bouton de chemise

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POV Jordan :

Le Parlement était une véritable fournaise ce jour-là. La climatisation défaillante semblait amplifiée par la vague de chaleur qui s'abattait sur la ville. Chaque couloir, chaque bureau était envahi par cette chaleur suffocante, rendant les chemises moites et les pensées troubles. En chemin vers mon bureau, je sentais la sueur perler sur ma nuque, mais une autre sensation, plus subtile, commençait à monter en moi.

Alors que je traversais le couloir, mon regard fut attiré par une silhouette familière. Orane, plongée dans ce qui semblait être un combat perdu d'avance contre la technologie, tentait de reconnecter les câbles de son ordinateur. La scène aurait pu paraître banale, mais il y avait quelque chose dans sa maladresse qui me captiva. Peut-être était-ce la chaleur, ou peut-être autre chose, mais je ne pouvais détacher mes yeux d'elle.

Elle était à moitié sous son bureau, sa jupe remontant un peu plus haut que ce qui aurait été convenable. Ses gestes étaient nerveux, précipités, comme si elle essayait de tout faire en même temps, sans y parvenir. Je m'arrêtai, un sourire amusé se dessinant sur mes lèvres. Elle se battait contre des câbles récalcitrants, et je ne pouvais m'empêcher de trouver la scène à la fois comique et étrangement charmante.

Hésitant un instant, je finis par toussoter légèrement pour signaler ma présence. Elle se redressa d'un coup, la tête encore partiellement sous le bureau, avant de finalement se relever complètement, nos regards se croisant brusquement. Son expression, d'abord surprise, se transforma rapidement en gêne.

C'est alors que je remarquai ce qui clochait. Son chemisier, habituellement bien boutonné, était ouvert plus qu'il ne l'aurait dû, dévoilant une partie de sa poitrine de manière inattendue. Mon regard s'attarda une fraction de seconde de trop, et je vis ses joues se teinter d'une légère rougeur. Elle suivit la direction de mon regard, réalisant soudain que l'un de ses boutons avait lâché.

« Merde... », murmura-t-elle, ses mains s'affairant immédiatement à tenter de refermer sa chemise. Mais avec le bouton manquant, elle ne parvint qu'à exacerber son malaise. Elle essayait désespérément de tenir le tissu ensemble d'une main, mais rien ne semblait vouloir coopérer.

Un silence s'installa, lourd et chargé de non-dits. Ce n'était plus seulement la chaleur étouffante qui me faisait transpirer, mais cette proximité imprévue, ce désir latent qui pulsait sous la surface. Sans même y penser, je fis un pas en avant, mon regard plongé dans le sien, mes pensées embrouillées par ce mélange de désir et de retenue.

« Orane, ton bouton... » dis-je, ma voix à peine plus qu'un murmure. Je n'étais pas certain de ce que je devais faire, ni même de ce que je voulais faire. Tout ce que je savais, c'est que cette tension entre nous devenait presque insoutenable.

Elle soupira, son souffle chaud contrastant avec l'air suffocant du bureau. « Je sais... il a lâché », répondit-elle, visiblement frustrée. Elle tenta une nouvelle fois de maintenir sa chemise en place, mais c'était comme essayer de rattraper de l'eau entre ses doigts.

Je restai là, figé entre l'envie de l'aider et la peur de franchir une ligne invisible que nous avions soigneusement évitée jusque-là. Un autre pas, puis un autre, et je me retrouvai juste devant elle, ma main s'élevant presque d'elle-même, prête à ajuster son chemisier. Mais je m'arrêtai à mi-chemin, ma main flottant entre nous comme un aveu silencieux de ce qui était en train de se passer.

Nos visages étaient si proches que je pouvais voir chaque détail de son expression, chaque nuance dans ses yeux. Elle aussi semblait troublée, ses prunelles cherchant quelque chose dans les miennes, une réponse, une permission, je ne savais pas trop. Ce que je savais, c'est que ce moment était chargé d'une intensité qui allait bien au-delà de tout ce que nous avions vécu jusque-là.

Je la vis déglutir, son regard fixant le mien avec une intensité qui me fit presque vaciller. La chaleur de la pièce semblait s'être concentrée entre nous, chaque mouvement, chaque respiration devenant un défi. Je pouvais sentir son souffle, rapide et irrégulier, effleurer ma peau, et l'envie de franchir ce dernier espace entre nous devenait de plus en plus irrésistible.

Je ne bougeai pas, la main toujours suspendue entre nous. Le désir de l'aider, de la toucher, se heurtait à ma conscience, me rappelant que tout geste pourrait changer irrémédiablement notre relation. Mais alors, quelque chose dans son regard changea, une lueur d'audace ou peut-être de résignation. Elle hocha la tête presque imperceptiblement, comme pour m'encourager.

Je baissai doucement la main, laissant la décision lui revenir. Mais même sans ce contact, l'électricité dans l'air était palpable. Je pouvais presque sentir la tension qui crépitait entre nous, cette énergie brute qui menaçait de déborder à chaque instant.

Elle fit un mouvement pour se redresser, mais dans sa précipitation, le tissu glissa un peu plus, révélant davantage de peau. Mon cœur s'accéléra, et avant même que je puisse y réfléchir, ma main se posa doucement sur la sienne. Le contact fut à la fois électrique et apaisant, comme si une partie de moi avait attendu ce moment depuis longtemps. Elle sursauta légèrement, surprise par ce geste, mais elle ne retira pas sa main.

« Jordan... » Sa voix était presque inaudible, un souffle perdu dans la chaleur de la pièce. Elle ne bougeait plus, comme si le temps s'était figé autour de nous.

Je savais que ce n'était pas le moment, que nous n'étions pas prêts pour ce qui pourrait arriver. Mais je n'arrivais pas à détourner les yeux, hypnotisé par la profondeur de son regard. Un simple pas de plus, et nos lèvres se seraient touchées, nos souffles se mêlant déjà dans cet espace réduit.

Le silence entre nous devenait assourdissant, et juste au moment où je pensais que l'inévitable allait se produire, des bruits de pas résonnèrent dans le couloir, brisant l'enchantement. La réalité revint s'imposer à nous avec une brutalité presque cruelle.

Je me redressai rapidement, retirant ma main comme si elle avait été brûlée. Elle fit de même, ajustant précipitamment son chemisier du mieux qu'elle pouvait. Un collègue s'approchait, ses pas résonnant de plus en plus fort. Nous nous écartons l'un de l'autre, comme deux enfants surpris en pleine bêtise.

Je lui lançai un dernier regard, essayant de cacher le tumulte intérieur qui m'assaillait. « Tu pourrais avoir besoin d'un nouveau bouton... », dis-je finalement, avec une voix un peu rauque, à peine audible, essayant de masquer la profondeur de ce que je ressentais.

Elle hocha la tête, les joues encore rosies par l'embarras, mais aussi par quelque chose de plus profond, de plus intense. Alors que je sortais du bureau, je sentis son regard sur moi, et je savais que ce moment, bien que brusquement interrompu, n'était que le début de quelque chose de bien plus profond et complexe. Le désir qui s'était insinué entre nous ne demandait qu'à être exploré, mais le moment n'était pas encore venu.

En m'éloignant, j'étais certain d'une chose : ce désir ne disparaîtrait pas. Il nous pousserait à bout, nous testerait, jusqu'à ce que nous soyons obligés de céder à ce qui semblait inévitable.

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