La nuit était tombée, enveloppant la ville dans un calme trompeur, tandis que l'agitation de mes pensées s'intensifiait. Les résultats du premier tour des élections me hantaient, un échec cuisant qui se superposait à des émotions encore plus troublantes. Jordan et moi avions partagé bien plus que des ambitions politiques, le baiser inattendu entre lui et Nolwenn avait été la goutte d'eau de trop, un acte public qui m'avait bouleversée plus que je n'aurais voulu l'admettre.
Alors que j'essayais de me concentrer sur le travail à mon bureau, Jordan fit irruption dans la pièce. Son expression inquiète et déterminée ne faisait qu'exacerber ma propre confusion. Il referma la porte derrière lui, et un silence lourd s'installa, chargé d'attente et de non-dits.
"Orane, il faut qu'on parle," dit-il, sa voix douce trahissant une tension palpable.
Je me levai lentement de ma chaise, croisant les bras dans une tentative de me protéger de ce qui allait suivre. "Oui, parlons," répondis-je, le ton acide. "De ton petit show avec Nolwenn, peut-être ?"
Il soupira, cherchant ses mots. "Je ne savais pas qu'elle allait faire ça. C'était un coup monté de sa part."
La colère monta en moi, accompagnée d'une vague de tristesse que je luttais pour contenir. "Vraiment ? Et pourtant, tu n'as rien fait pour écourter ce baiser. Tu es resté là, comme si tout était normal, comme si c'était... naturel."
Jordan s'approcha, ses yeux cherchant les miens. "Je ne pouvais pas la repousser, pas devant les caméras. Ça aurait été un désastre médiatique."
Mon cœur se serra. "Un désastre médiatique ? Et moi, Jordan ? Tu n'as même pas pensé à moi. À quel point ça me ferait mal de voir ça ?" Ma voix trembla, révélant la vulnérabilité que j'avais tant essayé de cacher. "C'était tellement facile pour toi de rester là, de faire comme si de rien n'était. Trop facile."
Il tenta de poser une main rassurante sur mon bras, mais je reculai, refusant tout contact. "Orane, je te jure, ça ne voulait rien dire. Ce baiser, c'était... un coup stratégique de sa part."
Je secouai la tête, les larmes menaçant de couler. "Je sais que c'est la politique, je sais que tout n'est pas noir ou blanc. Mais ça m'a paru trop naturel, comme si vous étiez encore... proches. Comme si il y avait quelque chose de plus."
Jordan se passa une main dans les cheveux, visiblement frustré. "Nolwenn et moi, c'est du passé. Je n'ai pas de sentiments pour elle, pas comme ça. Je ne voulais pas que tu te sentes blessée."
Une colère sourde bouillonnait en moi, nourrie par l'accumulation de la déception électorale et des tensions personnelles. "Et pourtant, je le suis. C'était un rappel cruel de ce que je ne peux pas avoir, un rappel que notre situation est toujours précaire. Je me sens utilisée, Jordan. Utilisée pour servir des ambitions politiques."
Il fronça les sourcils, son ton se faisant plus ferme. "Ce n'est pas vrai. Je tiens à toi, Orane. Ce baiser n'avait aucune importance."
Mais l'incertitude me rongeait. "Peut-être, mais à quel prix ? Je suis fatiguée de jouer à ce jeu. Les sacrifices, les compromis... Je me demande si tout cela vaut la peine." Les larmes, que j'avais si longtemps retenues, commencèrent à couler, brouillant ma vision. "Je suis épuisée par ces luttes constantes, entre nos carrières et nos émotions."
Jordan semblait désemparé, sa voix se faisant plus douce. "Je ne veux pas que tu te sentes comme ça. Je suis désolé pour tout. On peut trouver un moyen de traverser ça, ensemble."
Je secouai la tête, essayant de chasser le nuage de confusion qui m'envahissait. "Je veux te croire, mais je ne suis pas sûre de pouvoir. Pas après tout ça."
Un silence pesant s'installa, chacun de nous luttant avec ses propres démons. Je voyais la sincérité dans les yeux de Jordan, mais le doute restait. Ce n'était pas seulement une question de politique, mais de confiance et de respect.
Jordan fit un pas en avant, tentant une dernière fois de réduire la distance entre nous. "Orane, je suis là pour toi. Je ne veux pas te perdre à cause de tout ça."
Je le regardai, les larmes coulant librement maintenant. "Je ne sais pas si je peux continuer, Jordan. Pas comme ça. Entre les pressions de la campagne et ces complications personnelles... C'est trop."
Il resta là, immobile, impuissant. La vérité cruelle était que, malgré ses paroles rassurantes, la réalité de notre situation semblait insurmontable. Je savais que je devais rester, au moins pour le second tour, mais l'incertitude de notre relation me laissait en miettes.
Alors que je m'efforçais de ravaler mes larmes et de retrouver une certaine contenance, une seule pensée persistait : si la politique pouvait détruire ce que nous avions, alors quels sacrifices étions-nous prêts à faire pour atteindre nos objectifs ?
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Passions et Politique
General FictionOrane Hoarau, une jeune femme pleine de passion et de détermination, se lance dans le monde complexe et tumultueux de la politique française. Aux côtés de Gabriel Attal, talentueux stratège du gouvernement, elle commence à apprendre les ficelles du...