Lettre

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POV Jordan :

Je n'avais rien trouvé d'anormal à la maison. Tout était exactement à sa place, comme si elle avait simplement décidé de partir, de quitter ce lieu où nous avions partagé tant de moments, en laissant cette lettre soigneusement écrite. Mais quelque chose me troublait profondément : son téléphone n'était nulle part. Orane ne se séparait jamais de son téléphone. Même dans les moments les plus intimes, il était toujours à portée de main, un prolongement d'elle-même. L'idée qu'elle l'ait emporté avec elle donnait à cette lettre une apparence de vérité, une crédibilité qui me perturbait au plus haut point. Pourtant, je refusais d'y croire.

Je relisais la lettre encore et encore, cherchant désespérément un signe, un indice, quelque chose qui me dirait que ce n'était pas vraiment elle qui l'avait écrite. Chaque mot, chaque phrase était imprégné d'une finalité qui me semblait fausse, forcée. Orane n'aurait jamais agi ainsi, surtout pas sans m'en parler. Nous avions traversé tant de choses ensemble, des épreuves bien plus dures que celle-ci. Nous nous serions assis, nous aurions discuté, pesé le pour et le contre, même si cela avait été difficile. Elle ne m'aurait jamais laissé avec une simple lettre, froide et impersonnelle.

Je pris mon téléphone et composai son numéro, espérant contre toute logique qu'elle décrocherait. Chaque sonnerie qui résonnait dans le vide était comme un coup de poignard dans ma poitrine. Et chaque appel sans réponse me plongeait un peu plus dans l'angoisse, dans ce sentiment d'impuissance qui grandissait en moi. Je lui laissai des messages, lui demandant de m'appeler, de me dire où elle était, espérant qu'elle m'enverrait au moins un texto pour me rassurer. Mais rien ne venait. Le silence, froid et oppressant, était la seule réponse que je recevais.

L'inquiétude me rongeait. Je ne pouvais pas rester sans rien faire. Il me fallait comprendre, savoir où elle était et ce qui avait pu la pousser à agir ainsi. Je décidai d'informer Gabriel. Peut-être que lui, avec son recul, pourrait m'aider à voir les choses plus clairement. Il était tout aussi surpris que moi par cette soudaine disparition, cette envie d'Orane de s'éloigner. Lui non plus ne comprenait pas. Elle était heureuse de reprendre son travail, heureuse de revenir sur le devant de la scène. Tout cela n'avait aucun sens.

C'est alors que, n'ayant d'autre piste, je me dirigeai vers son bureau. L'idée de fouiller dans ses affaires, de me plonger dans son intimité sans elle, me rendait malade. Mais je n'avais pas le choix. Je devais savoir. En entrant dans la pièce, une vague d'émotion m'envahit. Son parfum flottait encore dans l'air, doux et familier, un rappel cruel de son absence. Je m'assis à son bureau, et commençai à ouvrir les tiroirs, scrutant chaque recoin à la recherche d'un indice.

Mes doigts tombèrent sur une photo de nous deux. Un moment volé, capturé dans un éclat de rire, où nous étions tous les deux si heureux, insouciants. Orane me regardait avec amour sur cette photo, et je sentis une boule se former dans ma gorge. Comment une femme capable d'un tel amour pouvait-elle me quitter ainsi, sans un mot, sans une explication ? Je reposai la photo avec soin, et c'est là que je la vis. Une enveloppe, presque dissimulée sous une pile de documents, comme si elle avait été intentionnellement cachée.

Mon cœur se serra en l'ouvrant, l'espoir et la crainte se mêlant en moi. Mais ce que je découvris à l'intérieur dépassa tout ce que j'avais imaginé. Ce n'était pas une simple lettre, mais une menace, écrite de manière crue et directe. L'une des premières qu'Orane avait sûrement reçues, bien avant les messages sur son téléphone. Une vague de colère et de culpabilité m'envahit. Comment avais-je pu ne pas voir ça ? Pourquoi ne m'avait-elle pas parlé de ces lettres, de ce harcèlement ? Tout prenait une nouvelle dimension. Orane avait été sous pression bien plus longtemps que je ne l'avais soupçonné, et elle avait dû tout gérer seule, en silence.

Je me précipitai vers Gabriel, la lettre en main. Lui aussi fut déconcerté par cette découverte, son visage se durcissant à mesure qu'il lisait. "Ça change tout," dit-il en examinant la lettre avec gravité. Les officiers de Matignon furent rapidement mis au courant, et l'affaire prit une toute nouvelle tournure. Ce n'était plus une simple disparition volontaire, mais bien une affaire d'enlèvement, de manipulation, de menaces concrètes. Orane était en danger, et chaque seconde comptait désormais.

Assis seul dans le bureau d’Orane, une rage froide montait en moi. Comment avais-je pu être aussi aveugle ? Pourquoi n'avais-je pas insisté pour qu'elle me dise tout dès le début ? L'idée qu'elle ait pu souffrir en silence, par peur ou par protection, me rendait fou. Mais je savais une chose : je devais la retrouver, coûte que coûte. Il n'était plus seulement question de retrouver la femme que j'aime, il s'agissait aussi de sauver sa vie

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