaque journée était une lutte silencieuse pour survivre.
Elle évoqua les premières semaines de captivité, marquées par la confusion et l'espoir naïf d'une libération rapide, qui s’était vite transformé en un cauchemar sans fin. Les détails étaient précis, mais Orane ne cherchait pas à dramatiser. Elle parlait des privations, des silences interminables, et du vide immense qui l’entourait. Chaque mot semblait arracher un peu de son âme, mais elle ne flanchait pas. J’étais pris entre l'admiration pour sa force et la rage sourde contre celui qui l’avait brisée.
Lorsqu’elle aborda le moment de sa libération, l’émotion fut plus palpable. Elle décrivit l’arrivée des soldats, l’éclat des uniformes dans la lumière, la confusion totale de cet instant où la réalité semblait se déchirer. Elle s’interrompit, cherchant ses mots pour décrire ce qu’elle-même ne comprenait pas encore totalement. Nous avions récemment appris, grâce aux investigations minutieuses de Maître Fabre, que sa localisation avait été découverte par un heureux hasard, qui avait attiré l’attention des militaires surveillant la région pour une toute autre mission. Cette découverte fortuite avait permis l’opération qui la libéra enfin. Elle n'avait jamais su comment ils l'avaient retrouvée, et découvrir ce détail semblait à la fois la soulager et raviver la douleur de tout ce qu'elle avait subi sans réponse.
Orane termina son témoignage, et un silence lourd s’abattit sur la salle d’audience. Le juge prit un moment avant de prononcer ses mots, ajournant la séance pour la journée. Nous étions à peine à la moitié de l’épreuve, mais il était clair que chaque minute de ce procès serait une lutte. Je me levai pour rejoindre Orane, qui sortait de la salle avec une démarche lente, épuisée par l’effort mental et émotionnel que cela avait exigé.
En quittant le tribunal, je sentais le regard d’Orane glisser vers moi, cherchant un soutien silencieux que je m’efforçais de lui offrir. Elle se battait avec une dignité qui me rappelait pourquoi je l’aimais, et je savais que quoi qu’il arrive, je resterais à ses côtés. Ce procès n'était pas seulement une quête de justice, c'était aussi notre chemin vers une paix intérieure que nous espérions encore pouvoir atteindre, ensemble.
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Passions et Politique
General FictionOrane Hoarau, une jeune femme pleine de passion et de détermination, se lance dans le monde complexe et tumultueux de la politique française. Aux côtés de Gabriel Attal, talentueux stratège du gouvernement, elle commence à apprendre les ficelles du...